Jacques Desmarais était plein de projets

Cette fois j'élaguais mes messages et je tombe sur celui de Jacques Desmarais, du 28-03-2021, deux ans avant son décès. Tout d'un coup il était sauvé et, s'il en déduisait le deuil de quelques projets, il n'en manquait pas d'autres. Contre la dictature du papier, ce que je dois faire de façon radicale. Et surtout ce projet avec Edgar Bori dont je n'ai pas connu les suites. Et cette idée de reprendre et terminer un manuscrit. J'aurais aimé l'aider mais je n'ai pas connu les suites. Je reprends ce texte pour dire qu'on meurt toujours plein de projets et c'est ce qui fait qu'on  vit. J-P Damaggio.

Salut, cher Jean-Paul.

Merci pour ton mot. En effet, le sentiment d’avoir été pris à temps, comme on dit, mais plus juste encore à mes yeux, réaliser qu’on m’a littéralement sauvé la vie soulève soudain un confluent d’horizons, et c’est très vif, énergisant, paisible aussi, pour la suite des choses, malgré la fatigue par moments, les rendez-vous à gérer et plusieurs petits deuils, comme mes projets d’éternel jardinier amateur...

C’est que pour l’heure aussi, je réponds des plus positivement aux traitements qu’on m’administre. Cela fait une grande différence au quotidien, éclairer et voir s’améliorer ma condition physique.

Je gère au mieux à distance ma veille cambrousse, mais tu comprendras que je ménage ma monture en profitant de mon appart, de la vie de quartier, du soutien et de l’amour de mes enfants et très proches; Noémie habite en face de chez moi, Sarah est à quelques rues, Carol également; le quartier Ahuntsic est très convivial.

Je suis loin d’être un archiviste de ta trempe, mais c’est fou raide tout ce que j’ai accumulé sur tous les sujets possibles, au cas où, pour élaboration ultérieure... Et la mémoire se ravive en revisitant les traces de Petit Poucet, les surprises que l’on se crée par instinct de vie, mais c’est aussi une dictature du papier. Or, j’en profite pour élaguer. Et je respire à l’idée que c’est à moi d’agir, surtout ne pas laisser tout ce bazar en plan. Mes filles me détesteraient à bon droit !

Vendredi, le 19 mars, en même temps qu’on me confirmait mon congé d’hôpital, j’ai reçu par courriel une offre de contrat pour des textes de création en vue d’un spectacle de poésie monté par un chansonnier que je suis depuis ses débuts et vu plusieurs fois en scène, Edgar Bori. Nous nous sommes rencontrés chez moi avec sa compagne Cathie, d’origine française. Une vraie rencontre. Ces dernières années, il a monté un spectacle de chansons à partir des poèmes de Michel Garneau, mixé à ses propres textes. C’est magnifique. Un album vient de paraître, puis un film en auto-financement inspiré de ce Garneau-Bori et dont l’avant première est ce lundi, 29 mars.

Son nouveau projet vise à réunir en bouquet des textes de plusieurs auteurs, dont Garneau à nouveau, qui aura 82 ans en avril et fut très malade l’an dernier.

« N’eût été de ma fille qui m’a reconduit d’urgence à l’hôpital, j’aurais été posthume »,  m’a-t-il écrit.

Pour répondre à Bori, comme je revenais de l’hôpital, j’ai refilé un exemplaire des Poèmes cannibales, et quelques autres textes plus récents. Bien, tout cela m’enchante!

J’avais cru comprendre que tu accrocherais tes patins (comme on dit ici, terre de hockey, lorsque quelqu’un prend sa retraite) à titre d’éditeur. Or, j’ai noté récemment la parution d’un nouvel ouvrage sous ta signature. Bravo! Je le dis comme ça, j’ai bien des chats à fouetter, mais je ne perds pas de vue la possibilité de reprendre et terminer un manuscrit. On se casse la tête en frappant à la porte des Éditions de la Brochure, distance, pandémie, et évidemment, c’est toi le boss, je ne voudrais en rien ajouter à ta charge. Mais j’ai tellement apprécié la qualité et l’originalité chez vous, lors des Cannibales. Bref, éventuellement, peut-être.

J’espère que tes parents se portent au mieux. La meilleure des continuations chez vous.

Je vous embrasse. Jacques