Les bons vœux du 1er janvier 1940

En ce 1^er janvier la classe politique française se trouve sans repères, sans boussole. Les uns souhaitent une guerre mais seulement défensive. D’autres veulent voler au secours de la Finlande attaquée par l’URSS. Des pacifistes mettent leur avenir entre les mains des pays neutres… l’Espagne et l’Italie ! Quelques-uns pensent à Jaurès et à la paix toujours possibles. D’autres savent depuis 1936 que l’Allemagne va prendre sa revanche sur la France.

En tout cas ni l’Angleterre ni la France qui ont déclaré la guerre à l’Allemagne le 2 septembre 1939 ne veulent la faire ! Je ne sais si c’est à ce moment là qu’un  journaliste en mal de scoop inventa l’expression de «drôle de guerre» pour une guerre qui n’allait pas être drôle du tout ! Ou l’expression est-elle née en juin 1940 !

Ce 1^er janvier était un lundi. Il avait neigé à Paris mais les Courses de chevaux de Vincennes eurent lieu cependant.

Paris-Soir a retenu la grippe-éclair qui frappait l’Angleterre. Des frissons, la tête lourde, les muscles douloureux c’était la grippe éclair. Un mal bénin, mais les médecins étaient sur les dents.

Paris-Midi a tourné ses yeux vers le bon Maurice Chevalier qui incarne la sensibilité, la bonne humeur et il en fallait en ce premier janvier 1940. Reprenant l’optimisme ambiant il voyait un avenir sans soucis, joyeux, fiers et vainqueurs dès septembre prochain.

Excelsior donnait la parole aux voyantes pour qui l’année serait excellente pour l’Italie. La seconde moitié de 1940 sera consacrée à la reconstruction mondiale après la fin de la guerre. De manière plus sérieuse un journaliste révèle que les dirigeants du III Reich savent qu’ils ne peuvent plus vaincre.

Le Matin ne dit pas autre chose avec ce titre choc.

L’Action française publie un long article de Charles Maurras. Comme les autres journaux il s’agit de soutenir la Finlande attaquée par l’URSS. En ce 1^er janvier un nom fait merveille Suomossalmi : les Finlandais viennent de faire subir aux Russes une lourde défaite sans que personne n’imagine que dès le 13 mars 1940 la dite guerre sera gagnée... par les Soviétiques. Angleterre et France avait eu l’intention de voler au secours de la Finlande mais le chemin est long de l’intention à l’action or en temps de guerre…

Mais comment l’Action française peut-elle soutenir un pays qui affronte un allié de l’Allemagne ? Par anti- communisme bien sûr.

PIE XII a lancé un appel en faveur d’une paix juste et durable.

La Dépêche de Toulouse a décidé de titrer sur un drame du jour que les autres journaux ont marginalisé : un terrible tremblement de terre en Turquie. Le vent, la neige, l’inondation ajoutent à l’horreur du cataclysme.

J’ai gardé pour la fin Le Midi socialiste où un homme que j’ai tant connu, un homme extraordinaire, a décidé de prendre la plume. Je l’ai croisé la première fois au cours d’une réunion du PCF à Cazals, Tarn-et-Garonne, en soutien à mon ami le facteur José Martin. Même dans une si petite commune encore en 1982, une réunion électorale pouvait rassembler une vingtaine de personnes. Avec José ils se connaissaient pour cause de liens avec l’Espagne. En quittant le village j’ai demandé à José : c’était qui l’homme sur la gauche ave qui il a été si agréable de débattre ? Jules, me dit-il. Pour tout le monde c’était Jules, l’ancien député communiste de Paris et je vais lui donner la parole dans l’article suivant.

Juste pour finir ce dessin humoristique de L’œuvre car le temps de la censure avait commencé et le dessin remplaçait la case blanche. Il manquait déjà pas de mal de journaux à présent interdits en commençant par L'Humanité.

J-P Damaggio