Quand Montauban soutenait Sacco et Vanzetti

Voici un article du Républicain qui n'est pas signé mais qui est sans doute d'un responsable de la Ligue des droits de l'Homme en l'honneur de Sacco et Vanzetti... sauf qu'ils n'étaient pas espagnols... JPD

Montauban pour les condamnés de Boston

Nous apprenons qu'un groupe assez important d’ouvriers montalbanais s'est réuni la semaine dernière, à là la Bourse du travail, pour protester contre l’exécution, des condamnés de Boston.

Cette manifestation est restée ignorée et nous ne l’avons apprise que par la lecture de l’ordre du jour inséré dans un journal local.

 C’est donc une simple note discrète et modeste que les organisateurs du meeting ont voulu apporter au concert douloureux, à la plainte de toute la conscience humaine et à l’appel à la pitié qui sont élevés dans le monde en faveur de Sacco et de Vanzetti.

Mais cette note n'en a pas moins son prix et partout où elle s'est fait entendre, comme à Montauban, en des accents émus et dans un simple geste de fraternité ouvrière il  faut l’approuver et l'applaudir.

La cause des deux condamnés a depuis longtemps ému les grandes associations de lutte contre les erreurs judiciaires telles que la Ligues des droits de l’Home dont le but d’ailleurs est de défendre tous les opprimés quels que soient leur parti et leur pays.

Plus récemment des philosophes et des penseurs, des écrivains réactionnaires, républicains, et des socialistes, dans un égal souci d’équité ont crié l’angoisse et l’indignation générales. Qui pourrait dire si le stigmate de honte et d’infamie que leur plume semblait tancer sur le nom et la mémoire du président Fuller, n’a pas ébranlé sa conscience plus que les bombes et les attentats dirigés contre sa vie ?

Il y a des juges qui redoutent davantage une souillure qu’une blessure et un des rédacteurs parisiens de ce journal disait récemment à propos de l’homme qui tient en ses mains le sort de Sacco et de Vanzetti, que toutes les menaces de mort agiront moins sur son esprit que la crainte de frapper des innocents.

Les intellectuels se sont donc émus au même degré que les prolétaires pour les deux anarchistes espagnols.

Tout permet de croire aujourd'hui que les ouvriers de la pensée, en mettant Fuller devant ses responsabilités et en le menaçant du verdict impitoyable que l’histoire humaine rendrait contre lui s’il restait insensible à leur raisonnement et inaccessible à la pitié ont mieux servi la cause de la justice et de la liberté que ceux qui emploient les moyens de brutalité et de violence.