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Vie de La Brochure
7 janvier 2024

Le film sur Olympe de Gouges

olympe

Dans le cadre de mes efforts pour faire connaître Olympe de Gouges, je relaie cet article de Pierre Mathieu dont je me souviens que pendant un temps il fut journaliste pour La Dépêche à Montauban. Je ne cache pas mes craintes quant à l'intérêt de ce film et aux polémiques qui vont suivre. En 90 minutes rendre compte de la complexité de cette histoire risque de conduire au schématisme. Et par exemple la dédicace à Marie-Antoinette de sa fameuse déclaration ne tient pas au fait que le roi a ratifié la déclaration de 1789. Il suffit de lire la préface pour comprendre. Mais bon à suivre. JPD.

Revue Midi Dimanche 7 janvier 2024

A deux mois de l'avant-première du téléfilm de Julie Gayet et Mathieu Busson sur la pionnière féministe Olympe de Gouges, flashback sur le tournage, qui s'est déroulé en totalité dans la région, en octobre dernier.

[Texte: Pierre Mathieu. Photos: PML, Cécile Mella, MSVR France Télévisions ]

Sous le ciel bleu d’automne, la guillotine échafaudée au milieu de la place Notre-Dame de Villefranche-de-Rouergue impose un silence glacial. Une voix de femme crie « A mort, à mort », quand celle de la condamnée, y répond, tremblante, « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort ! ». Coupez !

Le 10 octobre dernier, Julie Gayet joue les derniers instants d’OIympe de Gouges, l’autrice révolutionnaire de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, exécutée le 3 novembre 1793, place de la Concorde à Paris. 230 ans après, la fille de Montauban qui a tant inspiré les féministes, et au-delà les humanistes, est le personnage principal d’un film produit par « Moteur svp » pour France Télévisions, tourné en vingt jours en Occitanie.

Tout Paris en Occitanie

« Le face-à-face avec la guillotine était très fort », se remémore Julie Gayet, deux mois après le clap de fin, « mais je dois dire que le moment le plus violent du tournage a été le procès bâclé où elle est condamnée, parce que c’est là que ça se joue pour elle ». Le montage de ce biopic de 90 minutes se poursuit jusqu’à la mi-janvier, suivi jusqu’en mars du montage du son et de la musique, et de l’étalonnage. L’actrice principale, qui coréalise le film avec son complice Mathieu Busson (aussi discret qu’elle est lumineuse), voit dans les images mises bout à bout « un aboutissement... Même s’il y aura encore beaucoup à dire sur Olympe, j’ai l’impression qu’on a été fidèle à son énergie, à la force quelle a eue de ne rien lâcher ». Julie Gayet, elle non plus, n’a rien lâché. Travaillant depuis plusieurs années sur la vie d’OIympe de Gouges et d’autres penseuses des Lumières en Europe, elle a insisté pour que le tournage d’« Olympe, une femme dans la Révolution » ait lieu dans la région d’origine de son héroïne. Les châteaux de Saint-Léonard (Gers), Gramont (Tarn-et- Garonne) et de la Reynerie à Toulouse, et plusieurs intérieurs et extérieurs de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) ont été les décors du film censé se dérouler... dans tout Paris.

Car dès l’âge de 22 ans, la Montalbanaise s’était installée à la capitale avec son fils de 4 ans.

Le film la montre au fond de la prison, où la femme de lettres de 45 ans qui a signé des pièces contre l’esclavage des Noirs, qui a milité contre le mariage, et dont les textes placardés sur les murs de Paris en proie à la Terreur ont provoqué sa perte, revoit sa vie en flashback successifs. Un mode de narration que n’apprécie pourtant pas France Télévisions. Mais ce qu’Olympe veut...

Des lentilles pour Manon

Le 26 septembre dernier, dans la salle des fêtes du petit village de Gramont transformée en HMC (habillage-maquillage-coiffure), Julie Gayet se fait savamment décoiffer par Véro, chef coiffeuse locale, et défaire l’épaule de sa chemise. Elle doit rejoindre les caves du château, distant de quelques pas, décor tout trouvé pour le poste de police où Olympe a été malmenée lors de son arrestation. Télescopage temporel, Manon Dillies, Toulousaine de 17 ans interprétant Olympe jeune fille, a terminé sa scène, tournée à l’ombre d’un arbre centenaire sur la terrasse de la demeure Renaissance qui domine la Lomagne.

