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Vie de La Brochure
10 avril 2017

Le PS de juillet 1993 à février 1995

droite gauche

La défaite du PS aux législatives de 1993 devait signer la fin de ce parti. Les commentateurs, enquêtes, et articles en tout genre n’ont pas manqué. Avec des questions classiques. Pour remonter la pente le PS a décidé d’organiser des Etats généraux en juillet 1993.

Le Nouvel Observateur a lancé une grande enquête. Et le journaliste n’est pas avare de conseils : « Le « peuple de gauche » devrait donc, à l’avenir, se montrer réformiste, novateur, inventif. » mais malheureusement les enquêtes montrent qu’il est conservateur, frileux etc.

Conséquence de cette situation, le second tour des présidentielles de 1995 devait se jouer entre Chirac et Balladur.

 Les sondages étaient clairs encore début février 1995 comme celui-ci toujours sur le Nouvel Observateur.

Emmanuel Todd a été appelé à la rescousse, et tout en se méfiant des sondages il n’envisage qu’une hypothèse au second tour, Chirac/Balladur. Avec pour Chirac un seul espoir, que les soixante-huit tard se pensent encore jeunes !

Puis les votants écrivirent une autre histoire et le PS au nord du gouffre gagne les législatives anticipées de 1998 ! J-P Damaggio

sondage 1995

 Voici l’article du Nouvel Observateur du 2-8 février 1995.

UN PREMIER TOUR DIFFICILE POUR CHIRAC

Todd : « Tout dépendra des soixante-huitards»

Pour l'auteur de la fameuse

« note » qui explique la coupure entre le PS et les classes populaires, la génération des 45 ans arbitrera le duel Balladur-Chirac

Le Nouvel Observateur. — Dans notre sondage, les candidats de gauche rassemblent un quart des voix. Cela signifie-t-il que le décrochage entre les partis traditionnels — PS, PCF — et ce qu'il était convenu d'appeler le peuple de gauche s'accentue ?

Emmanuel Todd . — Au stade actuel de la campagne, alors que tous les candidats — et en particulier le candidat socialiste — ne sont pas déclarés, alors qu'aucun thème important — l'Europe ou la Nation, la politique économique, l'évolution du chômage — n'a été réellement abordé, les sondages ne veulent pas dire grand-chose. Plus exactement, ils reflètent l'opinion des classes moyennes. Ils expriment donc un vote conformiste.

Les classes populaires en revanche sont encore inactivées. Votre sondage ne permet pas de dire si elles iront vers le candidat socialiste, vers le Pen, vers une forme quelconque de néo-tapisme, ou vers Chirac.

N. O. — Dans une note à la Fondation Saint-Simon qui a fait quelque bruit, vous avez émis l'hypothèse que Chirac est « virtuellement de gauche », face à un Balladur et à un PS qui représenteraient les classes moyennes. Dans notre sondage, pourtant, il y a davantage d'électeurs de gauche favorables à Balladur qu'au maire de Paris.

E. Todd. — D'après votre sondage, une majorité d'électeurs de gauche ne savent pas ce qu'ils feraient en cas de second tour Balladur-Chirac. Ils ne sont pas capables de se projeter dans cette hypothèse. Si elle se produit, ils ne savent pas comment ils réagiront. Mon sentiment, c'est que ceux qui voteront Chirac ne savent pas encore qu'ils le feront.

N. O. — Vous privilégiez l'hypothèse d'un second tour Balladur-Chirac. Mais le candidat socialiste ne va-t-il pas finalement drainer l'essentiel des voix de gauche et accéder au second tour ?

E. Todd — La coupure entre le PS et les classes populaires est très profonde. En 1988, au premier tour de l’élection présidentielle, 42 % des ouvriers ont voté pour François Mitterrand. Au second tour, ils étaient 75 %. En 1994, aux élections européennes, 13 % seulement des ouvriers ont voté Rocard. Il y a un rejet du PS par la classe ouvrière. Mais il est vrai que le tour difficile pour Chirac est le premier. Attirer d'entrée des électeurs gauche et du monde populaire n'est pas évide pour un homme issu de la droite. L'attitude des classes moyennes socialistes est très incertain Les électeurs tapistes, ouvriers jeunes, sont imprévisibles. Je me bornerai à émettre ce pronostic : les électeurs de gauche qui ne rejoindront pas le PS seront clivés selon des critères de classe. Les classes moyennes suivront leur chemin, et les classes populaires leur.

Le seul élément des sondages actuels dont on peut penser qu'il restera vrai jusqu'au jour du vote, c'est que les vieux, les retraités, votent massivement pour Balladur, et les moins de 24 ans pour Chirac. Au fond si j'étais seulement démographe, je dirais que tout va dépendre des soixante-huitards de 45 ans. S’ils pensent qu'ils sont vieux, Balladur gagnera. S’ils pensent qu'ils sont jeunes, Chirac a une chance.

Propos recueillis par Hervé Algalarrondo. Emmanuel Todd est historien et anthropologue.

(Résultats final : Chirac 20%, Jospin 23%, Balladur, 18%, Le Pen 15%, Hue : 8%)

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