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Vie de La Brochure
22 août 2023

Voici cinquante ans : la preuve par la CIA (11)

CIA Chili

 

Je reprends à présent un article sur un document incroyable : les écrits de la CIA récupérés par un journaliste têtu des USA ! Dès cette époque le rôle de la CIA a été dénoncé mais là on peut lire en direct l'ignominie du pouvoir de la CIA. A présent le journaliste Marc Chalamet semble travailler pour le Parisien. Et il renvoie à un site internet toujours accessible dont je donne le lien. Un site qui vient d'être mis à jour semble-t-il. Je croyais que le coup d'Etat avait été réalisé quand Pinochet est arrivé à La Moneda mais en fait il ne fallait pas qu'il y soit et c'est en apprenant le coup d'Etat qu'Allende s'est précipité au Palais. JPD. 

L’EDJ DU 29 OCTOBRE AU 4 NOVEMBRE 1998

Vingt-cinq ans après la mort d’Allende, des rapports top secret déclassifiés accablent les services américains et Henry Kissinger...

« Allende a été trouvé seul, mort, dans son bureau qui donne sur la cour intérieure. Il s’était tué en plaçant le canon d’une mitraillette sous le menton et en tirant. Pas très propre mais efficace. La mitraillette était par terre à côté du corps. Sur une plaque en or incrustée dans la crosse, on pouvait lire: “A mon bon ami Salvador Allende, de la part de Fidel Castro”. Cuba la communiste avait, c’est évident, envoyé une mitraillette de trop. Il était 13 h 45... »

Signé « Patrick J. Ryan, lieutenant-colonel, United States Marine Corps», ce petit commentaire au bas d’une longue page consacrée à la journée du coup d’Etat du 11 septembre 1973 fait partie de toute une moisson de documents top secret de la CIA, du Département d’Etat et du National Security Council, mis au jour grâce aux efforts de la National Security Archive (1), qui apportent un nouvel éclairage sur au golpe de 1973. Les médias américains, consumés par le scandale Lewinsky, ont accordé peu de place à ces révélations.

C’est vrai que le coup d’Etat remonte à un quart de siècle. Vrai aussi que l’on savait depuis toujours que les Etats-Unis avaient joué un sale rôle dans la déstabilisation du Chili. Si le général Augusto Pinochet vient d’être rattrapé par la justice espagnole au nom des victimes de la répression qui a suivi le coup d’Etat, et si Richard Nixon est mort après avoir été discrédité à jamais par le scandale du Watergate, un autre acteur clé de la chute d’Allende, Henry Kissinger, est bien vivant. Les nouveaux documents mettent à mal la réputation de celui qui était à l’époque le conseiller de Nixon pour la sécurité nationale. Comme le fait remarquer Peter Kornbluh, l’analyste de la National Security Archive qui s’est battu pendant des mois pour obtenir ces documents jusqu’alors secrets, Kissinger écrit par exemple dans ses Mémoires que les tentatives de complot de la CIA avaient été « stoppées» à la suite d’une réunion le 15 octobre 1972. Mais un rapport top secret montre maintenant que la CIA avait reçu, ce même 15 octobre, un ordre différent de Kissinger : « Maintenir la pression sur tous les points faibles d’Allende [...] jusqu’à de nouvelles instructions. » Et, dès le lendemain de cette réunion, un câble confidentiel est envoyé du QG de la CIA au patron de l’antenne de Santiago,

Henry Heckshe. « Notre politique est ferme et ne change pas. Allende doit être renversé par un coup d’Etat [...] avant le 24 octobre. Mais les efforts se poursuivront vigoureusement après cette date. Nous devons continuer à appliquer le maximum de pression pour cet objectif en utilisant toutes les ressources appropriées. Il est impératif que ces actions soient mises en œuvre clandestinement et en toute sécurité, de manière à bien dissimuler la main du gouvernement des Etats-Unis. [... ] »

