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Vie de La Brochure
29 juin 2023

De Bernard Cassen à Mélenchon

Dans le N° 50 de Point Gauche ! de décembre 2000 apparait la signature de Pepe Carvalha qui fait le portrait de Bernard Cassen après son passage à Montauban. Le relire 23 ans après n'est pas inutile comme je l'indique à la suite. JPD

Bon anniversaire Bernard Cassen

Né le 2 novembre 1937, ce fils d'un employé d'EDF accéda à la promotion sociale par l'Ecole Normale d'instituteurs d'abord, puis par des études universitaires qui le conduisirent jusqu'à l'Agrégation d’Anglais et au Doctorat d'Etat ès Lettres. D’où ensuite une carrière d’enseignant d'abord au Lycée Henri IV de 61 à 63 puis à la Sorbonne comme Assistant jusqu'à devenir Prof à Paris VIII - Vincennes. Au tournant des années 68, il doubla cette fonction de prof par une fonction de journaliste en mettant un pied dans le Monde des Livres. Comme pour l'éducation, il gravira les échelons jusqu'à devenir en 1996 Directeur général du Monde Diplomatique SA. Tout naturellement ce parcours sans faute s'est doublé, suite à la victoire de la gauche en 1981, d'un volet politique puisqu’il devient directeur d’une mission interministérielle de l’information scientifique et technique de 81 à 85. Par un effet bizarre, il ajoutera à ses titres de gloire celui de Secrétaire général de la Maison d’Amérique Latine, un lieu plutôt pompeux. Il n’oublia pas d’écrire quelques livres et comme le romancier Philippe Labro il commença à publier dans la foulée de 68.

Aujourd’hui sa notoriété a franchi une étape considérable, non par sa nouvelle fonction de membre du conseil de surveillance de Politis qu'il partage avec Bernard Langlois, mais par son poste de directeur d'ATTAC. A ce titre nous avons pu le rencontrer à Montauban où les propositions qu'il fit ne furent pas suivies d'effets. Il annonça ce jour-là que l'association allait fournir aux membres d’ATTAC des fiches pédagogiques pour aller rencontrer les grands pouvoirs économiques de nos régions, fiches à regrouper en vue d’une publication. Pourquoi une si belle idée est-elle tombée à l'eau ?

Sa dernière intervention à l'AG de Saint Brieuc d’ATTAC est rapportée ainsi par Libération du 30/10/2000: «Pierre Khalfa militant de SUD et membre du bureau a pris l'initiative de proposer la création d'un parlement interne constitué avec les comités locaux, s’attira les foudres du président du mouvement Bernard Cassen, opposé à cette initiative. ».

Bernard Cassen préfère que l’essentiel du pouvoir reste entre les mains du Groupe fondateur. Pour prendre un exemple, le 20 septembre 2000, le CA d'ATTAC Isère demandait par lettre à Bernard Cassen :

«Si le fonctionnement interne d’ATTAC doit recopier le fonctionnement parlementaire actuel, à quoi bon continuer, nous ne serons considérés que comme des adhérents d'appoint, et non comme des citoyens responsables. ».

Pour calmer le débat la direction d'ATTAC proposa à Saint Brieuc la création d'une Conférence nationale des comités locaux qui se réunirait trois fois par an. A suivre.

En plus de sa place dans le Monde Diplomatique et à Politis, Bernard Cassen est le Directeur du Fil d'Ariane dont la rédactrice en chef est Mireille Azzoug. Nous ne connaissons pas exactement son statut actuel en tant qu'enseignant.

Etat politique :

Les informations suivantes ne remettent en rien en cause l'estime que nous portons à ATTAC, Politis ou Le Monde Diplomatique mais méritent, pour notre lucidité, d’être portées à votre connaissance. Bernard Cassen comme Bernard Langlois gravite dans l’orbite du MDC [Mouvement des Citoyens de J-P Chevènement] et peut-être même en est-il membre. Il était au Colloque 2000 de ce parti ce qui ne l’empêche pas à l'occasion d’intervenir aussi dans une Université d’été du PRG à Ramatuelle en 1998. Son parcours politique le plus éloquent s’est produit aux dernières européennes de 1999. Comme d’autres membres ou proches du MDC Bernard Cassen tenta de construire une alliance avec Charles Pasqua [sur la base des Républicains des deux rives]. Ce fut l’échec et Pasqua se tourna alors vers de Villiers. Bernard Cassen décida alors de confronter ses idées sur la Nation avec le PCF mais, comble du malheur pour lui, c’était au moment où ce parti préférait choisir des compagnons de déroute dans les marges du PS avec Geneviève Fraysse (et au détriment d'Aline Pailler). En désespoir de cause (drôle de cause !) il se fit le soutien discret de la liste Laguiller- Krivine [grâce au 5,2% les deux responsables vont sièger à l'Europe et Krivine prendra comme assistant parlementaire... Olivier Besancenot]. Ces informations nous ont été rapportées par un soutien éminent de cette liste qui a le goût de la vérité.

Pepe Carvalha

Si Pepe Carvalha se trompe il est prêt à publier toute rectification utile dans sa prochaine chronique. [il n'y aura pas de rectifications]

Vingt trois ans après

En 2006 ATTAC va subir un triste événement. Dans la lignée de ce que Pepe Carvalha avait pointé, Bernard Cassen n'accepte pas une élection interne qui fait que des fondateurs sont mis en minorité. La crise avait débuté avec l’arrivée à la présidence, en 2002, de Jacques Nikonoff, porté par Ignacio Ramonet et Bernard Cassen, présidents d’honneur d’Attac et représentants en son sein du Monde diplomatique. Longtemps contenue au sein des instances de direction de l’association, mise temporairement de côté lors de la campagne référendaire bien qu’elle fût palpable en plusieurs occasions, elle est devenue centrale après le 29 mai 2005, et a atteint son paroxysme avec la fraude organisée lors des élections de juin 2006 au profit de la direction sortante, qui était certaine d’être battue. Après cette épreuve l'activité de Bernanrd Cassen va se réduire rapidement : son dernier livre date de 2014. Pourquoi faire un lien avec Mélenchon ? Car comme lui il considérait que tout le pouvoir doit rester entre les mains de l'élite du mouvement sans laisser la moindre place aux mlilitants de base. Au Parti de Gauche puis ensuite encore plus à LFI, le militant de base doit être un soldat aux ordres de la direction, ce qui est contraire, comme dans ATTAC, aux objectifs même de telles organisations.  Bernard Cassen peut répondre que, de sa naissance à 2006, ATTAC a été un mouvement de plus ne plus puissant et qu'ensuite il a décliné, tout comme Mélenchon peut dire qu'avec cette organisation gazeuse LFI est devenu un mouvement puissant. Mais la leçon est simple : la montée en puissance est ainsi rendue éphémère ! Et la contradiction est évidente : la montée en puissance induit une augmentation des divergences internes qui, si elles ne peuvent s'exprimer, font partir les adhérents. Sur bien des points, j'étais plutôt d'accord avec Bernard Cassen (quand par exemple il osa dénoncer les complaisances à gauche envers Tariq Ramadan) mais il ne sert à rien de vouloir imposer ses idées sous prétexte qu'elles sont justes. La ligne politique de Bernard Cassen finira par être marginalisée à Politis et au Monde diplomatique. J-P Damaggio

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