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Vie de La Brochure
17 décembre 2022

Relire Treize reste raide

Treize

Pourquoi relire ? Afin de mesurer la solidité de mon passé dont l’avenir restera fragile ![1]

Donc relire le roman de René Merle, Treize reste raide. Et cette phrase soulignée en rouge :

« C’est pourquoi nous nous tromperions en pensant que le Front est une cause alors qu’il n’est, en premier lieu, qu’un effet.»[2]

En premier lieu en effet… puisque tout effet devient une cause et l’existence du roman est bien un effet de la percée du FN dans le sud-est.

Ceci étant le RN devenu FN continue d’être un effet et il ne sera une cause que le jour où il accèdera au pouvoir.

Un effet de l’incapacité de la dite gauche à jouer son rôle et de la dite droite à jouer le sien.

L’extrême-droite a toujours été en France un produit partiel de la gauche et plus général de la droite.

Ceci étant à relire j’aurais dû retenir cette autre phrase de la fin :

«Quand c’est devenu évident que c’était foutu, vers la fin 1943, mon père [collabo] a pris contact avec les réseaux gaullistes et chrétiens qui s’étaient organisés dans une partie de la bonne bourgeoisie. »

Une phrase qui me renvoie au début de l’intervention de Gilles Alfonsi à Dunes.

Voilà comment René Bousquet et tant d’autres ont commencé à préparer leur défense pour le lendemain de leur défaite.

L’essentiel dans la vie politique consiste à avoir un coup d’avance, ce que Macron a compris dès 2014.

Sauf que ceux qui ne sont qu’un effet, donc à la merci des conneries des autres, ne peuvent pas avoir un coup d’avance. Le FN-RN reste donc balloté par l’histoire jusqu’au moment où il pourra la prendre en main.

Du roman je retiens cependant la question de l’Organisation.

Par un hasard de la vie je retrouve dans le livre la lettre que j’avais envoyée à René Merle à la suite de ma première lecture. C’était à une époque où j’avais un ordinateur qui m’a totalement lâché sans avoir jamais fait la moindre sauvegarde. J’ai tout perdu mais comme j’avais une super imprimante j’avais en lot de consolation quelques pages disponibles que je peux reprendre à présent avec le logiciel OCR. Je peux ainsi la mettre en pièce jointe après correction de quelques coquilles dont je suis si friand.

« Heureusement que l’Organisation me garde sa confiance.» devient la clef de l’histoire.

Je m’arrête aujourd’hui sur ce point car depuis c’est aussi l’Organisation qui hante le dernier roman de Manuel Vazquez Montalban. Pas exactement la même mais globalement la même.

Nous assistons à présent à ce paradoxe : au moment où les Internationalistes de gauche n’arrivent plus à avoir une internationale, l’extrême-droite nationaliste arrive à avoir la sienne ! Or par définition, les nationalistes ont du mal à s’unir sur la scène internationale !

Et cette Internationale de l’extrême-droite, même bancale, est un des effets de l’existence du FN-RN. Le passage du Front au rassemblement n’est pas seulement une opération cosmétique. Au départ le FN a en effet rassemblé des organisations différentes, voire opposées. Depuis il a pu créer une logique commune, la fidélité de son électorat lui ayant permis de se débarrasser régulièrement des dissidents.

Inversement les forces de la gauche radicale se divisent sans cesse jusqu’à aller de scissions en scissions.

Le paradoxe est d’autant plus grand que l’extrême-droite peut portée sur les mérites de la démocratie n’a pas ce ciment unificateur, quand pour la gauche radicale la dite démocratie toujours invoquée, cause sa perte !

Toute la question se résume à ce constat. Ou plutôt, tout ce constat se résume à la question : comment le capitalisme qui se présente comme porteur de la démocratie peut-il survivre à la crise de la dite démocratie ?

J-P Damaggio



[1] Voir el porvenir de mi pasado, Mario Benedetti

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