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Vie de La Brochure
2 septembre 2022

François Desnoyers en avril 1932

Denoyer (1)

Voici un articledu journal de droite La Petite Gironde qui présente Desnoyers avec une référence au journal de droite Le Crapouillot. Peut-être la mention du fait que l'auteur est un journaliste de L'archer, journal de gauche qui cependant n'évoqua le peintre qu'au détour d'une phrase, veut-elle atténuer un effet politique. Toujours est-il le texte et bien rédigé. J-P Damaggio 

La Petite Gironde 4 avril 1932 François Desnoyers

François Desnoyers est né en 1894 à Montauban, ville rouge et rude. Lui est grand, osseux, avec de grandes mains pétrisseuses; son teint rutile et ses cheveux flamboient; au milieu de l’incendie de sa figure, il y a deux yeux bleus; fraîcheur, candeur, tendresse.

Une fois, en passant dans les faubourgs de la ville, il m'a montré une grande prairie verte où, petit garçon carotte et cramoisi, il a, durant toute son enfance, trotté, culbuté, roulé comme la boule rouge sur le tapis du billard. Le voilà prédestiné à la couleur.

Voici sa peinture : Des couleurs qui seraient violentes, des formes qui seraient chaotiques, des valeurs brutales, si tous ces éléments fougueux, ces forces dionysiaques n’étaient au service d’une conscience, n’étaient contrôlés (non pas réprimés) par des scrupules.

Scrupules nombreux, complexes; exigences presque contradictoires, mais qui s’exercent sur un tempérament riche.

Il attaque toutes les difficultés, tenacement, à la fois tourmenté et sûr de ses forces.

Luc Benoist a dit justement de lui, dans le « Crapouillot » ; « La tâche que s’impose M. Desnoyers est effrayante. Il veut tout développer à la fois sur une grande surface : volumes, rythmes, couleurs. Devant son « Eté », son « Coup de Vent », on éprouve l’ivresse contagieuse du peintre... On y sent passer une rafale de lumière. Ce sont des réservoirs de joie. »

Allez le voir, n’importe quand, même la nuit, car il aime mieux peindre que dormir, vous le trouverez au milieu de son atelier jonché de tubes, de pinceaux et de toiles fraîches, comme Jean le Bon au milieu du champ de bataille, les mains grasses de peinture, la figure barbouillée de peinture, les cheveux pailletés de peinture, la robe de chambre maculée de peinture..., un vigneron foulant la vendange.

Avec la brosse, le couteau, avec les doigts, il étale la pâte, l’accumule ou la fait glisser. Ainsi, il peint des toiles robustes, éclatantes, d’une matière large tantôt nacrée, tantôt mate.

Ces rouges, ces verts, ces ors, ces bleus retentissants sont rehaussés de délicatesse par une trame argentée. Cela me fait penser aux cloisons diaphanes et ténues qui courent parmi les grains somptueux de la grenade.

Pèlerin passionné, François Desnoyers est allé voir le Greco à Tolède, Goya à Madrid, le Titien, le Veronèse, le Tintoret à Venise, Mathias Grünewald à Colmar, Ruben à Anvers. Il en a rapporté des copies émouvantes de profondeur, témoignages de la foi avec laquelle il a interrogé les dieux et des magnifiques confidences qu’ils lui ont faites.

Ses œuvres sont nombreuses ; paysages, compositions, portraits, natures mortes. De ses voyages comme de ses séjours dans son atelier, naissent des poèmes colorés, généreux et délicats.

Vues de Florence, de Venise, un grand paysage de Tolède, des processions de Séville et de Valladolid, plusieurs paysages admirables d’Albi, des marchés, des fêtes foraines, — joie, lumière; mouvement. Rentré à Paris, il peint les grandes compositions : Le « Coup de Vent», la « Kermesse », les « Petites Filles »,     l’« Eté », le « Manège », «la Corrida », le « Lido », les « Athlètes », grandes toiles aussi par l’esprit et par le métier, œuvres d’un « peintre ».

Ces toiles sont répandues en France, en Angleterre, en Amérique, aux Pays- Bas, en Espagne. Le Musée de Toulouse possède un beau paysage de lui.

Il s’agit du tempérament peut-être le plus authentique de notre époque. Aussi, qu’on me pardonne ces lignes chargées d’épithètes : l’admiration ne sait s’exprimer autrement.

Marc SAINT - SAENS.

(De «l’Archer».)

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