La punition par le rugby

Dans l'élimination de mes archives je tombe sur un cahier de français de la classe de 3éme (1966-1967). Mon professeur était Monsieur Spénale dont le père avait été un député socialiste notoire du Tarn. Plus tard, maire de Saint-Antonin il deviendra le maire qui maria ma fille. Je retiens cette rédaction qui fut ma meilleure note. Est-ce que l’histoire que je raconte est une fiction ? Une chose est sûre : me priver d’un mach de rugby était pour moi une dure punition et par crainte de ce mauvais moment ai-je inventé l’histoire ? Je ne sais trop. J’en doute beaucoup car mon père n’aimait pas du tout aller seul au rugby. Il lui fallait un voisin, un oncle ou moi-même. Quand, devenu joueur de foot, je ne pouvais plus aller au rugby, j’ai l’impression qu’il cessa de s’y rendre. Je constate seulement deux fautes d’orthographe ce qui est nettement moins qu’en dictée. Et quant à la proposition du prof d’étoffer le texte, je me souviens que mon souci était surtout d’en faire le moins possible.

J-P Damaggio

Vous avez déjà été victime d’une injustice. Dites en quelles circonstances et quelle furent vos réactions au moment de la sanction.

L’arbitre sur le terrain de sport, le juge au tribunal peuvent commettre des injustices, des injustices plus ou moins graves tandis qu’un père, celles qu’il commet son bénines (sic bénignes)

Depuis quelques minutes ma sœur Michèle taquine son aîné (sic aînée) Monique. Celle-ci s’énerve, crie et mon père après avoir demandé plusieurs fois le silence s’apprête à venir rétablir l’ordre. Au bruit de ses pas, Michèle s’échappe et je reste seul avec Monique. Mon père ouvre la porte, me regarde et commence à me gronder. Tout surpris, j’essaie de me défendre, d’expliquer mais malheureusement sans succès. Après m’avoir grondé pendant quelques instants, il paraît réfléchir puis revient s’asseoir. Je m’étonne de cet arrêt inattendu, m’aurait-il compris. La réponse ne se fit pas attendre que quelques jours. En effet le dimanche venu mon père n’annonce qu’il ira seul voir le match de rugby. Je recommence mes protestations mais aussi vainement que la première fois. Et quand je vois mon père partir seul, je me mets en colère et je réfléchis à une vengeance que je n’arrive pas à trouver. Le soir, quand il revient, je n’ose pas lui demander le résultat de la partie de rugby mais j’ai réfléchi et j’ai pensé que mon père n’est pas entièrement en faute. Bien sûr il m’a puni mais comment savoir que je n’étais pas coupable : sur parole ? C’est impossible car en mentant on pourrait éviter toutes les punitions. Cette punition était pour lui juste, comme pour l’arbitre la pénalisation est normale, comme pour le juge l’accusé est coupable. Ce qui est juste pour l’un est injuste pour l’adversaire et c’est ainsi dans tous les cas difficiles, embrouillés.

C’est en réfléchissant que je suis arrivé à comprend que mon père n’était pas entièrement coupable et si je n’avais pas réfléchi la colère aurait pu me placer dans une situation que j’aurais regrettée ou pas voulu.