Poésie de Marcelle Duba
Pour préparer la conférence de l'ASPC de Mrcredi. JPD
Messager 31 octobre 1937
L'HEURE DOUCE
Un irisson court dans l’enceinte
Des Peupliers, des roseaux,
Chante, chante en demi-teinte
Ta monotone complainte,
Petite reine des eaux.
Chante rainette, c’est l'heure :
Le soleil de messidor
Sur les blés que l'ombre effleure
Tandis que le ruisseau pleure,
A fini de verser l’or.
Dans le grand ciel, que d’étoiles !
Que de doux yeux pleins d’amour
Qui pudiquement se voilent
Quand passent les blanches toiles
D’un beau nuage au long cours.
Un éclair surgit du fleuve :
C’est un phare aux feux mouvants
Rassurant les nuits d’épreuve,
Qu’il neige, qu’il vente ou pleuve,
Les grands oiseaux émouvants.
Le clocher monte la garde
Vêtu de rouille et de noir
Et la sirène s’attarde
Tant que la brise bavarde
A lancer l'appel du soir.
Dans l’enclos une par une
S’ouvrent les belles-de-nuit.
Amoureux du clair de lune
Loin de la foule importune
Un poète songe et fuit…
Au jardin voilé respirent
Hortensias et glaïeuls,
Tandis qu'au canal se mirent
Tous les astres qui s’étirent
Entre les bras des tilleuls.
Sous les fenêtres mi closes
Détaillent des violons.
Blouses blanches, robes roses
Dansent, tournent, font de pauses
Tel un vol de papillons.
Heure douce où l’on pardonne
En oubliant ses douleurs,
Où la main de Dieu qui donne
Tout au cœur qui s'abandonne.
En perles change les pleurs
Rainette, chante sans crainte
Sous la lunaire clarté
Ta monotone complainte
Des pauvres berce la plainte
Par nos belles nuits d’été.
Marcelle Duba