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Vie de La Brochure
13 novembre 2023

Momméja 1895 et La Croix du Tarn et garonne

Je ne connais pas L. Guirondet qui était peut-être juste de passage à Montauban car Momméja n'aura plus jamais sur le journal catholique un article aussi élogieux. JPD.

La Croix du Tarn-et-Garonne 4 août 1895

BIBLIOGRAPHIE Les Sarcophages chrétiens antiques du Quercy

par JULES MOMMEJA

Aujourd'hui, vaille que vaille, tout le monde ou à peu près, veut s'occuper d'art et d'archéologie. On prend dans quelque manuel quelques expressions techniques et l'on se croit artiste, archéologue. C'est surtout quand il s'agit d'art chrétien, d'archéologie chrétienne. On en parle sans en connaître l'histoire et le symbolisme. On s'est créé avec un léger bagage d'érudition un cliché auquel on ne touche plus. Cela suffit ; on est passé maître ; du moins on le pense.

Ce reproche, je me gardera bien de l’adresser à M. Jules Momméja, qui a fait paraître un excellent travail sur les sarcophages chrétiens antiques du Quercy.

C'est con amore que l'auteur les a étudiés ; et il les a compris avec une âme, non seulement chrétienne, mais catholique, lui qui appartient à la Réforme.

Comme il est pénétré de la pensée religieuse dans son opuscule ! Avec quel respect, j'ajoute avec quelle sympathie il traite de ces sarcophages, qui ont servi à des évêques, à des personnages, quelques-uns mis au rang des saints, les autres recommandables par leurs vertus et leur zèle pour l'Eglise !

Il ne ménage pas les huguenots, ces iconoclastes du 16° siècle, qui détruisirent tant de magnifiques joyaux dus au catholicisme. M. Momméja a écrit sans parti-pris, comme le faisait le savant pasteur de Zurich, Hurter, qui nous a donné une si belle histoire d'Innocent III, et qui, après son œuvre, est entré dans le giron de l'Eglise romaine.

Il dit dans son introduction comment, depuis deux siècles, on s'est occupé des sarcophages chrétiens, si nombreux à Rome, dont beaucoup, hélas ! ont été brisés par les Barbares du Nord, et privés des reliques qu'ils renfermaient.

Le moyen âge il faut le reconnaître, plus préoccupé de l'avenir que du passé, songeait peu aux catacombes qui en contenaient tant : c'est Antonio Bosio qui, le premier, au 17e siècle, poursuivit, pendant toute sa vie, des fouilles autour de Rome. A Bosio succéda Aringhi qui augmenta ce qu'on devait à son prédécesseur. Puis la masse des faits s'accrut encore par les découvertes de Buonarotti, Bartholi, Boldetti, Ciampini, Botari et d'Agincourt.

De nos jours le commandeur de Rossi a grossi considérablement le trésor précieux de toutes leurs découvertes et a, par ses ouvrages immortels, éclairé, révolutionné, la science en cette matière, comme en beaucoup d'autres.

Mais la France, que l'auteur appelle à bon droit un second Latium, est riche, elle aussi. Les Aliscamps d'Arles donnent la mesure de cette richesse, Arles qui fut pendant quelque temps la capitale des Gaules, et qui, pour la statuaire chrétienne, forma une école différente de celles de Rome et de Ravenne. Cette école avait avec celles-ci des règles communes ; mais elle se distinguait d'elles par une originalité propre et par un ciseau plus exercé.

La Provence n'est pas la seule qui possède des sarcophages; et de savants érudits se sont, dans notre siècle, mis à l'œuvre, et leurs investigations ont été couronnées de succès.

Le Quercy en avait un grand nombre. Beaucoup n'existent plus ; mais il en reste encore, et c'est incité par le Commandeur de Rossi, que M. Momméja les a recherchés.

C'est sur seize sarcophages que roule son travail; cinq, de Cahors, un de Lalbenque, un, de Mondoumerc, quatre, de Perges, cinq, de Moissac.

Ce n'est pas qu'il les ait découverts : ils étaient connus et ont été l'objet de travaux plus ou moins sérieux. Plusieurs sont à l'état de mutilation ou ont disparu, entre autres celui de Lalbenque, devenu la propriété d'un éminent collectionneur russe M. Basilewski, et acheté plus tard par l'empereur de Russie.

Le mérite de M. Momméja est de les avoir groupés, étudiés et décrits avec beaucoup de soin.

Notre auteur ne se borne pas à répéter ce qui a été dit avant lui. Il apporte son contingent d'appréciations, souvent opposées à celles de ses devanciers.

Nous n'essaierons pas une analyse de son travail. Pour en avoir une idée exacte, il faudrait le reproduire. Il nous suffit de le signaler comme dénotant un écrivain consciencieux et un archéologue éclairé.

Nous aurions désiré que l'auteur se fût plus étendu sur le symbolisme des reliefs. Quoique appartenant à la Réforme, il n'eût pas manqué d'en faire ressortir tout le caractère profondément religieux.

Il ne faut pas, en effet, perdre de vue que dans les sarcophages chrétiens, tout revêt une pensée plus ou moins mystique, et que, si l'art chrétien, à ses débuts, a emprunté quelque chose à l'art antique, s'il ne s'est pas dégagé complètement (il ne le pouvait guère) de la tradition païenne, il a cependant imprimé un cachet spirituel à ce que l'art païen lui fournissait.

M. Momméja a joint à son opuscule plusieurs planches qui permettent de se rendre compte d'une manière exacte de quelques sarcophages par lui décrits.

Nous n'irons pas plus loin ; mais eu finissant, nous dirons à l'auteur : Vous avez fait de la bonne et véritable archéologie. Ne vous arrêtez pas, et procurez-nous le plaisir de lire d'autres travaux, comme celui de vos sarcophages.

L. Guirondet

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