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Vie de La Brochure
31 mai 2023

1 – La mutation du tourisme comme révolution du capitalisme

(cet article fait partie d'une série de 5 articles)

 Le hasard a voulu que j’assiste de près aux mutations énormes que le tourisme a imposées partout !

Je ne suis pas le seul à avoir vécu ce phénomène mais j’ai quelques exemples personnels qui m’ont marqué. J’ai connu Saint-Cyprien Plage comme le connurent les rescapés de la Guerre d’Espagne qui furent parqués sur la plage. En 1960 les moustiques y faisaient la loi, quelques barques de pêcheurs ornaient la plage et dans des savants bureaux d’études les plans construisaient une ville. Les opposants au capitalisme se sont élevés contre cette bétonisation sauf qu’elle avait pour but de satisfaire un besoin populaire né de la lutte des dits opposants, profiter de la mer pour tous !

C’est ainsi qu’à Saint Cyprien Plage tout débuta par un camping populaire proche de la plage quand la voisine Canet-Plage était le lieu de villégiature de la bonne société. Camping disparu depuis.

Dix ans après je me souviens de Florence en Italie. Venant d’un camping proche avec ma voiture, j’ai tenté de me garer centre-ville et quand j’ai trouvé une place j’étais devant le Musée des Offices ! J’en conviens, c’était 14 h et les Italiens ne se précipitent pas dehors à cette heure là. Mais j’insiste, c’était bien j’étais sur un des places devant le Musée ! Je n’exagère en rien. Florence a été mangée par le tourisme comme tant d’autres villes. Un tourisme démocratisé ?

Avec la révolution des congés payés car en effet ce fut une révolution, nous avons assisté à la naissance des Auberges de Jeunesse, à des campings autogérés chez les instits, à tout un circuit pour démocratiser le tourisme.

Puis, au bout d’un moment, comme à Saint Cyprien Plage, le sens des affaires a pris le dessus. Avec une attention particulière par exemple aux pêcheurs qui eurent une place dans le port de plaisance !

En découvrant les plans de ce port j’ai cru à une folie, d’autres diraient à une utopie. Un port au milieu d’une plage de sable ! Le port est né de toute pièce, il regorge de bateaux, la ville n’est pas une cité dortoir comme nous le dénoncions.

Je parle de révolution car cette activité économique est née des luttes sociales, pour les détourner au profit du profit. Et les arguments des opposants se sont révélés ridicules, sans effet, à côté de la plaque. Même le Franquisme a compris ce que l’Espagne avait à gagner en emboitant le pas à la France et à d’autres.

Oui mais une révolution dans les seuls pays développés ?

Pas du tout, la planète quasiment entière a été soumise à la même loi de la révolution capitaliste. Le succès du Guide du Routard s’inscrit dans cette internationalisation. En faisant croire d’abord qu’il était au service d’un tourisme démocratisé, et en devenant un facteur de développement du tourisme tout court. Des destinations sont devenues plus fréquentes suivant les lois de la dite révolution capitaliste qui a pour fonction sociale d’accroitre les inégalités pour assurer sa pérennité. Venise était déjà une belle ville mais elle va devenir une ville infernale.

Dernièrement à La Corogne j’ai revu les immenses paquebots de croisière, des villes flottantes qui, quand débarquent les clients, bouleversent tout.

Vu le monde de « liberté » dans lequel nous vivons personne n’est obligé de se précipiter là où tout le monde va. J’ai pu aller trois fois au Pérou sans passer par le Macchu-Picchu mais il n’est pas facile de résister aux armes de ce capitalisme de la séduction.

La crise du Covid aurait pu changer les habitudes et parfois je me demande comment la Tunisie a survécu. Mais en fait elle a si mal survécu.

Les lois du capitalisme sont si fortes que tout recommence pareil.

Quel projet alternatif à cette révolution du capitalisme ?

Un tourisme plus vert ? Une limitation de l’usage de l’avion ? Des croisières sous surveillance ? Quelque soit la solution elle est récupérée par le profit pour le profit ! Je parlerai ensuite de la révolution informationnelle mais observons déjà comment internet a permis la fabrication de «plateformes» devenues incontournables pour les uns comme pour les autres. Booking est presque indispensable pour celui qui veut louer et presque indispensable pour l’usager. Il existe toujours une marge de « liberté » comme je l’ai indiqué mais elle touche peu de gens. Par exemple les échanges d’appartements.

Pourtant il faut bien un projet alternatif ?

Nationaliser booking pour en faire un service public ? Au moment où les services publics existants deviennent des entreprises quasiment privées ?

A moins que le système en réduisant le temps de retraite, en limitant le temps de congés, en rognant sur les salaires, conduise matériellement les voyageurs à réduire leurs projets ? J’avoue mon désarroi.

Mais avec ce point de départ : le capitalisme a pu se révolutionner quand ses adversaires géraient leurs acquis passés et poursuivaient des luttes contre un fantôme. Etant entendu que cette révolution par le tourisme s’inscrit dans un phénomène plus global. Sans son analyse la gauche va compter ses défaites.

J-P Damaggio

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