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Vie de La Brochure
5 novembre 2022

Le camp de Montech en 1940

Dans son livre sur Montech[1], Guy Astoul donne quelques éléments sommaires sur ce camp :

« En vertu de la loi du 27 septembre 1940 a été créé, à Montech, un GTE, un Groupement des Travailleurs Etrangers, comme il en existe d’autres en Tarn-et-Garonne à Septfonds, Réalville, Caussade ou Caylus. Y furent accueillis des réfugiés venus de l’étranger, de Belgique, d’Europe central, de Pologne ou d’Allemagne, notamment des familles juives qui fuient les persécutions nazies, dès 1939. » Il mentionne d’ailleurs un livre de Jean Bonnet, sur les traces de la famille Feintuch (1933-1944). Mais si on lit les témoignages italiens ci-dessous on a de ce camp une autre idée. D’abord il existait avant septembre 1940 et ensuite "l'acceuil" était plutôt sommaire. Il est bien sûr surprenant de lire un journal fasciste horrifié par les camps existants en France et recevant des Italiens !  

1940 1

Mario GIOLDI, Chirurgien-Dentiste de la Faculté de Médecine de Nancy témoigne sur le journal mussolinien Nuova Italia du 28 11 1940 sur son passage dans le camp le 23 juin 1940 :

« 23 JUIN : le capitaine commandant du camp demande aux chefs de groupe de signer une déclaration dans laquelle ils reconnaissent que les prisonniers ont été bien traités, que le camp était aussi confortable que possible et que s'il n'y avait pas d'eau c'était à cause de la sécheresse. Devant notre refus, il nous menace d'une discipline encore plus rigoureuse.

24 JUIN : le capitaine est remplacé par un major. Ce jour-là, sur arrêté du préfet de Montauban, les frères Gualino, propriétaires de la plus grande laiterie de la région, ont été libérés. Cette libération a été accordée parce qu'elle était jugée nécessaire aux intérêts français et certainement pas motivée par la bonté ou le cœur, et elle a été providentielle pour nous. Après le départ des frères Gualino, nous avons reçu au camp, de leur part, du lait, du vin, des fruits et des citernes d'eau potable et le tout gratuitement jusqu'à notre départ de ce camp. Ce jour-là 115 autres compatriotes sont arrivés de la région grenobloise.

27 juin : dans la soirée 250 prisonniers des régions envahies sont libérés avec une feuille de sortie portant la mention suivante : « Le sujet italien X... interné au camp de Montech est libéré en date du 27 juin 1940. Il est autorisé à se rendre à son domicile par ses propres moyens ».

28 JUIN : à 3h du matin réveil et ordre de départ pour un autre camp. Devant notre hésitation à nous lever pour partir à cette heure indue, les gardes mobiles s'adonnent à distribuer des coups de crosse à droite et à gauche et à jeter tout le camp en l'air. Un pauvre vieil homme qui était à côté de moi a été violemment jeté à terre parce qu'il n'était pas assez rapide pour ramasser ses quelques maigres affaires. Encore 7 km à pied et nous arrivons à la gare de Montbartier. Ils nous donnent un peu de pain et des conserves et nous chargent sur des wagons à bestiaux

Mario GIOLDI, Chirurgien-Dentiste de la Faculté de Médecine de Nancy.

 

Témoignage de Séverino Traversino le 5 décembre 1940 sur le même journal :

«Après 10 kilomètres de marche, de Montbartier à Montech, toujours traités d'assassins. Nous avons été soulagés grâce à quelques vivres que nous a fournis la compagnie des frères Gualino de Montauban, eux aussi internés chez nous, mais libérés pour ravitailler les populations. A travers les colonnes de La Nuova Italia, j'adresse des louanges et des remerciements à la générosité de ces compatriotes qui ont distribué gratuitement du pain, du fromage, du lait, du vin et des pêches à tous les détenus pendant plusieurs jours. L'endroit était infecté et trop petit pour autant d'hommes que nous étions et auquel, le 22 juin environ, des Italiens de Grenoble se sont ajoutés. Manque d'eau et d'hygiène et aucune installation de latrines, quelle que soit la pudeur des hommes de tous âges. Nous sommes repartis à l'aube du 28 juin pour arriver, épuisés, le lendemain matin, à Nîmes. Séverino Traversino

 

Il semble que le camp se soit trouvé dans une usine désaffectée (peut-être la papèterie) et en ce mois de juin 1940 il y aurait eu 1000 personnes avec seulement trois robinets d’eau. Le 13 mars 1941 à la mort de Giovanni de Nadai du Gers il est indiqué qui était passé par le camp de Montech. JPD



[1] Histoire de Montech, Guy Astoul, p. 199

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