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Vie de La Brochure
26 novembre 2022

La parole à Alice Zeniter à Montauban

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Le vendredi 25 novembre à partir de 18 h 30 Catherine Pont-Humbert a interrogé Alice Zeniter à Montauban dans le cadre du Festival Lettres d'Automne, et voici mon compte-rendu de l’heure passée avec cette écrivaine que j’avoue n’avoir jamais lue à ce jour.

La première question a porté sur les effets des nombreux prix reçus par Alice Zeniter suivant l’idée « les prix peuvent enfermer dans le succès ». Une question classique sur le risque que la notoriété peut faire porter sur l’esprit créateur. La réponse fut très matérialiste : les prix apportent une aisance financière bien agréable surtout pour le banquier ou les proches qui doutent qu’on puisse vivre de son écriture ; ils apportent la nécessité de parler et parler encore de personnages que l’on veut parfois oublier pour passer à autre chose, mais un expression publique qui permet la diffusion du livre et qui rassure donc…le banquier.

Par ailleurs si malgré son jeune âge (née en 1986) Zeniter est arrivée au point culminant de son art, alors elle peut se consacrer à aider les autres ce qui n’est pas désagréable.

Question alors sur cet art qui, pour Alice, consiste à raconter des histoires.

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A un moment la littérature a en effet tenté d’échapper au récit mais à raconter des histoires l’autrice pense que ça la rend plus intelligente, plus apte à comprendre le monde, phénomène qui peut être aussi valable pour le lecteur, un lecteur qui, avec les histoires, peut suspendre un temps, la réalité.

Cette littérature échappant au récit voulait traquer le langage, ses limites, ses imperfections, ses illusions. Alice Zeniter veut croire au langage. Elle ne crache pas sur les figures de style et ne repousse pas ceux qui travaillent la surface des choses (le langage pour le langage) mais rien ne remplace la joie de créer des personnages. Dans son propos la joie est souvent la référence même s’il s’agit de traiter de souffrances comme dans l’art de perdre.

Alors question sur l’art de perdre et sur l’intime qu’il contient.

Le roman vise à tuer le silence sur le passé de ses parents côté paternel mais cette action a pu la conduire vers la part documentaire du livre. Il n’y a pas eu de transmission dans sa famille or les histroires sur l’Algérie sont souvent celles d’appelés, de pieds-noirs et si peu sur les harkis (mot qu’elle n’a pas prononcé).

L’art de perdre est une odyssée, et dans le voyage entrepris les gens ne sont jamais tout à fait arrivés. Je ne suis pas sûr que cette observation soit seulement valable pour des personnes venues de l’étranger. A titre personnel je ne suis pas sûr, bien que né en France, d’être arrivé au bout du voyage me conduisant en France.

Elle aime la fiction car elle peut mettre ensemble des personnages qui dans la vie ne se parlent pas et sur la feuille de papier c’est moins violent que de dire dans un bar : « Allons parlons de l’Algérie ! »

La fiction a le pouvoir de nous pousser vers le pas de côté.

Question sur la métrique cachée dans le roman, l’octosyllabe.

Comme indiqué auparavant Alice Zeniter ne cherche pas la figure de style, la langue jouant à faire le paon, cependant elle aime travailler la langue pour justement lui donner de la simplicité et elle pense que jouer sur le rythme est son moyen à elle d’écrire.

Une question à présent sur un essai qu’elle a écrit Toute une moitié du monde.

Le mot essai s’explique car il faut mettre tout dans une catégorie, roman, poésie, essai etc. mais Alice Zeniter veut casser les catégories donc ce livre est plutôt hors-cadre.

Ce livre vise à remettre en cause radicalement le self made man. Cet homme là n’existe pas car tous nous sommes le fruit de tant d’autres plus que de soi-même. Je repense là à la phrase clef de Vazquez Montalban : payer ses dettes et enterrer ses morts. Vu son jeune âge elle en est seulement au stade de payer ses dettes vis-à-vis d’anciens comme de contemporains. Elle aime faire en groupe, échanger, partager sans crainte de se faire pirater. Contrairement à ces géants de la littérature qui se présentaient contre d’autres géants et disaient ne rien devoir à personne, elle appartient à « un tissage » (j’ai aimé cette formule comme bien d’autres) réalisé avec d’autres.

Elle aura aussi un moment sur la place des héros dans les romans qui sont en effet plus des héros que des héroïnes. En conséquence dans le Club des Cinq de son enfance elle s’identifiait à une fille mais une fille qui était un garçon manqué, Claudine en fait Claude. Elle fait même observer que sa tête avec sa coiffure la font ressembler à la Claude des couvertures du Club des cinq !

Et pour conclure disons que le roman peut tout faire quand le cinéma est corseté vu les enjeux financiers qui sont derrière. Si bien qu’elle a pu écrire un roman qui ne se finissait pas comme attendu. J-P Damaggio

P.S. la salle était pleine... mais le temps n'a pas permis de lui donner la parole.

P.S. Pour sa première télé en 2002

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