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Vie de La Brochure
24 février 2020

Ecoles à Charte aux USA

charter school

Aux USA, les familles les plus aisées échappent à l’enseignement public et gratuit en envoyant leurs enfants dans des Private schools. Équivalent de nos écoles privées, ces private schools sont par contre très onéreuses pour les familles puisque leurs prix oscillent entre 18000 et 35000$ par an/enfant. La classe moyenne et les franges plus modestes de la société américaine n’ont pas les moyens de s’offrir une école privée. L’école publique s’est peu à peu désagrégée au cours des années 80 d’où la création des Charter schools.

Voir article aux USA

Les premières écoles à charte sont issues du mouvement anticonformiste des années 60 (en France on dirait école Montessori). Depuis 25 ans, le concept a connu un détournement de sens : des éducateurs soucieux d’améliorer l’éducation dans les quartiers pauvres ont décidé de trouver une solution à l’extérieur de l’école privée. Ces écoles à charte nouveau genre sont entièrement financées par le secteur public, mais avec des fonds par élève en général amputés du quart. En contrepartie, ils n’ont pas à respecter les conditions de travail négociées par les syndicats. Elles ne peuvent toutefois choisir leurs élèves au moyen d’un examen d’entrée. S’il y a trop de demandes, il faut mettre sur pied une nouvelle école.

Difficile à suivre ?

Les écoles à charte représentent 2,3 millions d'écoliers pour le primaire et le secondaire (4 % du public) dans plus de 6 000 établissements, soit une hausse de 80 % depuis 2009 et jusqu’en 2016. Leur performance s'est améliorée, grâce à la fermeture des établissements mal gérés et l'afflux d'autres de qualité. 25 % des «charter schools» présentent aujourd'hui de meilleures performances que le public en matière de lecture et 29 % en mathématiques. Le président Barack Obama a été un inconditionnel du projet, et les sondés y sont favorable à 70%, contre 40% il y a dix ans.

Ces écoles subventionnées doivent être ouvertes à tous, laïques et sont des associations à but non lucratif. La contrepartie de cette autonomie est donc l’exigence d’une plus grande responsabilité des acteurs locaux.

Un enseignement cadré dans de petites structures : pas plus de 18 élèves par classe pour des établissements ne dépassant pas les 250 élèves.

Des professeurs engagés qui ne comptent pas leurs heures et déploient des trésors de créativité pour motiver leurs troupes.

Un travail en équipe par petits groupes de 3 à 5, afin d’équilibrer les capacités et de favoriser l’émulation propice à l’apprentissage.

Le critère de base : la qualité des résultats, qualité qui conditionne le droit au financement public par la charte. Ces écoles ont la liberté d'allouer les fonds comme elles le souhaitent et elles établissent leur propre budget. Carte blanche est donnée au directeur pour la souplesse des programmes pédagogiques, l'embauche du personnel et la levée de fonds supplémentaires, notamment pour enrôler des professeurs supplémentaires. Car le modèle coûte cher: 13.000 dollars en moyenne par élève (mais gratuites pour les familles). Placées sous régime contractuel, donc potentiellement non renouvelable, elles ont des obligations de résultats et peuvent être arbitrairement fermées.

 

La ministre de Trump : BETSY DEVOS

«Le statu quo en éducation n’est pas acceptable», a dit dès le départ Betsy DeVos, qui a annoncé un «changement transformationnel». La milliardaire de 58 ans, dont le mari est l’héritier de la fortune Avon, milite depuis près d’un quart de siècle pour le «choix en éducation», le slogan des partisans des écoles à charte. Après avoir travaillé pour la campagne infructueuse de Gerald Ford en 1976, elle a financé la campagne pour la loi autorisant les écoles à charte au Michigan, puis celle, qui s’est soldée par un échec, visant à amender la Constitution de l’État pour autoriser des bourses permettant aux enfants pauvres de fréquenter des écoles purement privées.

Second échec : son mari n’a pas réussi à se faire élire gouverneur du Michigan en 2006. Joignant le geste à la parole, elle a fondé une école à charte de niveau secondaire d’aéronautique. La Fédération américaine pour les enfants, qu’elle finance, a subventionné des candidats favorables aux écoles à charte dans beaucoup d’élections.

Pour ajouter à sa réputation sulfureuse, son frère Eric Prince est le fondateur de Blackwater, firme de sécurité privée qui a commis des bavures meurtrières en Irak.

QUELQUES ÉTATS CLÉS

En Louisiane, après la dévastation causée par l’ouragan Katrina, les autorités municipales de La Nouvelle-Orléans ont décidé de fermer les écoles ayant des résultats inférieurs à la moyenne de l’État et de les transformer en écoles à charte. Depuis, près de 95% des élèves de La Nouvelle-Orléans fréquentent une école à charte et les écoles de la ville sont passées du 67e au 45e rang sur les 69 régions scolaires de l’État. 

À New York, le gouverneur de l’État Andrew Cuomo a promulgué une loi obligeant la Ville à offrir gratuitement des locaux aux écoles à charte. Le Wisconsin, berceau du socialisme américain est paradoxalement l’un des hauts lieux des écoles à charte aux États-Unis. Près de 40% des élèves de Milwaukee, ville dont 45% de la population est noire, fréquentent des écoles à charte. Son voisin, le Minnesota, a été le premier à légaliser les écoles à charte, en 1991. Toutefois, seulement 7,7% des élèves de l’État fréquentent des écoles à charte.

Et à Washington, près de la moitié des élèves de la capitale fédérale, dont la moitié de la population est noire, fréquentent des écoles à charte. Elles ont été grandement aidées par le règne d’une grande avocate de la réforme de l’éducation, Michelle Rees, de 2007 à 2010, qui a instauré la rémunération au mérite dans les écoles publiques.

LES ÉTUDES FAVORABLES…

Le principal organisme d’évaluation des écoles à charte est Credo, à l’Université Stanford. Son dernier rapport affirme que 45% des élèves des écoles à charte ont des résultats similaires aux écoles publiques traditionnelles, mais à des coûts inférieurs de 24%. Une école à charte sur cinq a des résultats supérieurs et une sur trois, inférieurs. Les vétérans du domaine, deux chercheurs de l’Université de Californie du Sud, ont conclu à deux reprises depuis 2008 que l’impact positif se faisait surtout sentir à l’école primaire et dans les villes. Mais des économistes de l’Université Vanderbilt ont souligné en 2015 que malgré les résultats mitigés au secondaire, les écoles à charte avaient des effets positifs à long terme, augmentant de 10% le revenu de leurs anciens élèves au milieu de la vingtaine.

… ET LES ÉTUDES CONTRE

La principale critique envers les écoles à charte est qu’elles introduisent de l’instabilité dans le système scolaire, parce que certaines d’entre elles ferment pour des motifs financiers et qu’elles créent beaucoup de fluctuation dans la clientèle de l’école publique. De plus, elles privilégient les notes aux examens plutôt qu’une éducation moderne, alternative. Elles sont aussi moins transparentes, d’où des risques accrus de détournements de fonds, ce qui pourrait représenter 6,5% des budgets, selon un rapport de 2015 du Centre pour la démocratie populaire et l’intégrité en éducation, un groupe de réflexion de New York.

J-P Damaggio

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