Pinochet kissinger

Au cours d’une réunion à la Maison-Blanche consacrée au Chili le 15 septembre, le directeur de la CIA, Richard Helms, note à la va-vite les ordres que lui donne Richard Nixon : « Une chance sur dix peut-être mais sauver le Chili ! Ça vaut le coup de dépenser, faut pas être inquiet des risques... l’ambassade ne doit pas être impliquée... 10 millions de dollars disponibles, plus s’il le faut... Il faut les meilleurs hommes, plan d’action, faire hurler de douleur l’économie... » Dès l’élection d’Allende, la Maison-Blanche travaillera d’arrache-pied à la déstabilisation économique du pays. Arme numéro un : un «blocus invisible » du Chili. Les prêts et crédits qu’attend Allende sont bloqués. Les adversaires du président, eux, sont financés avec largesse. Le journal El Mercurio reçoit par exemple 1,5 million de dollars en fonds secrets de la CIA. Tout récemment encore, note Peter Kornbluh, le général Pinochet niait avoir joué un rôle dans les atrocités commises sous son régime. Mais un document de la Defense Intelligence Agency en date de 1975 et classé confidentiel jusqu’à présent indique clairement que le colonel Contreras, alors patron de la Dina, la police secrète responsable de milliers d’exécutions sommaires et de suspects torturés, « ne recevra d’ordre que du général Pinochet ». Autre révélation : dans les trois semaines qui ont suivi le coup d’Etat, 320 personnes ont été exécutées par la junte, d’après un calcul effectué pour Kissinger. C’est trois fois plus que le chiffre officiel admis jusqu’à présent. Nul doute que le juge espagnol Baltasar Garzon, celui qui a fait arrêter Pinochet par la police britannique, y trouve de quoi étayer sa demande d’extradition... Des milliers de pages encore secrètes seraient beaucoup plus précises sur le rôle du dictateur dans la répression qui fit plus de 3 000 morts et des centaines de disparus. « Normalement, on devrait en savoir plus très bientôt, affirme Kornbluh, car une nouvelle loi signée par le président Clinton va obliger les
archives fédérales à déclassifier les documents après vingt-cinq ans. L’ennui, c’est que la CIA demande une exemption qui porte sur... 100 millions de pages. »

Les nouveaux documents montrent que la CIA se félicitait de ses opérations de manipulation des médias. « En particulier, affirme un mémo interne à l’agence, le sujet à la “une” du magazine Time qui était fondé en grande partie sur les documents écrits par la CIA et les entretiens organisés par elle. D’après un journaliste de Time, les efforts de la CIA ont modifié l’angle de base du papier. » Et la CIA rappelle qu’Allende lui-même, après avoir lu l’article de Time, avait affirmé qu’il « constituait un véritable appel à l’invasion du Chili ». Trois semaines après le coup d’Etat, le lieutenant-colonel des marines Patrick Ryan, en poste à l’ambassade de Santiago, décrivait la journée dans une note précise adressée au National Security Council. « Le coup d’Etat fut proche de la perfection [...], écrit-il, avec une satisfaction qui fera frissonner tous ceux qui ont vibré un jour pour l’expérience chilienne. Le plan d’origine prévoyait que le président Allende serait retenu chez lui sans possibilité de communiquer jusqu’à ce que le coup soit un fait accompli. Un délai dans l’heure H (6 heures) à Santiago a permis à Allende d’être alerté à 7 h 30. Il s’est rué au palais présidentiel [...] où il a eu accès à des équipements de communication radio qui lui ont permis d’implorer personnellement les étudiants et ouvriers de venir à la Moneda défendre le gouvernement contre les forces armées. [... ] Il était 8 h 30. L’armée avait bloqué toutes les routes d’accès à Santiago. A l’intérieur de la capitale, les contrôles étaient stricts. Ceux qui dans la rue ne portaient pas le pull de la couleur convenue couraient un grand risque de se faire abattre. Allende a réussi à diffuser deux appels au secours. Le premier, à 8 h 30, a été lancé d’une voix forte et confiante pour mobiliser les travailleurs et les étudiants. Le ton du second, à 9 h 45, est morose, un peu comme s’il préparait l’éloge funèbre de son gouvernement. Cela a été sa dernière intervention parce que l’armée de l’air a réussi à repérer l’antenne et à la faire sauter. Il était 10 h 15. » Le coup avait réussi. Le général Augusto Pinochet, qui n’a démissionné de son poste de commandant en chef des forces armées qu’en mars dernier, s’installait aux commandes du pays pour plus de vingt ans. Au cours de la cérémonie d’adieu, le dictateur a rendu hommage aux militaires «sauveurs de la démocratie ». Aujourd’hui, grâce à l’obstination d’un juge espagnol et au travail des historiens sur les crimes commis sous son autorité, il sera peut-être enfin rattrapé par son passé sanglant. ■ MARC CHALAMET (1) On peut consulter le site Web de la National Security Archive. Tout y est disponible, en anglais et en espagnol. www./seas./gwu./edu./nsarchive

https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/chile/2023-08-08/chiles-coup-50-kissinger-briefed-nixon-failed-1970-cia-plot-block

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