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Vie de La Brochure
16 avril 2023

René Bonetti ne me racontera pas sa vie

porte de lumière

(Porte de lumières, 1998, Terre cuite métal, Abbaye de Beaulieu)

Je n’ai aucun souvenir de notre première rencontre. Même en cherchant bien. Environ depuis 2005 nous nous étions perdus de vue même s’il habitait toujours Saint-Antonin-Noble-Val. Je me disais qu’il serait toujours temps pour que j’aille lui demander de me raconter sa vie. Nous nous sommes beaucoup croisés surtout pendant les années 1990-2000.

J’ai mangé une fois chez eux, chez René et Françoise, au Bosc, à côté de chez Claude Sicre chez qui j’ai aussi mangé une fois sans doute en 1993. René était là depuis 1976 semble-t-il, venant auparavant de la région parisienne.

Né le 30 juin 1943 à Gonesse (78), il venait donc de la région parisienne et il était plasticien, céramiste avec une formation d’architecte. Mon moment le plus grandiose avec cet artiste s’est produit quand pour la première fois il nous invita avec Rosendo, chez Noël Arnaud, dont Françoise était devenue la secrétaire. Sans doute en 1993. Plus tard ils vont se séparer.

J’aimais sa tête frisée à l’air toujours amusé.

Et je reste avec cette question : comment devient-on céramiste ?

Pour une expo au théâtre de Montauban en 1994 il écrivit quelques mots :

« Terre du passé, terre du présent, terre d’avenir, terre arrachée, terre torturée, terre transformée par le feu, déformée, brûlée, métallisée ».

Quand j’ai mangé chez lui j’ai eu surtout le plaisir de découvrir son four.

Qu’est-il devenu ?

Un four c’est surtout pour le pain. C’est aussi beaucoup pour la poterie.

Un critique dira justement de lui :

« Du gros volume au petit volume, du buste féminin à la sphère symbolique, du rationnel à l’insensé, du simple à l’imaginaire… il fait parler la terre ».

Je pense qu’on ne peut pas dire mieux de lui. Il faisait parler la terre !

Pendant un temps au Conseil général du 82 il y avait la semaine d’art et il y exposait toujours quelque chose. Parfois en même temps que Rosendo qui, je m’en souviens, lui expliquait que dans une sculpture il faut autant se soucier du devant que du derrière. Sauf qu’il n’était pas exactement sculpteur. Il réalisait plutôt des panneaux.

J’en parle aujourd’hui car j’ai découvert deux de ses œuvres à l’Abbaye de Beaulieu et sa Porte de lumière se voit de face et pas du tout de derrière. Elle est là contre un mur comme une peinture.

J’ai ainsi découvert qu’il est décédé en 2022 (après vérification le 25 juillet à Nègrepelisse sans doute à la maison de  retraite).

J’ai pensé à lui quand en 2021 nous avons célébré à Penne, Noël Arnaud. Je pensais l’y croiser mais on m’a dit qu’il sortait peu de chez lui.

Avec lui et Claude Sicre nous avons lancé un Festival à Saint-Antonin en 1993. Ce Festival a duré deux ans et il est mort le jour de la préparation de la nouvelle édition. Chacun apportait ses idées mais en bout de table un groupe était là pour se servir un verre de vin entre eux. A la fin René est sortie de son calme olympique et poussa une colère définitive : le Festival était enterré. L’édition précédente avait eu un petit déficit, mais par chance J-M Baylet passa un jour à sa galerie à Saint-Antonin (qu’il avait à ce moment-là)– ils se connaissaient avec les Semaines d’art- et lui demanda des nouvelles de la vie, il évoqua alors négligemment le déficit en question. Alors JMB sortit le carnet de chèque et lui paya le déficit. Un acte tout à fait légal car les présidents (et parfois les vice-présidents) des collectivités (mais aussi les députés) ont un tel carnet de chèque pour aider telle ou telle œuvre (je l’ai vérifié avec M. Cave ou M. Bauchy).

Pour rigoler, j’ai envie de dire que René Bonetti était un homme calme jusqu’au moment où il perdait son calme.

Je sais qu’il m’aimait bien. Il a toujours soutenu Point Gauche ! puis les Editions La Brochure. Et j’ai de mon côté imaginé, de lui commander des épis de faitage pour notre maison.

Il a aussi écrit :

«Terre des vallées, des limons, des labours, terre des hommes, terres statufiées, transformées en pierre, immobiles, glacées, terres de rêves.»

On s’était un peu perdu de vue car pour notre dernière rencontre vers 2005 il me disait vouloir quitter Saint Antonin pour Albi et finalement c’est là qu’il a fini ses jours.

J’ai cherché sur internet et son décès apparaît :

« Patricia et Marc BONETTI, ses enfants ; ses petits-enfants ; Mme Agnès HOUBÉ, sa compagne, parents et amis ont la douleur de vous faire part du décès de Monsieur René BONETTI survenu à l'âge de 79 ans. La cérémonie aura lieu vendredi 29 juillet 2022, à 13 h 15, au crématorium de Montauban. »

Il se trouve que La Dépêche du 03/09/2015 à 03:54 rend compte d’une expo qui l’nit à Agnès Houbé :

bonetti

« Jusqu'à dimanche, au n. 3 de la place des Cordeliers, se déroule une exposition originale et authentique. Françoise Berthelot, Françoise Herman, Agnès Houbé, exposent leurs collages et gravures auxquelles s'est joint le sculpteur René Bonetti, connu et reconnu de longue date à Saint-Antonin-Noble-Val et sa région, ayant exposé à l'abbaye de Beaulieu, à Moissac, à Cahors, à Toulouse… dont vous retrouverez avec plaisir les œuvres. Lors du vernissage, ce sont plus de 200 personnes qui sont venues admirer les œuvres de ces 4 artistes. Cette exposition se veut une ouverture sur l'art du collage dans sa grande diversité, dans laquelle on ressent une grande connivence entre les artistes. Installée à Cahuzac-sur-Vère, Françoise Berthelot, après la poterie, les sculptures en plâtre et papier mâché, qui a exposé à l'abbaye de Beaulieu, Cordes, Albi... présente un travail d'assemblage (bois, os, briques) proche de la mosaïque, ainsi que des collages à base de carton et de papier et de la gravure. Pour sa part, Françoise Herman, de Villefranche-de-Rouergue, qui a exposé à l'abbaye de Beaulieu, au musée Ingres de Montauban, Paris, Bruxelles… présente des œuvres de collage en relief avec différents matériaux peints ou repeints et assemblés de façon à obtenir une composition.

Quant à Agnès Houbé, l'envie de créer a fait qu'elle s'est lancée dans l'art du collage. Au début avec des végétaux, ensuite avec du papier et de la peinture pastel pour arriver à des compositions plus colorées et plus graphiques. Après trois années de travail, elle expose pour la première fois et comme le déclarait le peintre «oublié» Roger Bissière : «Je ne crois ni à l'expérience ni à l'intelligence en matière de peinture mais seulement à l'instinct profond, à quelque chose de simple et de primitif...».

René la page est tournée. J-P Damaggio

Il m’arriva sur ce blog de poster la photo d’une de ses œuvres mais je ne retrouve pas l'article !

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