Castelsarrasin et Pasolini

Il y a bien longtemps à la BM de Montauban j’ai lu le livre de Naldini (publié en 1991) sur Pasolini et à un moment une personne avait mis avec soin une note au crayon : je suis de Castelsarrasin et je témoigne que c’est ma famille qui a accueilli Pasolini (je cite de mémoire). Si les Piémontais sont très nombreux sur la commune, les Frioulans ont décidé de se rappeler à notre bon souvenir en mettant en place un jumelage avec Fiume Veneto (d’où quelques belles activités). Je retiens aujourd’hui cet entretien avec l’écrivain Simone Zanin, 32 ans, qui nous fait découvrir cette petite ville de la Province de Pordenone. Elle n'est qu'à quelques kilomètres de la capitale provinciale, mais c'est une ville qui conserve d'importantes traditions. Par exemple, comme l'a également indiqué Pasolini, le dialecte frioulan le plus ancien et le plus pur est parlé ici.

Pourriez-vous nous parler un peu de l'histoire de Fiume et quelles sont, selon vous, ses principales caractéristiques ?

Fiume Veneto est un petit village près de Pordenone, qui s'est développé comme support commercial de la capitale, surtout grâce aux bois et à la présence du fleuve.

Et c'est précisément la rivière Fiume qui représente son aspect caractéristique : des rives douces et silencieuses qui sillonnent la plaine de Pordenone, à partir de la ligne des résurgences jusqu'à ce qu'elles se jettent dans les bassins plus vastes de la Meduna et du Noncello. Je crois que la présence de l'eau dans une ville représente sa vie palpitante, surtout quand elle coule à travers le corps. Et c'est pourquoi je me perds parfois sur la berge en remontant jusqu'à ce que l'eau disparaisse sous la pierre aride du lit. J'aime tellement la rivière que j'ai choisi de vivre sur ses eaux calmes, dans la rue avec les plus belles vues, plus ou moins anciennes, aménagées en forme de hameau. De plus - une curiosité littéraire culturelle - une fraction de Fiume Veneto est Bannia, la ville que Pasolini a indiquée comme celle où l'on parle l'un des frioulans les plus anciens et les plus purs.

 Justement en ce qui concerne les langues locales, pourquoi parle-t-on ici le dialecte frioulan le plus pur ?

Terre de dominations alternées (Autriche, Venise, etc.), elle présente souvent des métissages linguistiques et culturels. En particulier, presque tout le territoire occidental plat de la province de Pordenone - celui le plus proche de la frontière avec la Vénétie - est fortement influencé par la culture vénitienne. D'autre part, l'identité frioulane de certaines régions plus à l'est s'épanouit dans les paroles des gens. Fiume Veneto a ces deux âmes : dans la ville, il est plus facile de ressentir l'influence vénitienne, tandis que dans les villes voisines - et dans une plus grande mesure celles qui s'étendent vers la province d'Udine - le frioulan est encore très présent et fascine par sa cadence, comme l'a bien souligné Pasolini.

 Quel est le monument le plus emblématique de votre pays ?

Fiume Veneto n'a pas beaucoup de monuments, la plupart d'entre eux sont modernes et pas particulièrement remarquables. Peut-être parce que le plus grand a toujours été le fleuve, avec toutes ses implications culturelles, économiques et commerciales. Cependant, il y a l'église Tavella, un petit bâtiment des années 1400. Il est situé en bordure du centre-ville, vers les champs, et plongé dans la tranquillité (bien qu’à Fiume Veneto il n'y ait aucun besoin de la chercher de toute urgence ). L'intérieur présente de belles fresques du XIVe-XVe siècle et est imprégné d'une atmosphère de simplicité naïve, malgré les décorations intérieures. Il ne peut probablement pas contenir plus de 30-40 personnes, mais c'est précisément cette intimité qui décrète son charme, ainsi que le fait qu'on le rencontre presque par hasard le long d'une route qui sort du village, où les rangées de maisons basses semblent s'estomper vers la campagne.

 Tradition culinaire : quels plats typiques Fiume Veneto propose-t-il aux gourmands ?

Les plats typiques sont ceux de la tradition frioulane et vénitienne. Je dirais qu'un bon aperçu va de la brovada (navets émincés au marc et cuits à la poêle) au frico (fromage grillé avec l'ajout éventuel de pommes de terre ou d'oignons), au dessert typique de l'Épiphanie, la pinza.

Mais surtout, l'amour frioulan pour l'art du vin se démarque : Merlot, Cabernet et Refosco, pour ne citer que les plus connus ; Picolit et Clinto pour aller vers les plus particuliers et les plus difficiles à trouver. Et puis l'inévitable grappa. D'un autre côté, il suffit de noter que, pour environ quatre mille personnes qui vivent dans la ville, il y a 11 bars dans le seul centre.