« C’est le moment où on lui annonce qu’elle va se marier avec un vieux, un boucher ! », raconte l’adolescente dont la ressemblance avec Julie avant vingt ans ne laisse pas de doute... « Sauf les yeux, les miens sont bleus, j’ai dû mettre des lentilles marron », explique l’actrice en herbe, qui s’oriente vers le théâtre, spécialité de sa terminale. D’un camion, hayon ouvert, débordent des rouleaux de moquette et des dizaines de costumes, qui vont rejoindre Villefranche- de-Rouergue pour deux semaines de tournage. Les scènes de foule y sont prévues, avec 270 figurants castés dans la région à la fin de l’été. « On a été frappé par la grande richesse des visages chez les femmes », remarquait Julie Gayet, attentive à tout, relayant jusqu’aux derniers jours l’appel à trouver des hommes à cheveux longs.

Les rues pavées, les façades intouchées de la bastide aveyronnaise, sa grande place bordée d’arcades peuvent passer pour le Paris du XVIIe siècle secoué par la Révolution.

La ville en a vu d’autres : durant l’été 2022, la plateforme Netflix, pour sa mini-série « Toute la lumière que nous ne pouvons voir » (actuellement en diffusion) avait trouvé dans la sous-préfecture les décors du port de Saint-Malo en 1944 ! Conservée dans son lifting à l’ancienne, la boulangerie de la série, à l’angle haut de la place, a été utilisée pour des images d’Olympe.

« Ils sont devenus fous ! »

6 octobre, 10 heures du matin. « Moteur demandé ». L’hôtel particulier où se retrouvent Olympe et son amant Michel de Cubières (Dimitri Storoge) est parfaitement dans son jus. Le salon, aux murs tendus de bleu, est faussement réchauffé par un feu de cheminée qui s’éteint sur commande entre deux prises. Eclairée par deux chandeliers en applique, Olympe sert un verre de vin clair à l’homme à demi allongé à ses pieds. Elle enrage : «Robespierre a encore ajourné la Déclaration des droits de la femme, c’est la sixième fois ». Cubières répond « Réjouis-toi, le divorce a été accordé !

-Me réjouir ? On tue au Champ de Mars, on est en guerre contre l’Autriche et le roi est emprisonné ! La vérité, c’est que les hommes sont devenus fous et tu me demandes de me réjouir ».

« On la double s’il vous plaît ! » Entre deux prises, les treize personnes qui encombrent la pièce, jusque-là immobiles dans leur fonction pour éviter de faire craquer le parquet, se déplient. Dimitri enfile une doudoune, Julie, une bouillotte sur la poitrine, retient un long châle sur sa robe.

Jusqu’alors accroupi dans un angle, Mathieu Busson garde son bonnet. Anne Wermelinger, la scripte, tourne les pages de l’épais script, Camille Pawlotskv, première assistante, annonce finalement : « Les comédiens partent en loge ». Les techniciens reprennent leurs marques... « Là, je me prends le jus ! », dit un machiniste.

Mené tambour battant, sous un ciel toujours clément, le tournage n’a connu aucun jour de retard, avec un budget de 3,2 millions d’euros. La région Occitanie y participe à hauteur de 250 000 €, soit 100 000 € au-delà du barème qui s’applique pour un film de télévision. L’élu régional Serge Regourd le justifie par « les questions d’égalité et de parité à l’œuvre avec cette personnalité qui fait partie du patrimoine historique et culturel, mais aussi par le tournage qui s’apparente au cinéma par les costumes et le nombre de décors ». Il précise : «Des son côté, la production a joué le jeu en faisant travailler un maximum de talents de la région, artistiques et techniques ».

La reine à la Reynerie

23 octobre, dernier jour de tournage au château de la Reynerie, quartier du Mirail à Toulouse. Cette folie de brique construite pour le mari de Jeanne du Barry (guillotinée en 1793) est le décor des Tuileries, où Olympe demande à rencontrer la reine pour lui soumettre sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « puisque le roi avait dû ratifier celle des Droits de l’homme », rappelle Julie Gayet. La rencontre n’aura pas lieu. Olympe de Gouges sera décapitée trois semaines après Marie-Antoinette.

« Olympe, une femme dans la Révolution » sera diffusé à l’automne prochain par France Télévisions. Une avant-première est prévue à Montauban, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, pour laquelle elle serait, sans aucun doute, montée à la tribune.

 Talents locaux

Le tournage d'« Olympe, une femme dans la Révolution » a fait travailler bon nombre de talents locaux... Notamment Mathilde Dromard, Inès Fehneret, la jeune Manon Dillies. En amont, Philippe Pangrazzi était aux repérages et Valérie Pangrazzi au casting. Ingénieur du son : Christophe Penchenat; scripte : Anne Wermelinger ; régisseur général : Nicolas Varoutsikos ; assistante déco et accessoires : Aurélie Jolibert, Victoria Sebaoul. Et l'agence Occitanie-Films a veillé à tout.

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