PCF : Follin Sven à Montauban en 1953
Je trouve encore un document mal placé dans mes archives qui me détourne de mes études. Il est sur mon livre concernant les élections municipales à Montauban (p. 167) mais à l’époque je n’avais pas noté le cas de Follin Sven. Sur une liste du PCF avoir un chef de l’hôpital psychiatrique ne peut pas être un fait ordinaire. Et Follin Sven n’était pas un homme ordinaire.
Il n’est passé à Montauban qu’au plus deux ans (1952-1953) mais son engagement dans le PCF fut aussitôt important puisqu’il est candidat aux municipales (et élu par la proportionnelle) et membre du comité fédéral. Ami de Lucien Bonnafé et de Jacques Lacan il publiera plusieurs livres sur la psychiatrie et en particulier son bilan qui rassemble ses textes sur la psychose : Vivre en délirant. Voici les premières lignes du livre :
« Interne à Ville-Évrard, j'eus l'occasion de vivre une expérience aussi tragique qu'éclairante. L'une de mes malades devait y mourir, comme beaucoup d'autres, d'une tuberculose évolutive liée à la dénutrition. Elle vivait jusque-là en permanence sous camisole, les infirmières et le chef de service m'ayant rapporté que, libérée de tous liens, elle se jetait sur les autres malades ou sur le personnel pour leur déchirer le visage. J'avais tenté à plusieurs reprises d'entrer en contact avec elle, mais n'en avais jamais reçu que des regards fulgurants angoissés et un galimatias explosif où les syllabes même n'étaient plus guère décelable. Elle mourut un soir alors que j'assistais aux conférences de Henri Hey. A mon retour dans le service, les infirmières me racontèrent que durant la demi-heure qui précéda sa mort, elle avait parlé normalement, allant jusqu'à s'excuser même des ennuis qu'elle leur avait causés pendant tant d'années. C'est ce jour-là où j'ai véritablement compris à quel point l'enfermement des malades mentaux, fonctionnant comme un exil, n'aboutissait pas seulement, en période de crise du moins, à un véritable assassinat par la faim, mais encore que la structure de ces établissements, devenus hôpitaux en 1937, étaient aliénante et source de leur déchéance. L'évolution démentielle d'une part, et peut-être aussi la chronicité de certains délires, pouvaient résulter d'une adaptation parfois trop complète des malades à l'institution. »
Après Montauban Follin Sven va rejoindre la région parisienne. Le Maitron lui consacre une importante notice écrite par Danielle Papiaud et qui débute ainsi :
"Né le 20 avril 1911 à Tunis (Tunisie), mort le 10 octobre 1997 Paris ; psychiatre ; membre du Front national universitaire ; militant communiste (1935-1959), membre de la commission nationale des médecins du PCF (1948-1952) ; membre du syndicat des médecins des hôpitaux psychiatriques."
Son passage à Montauban est évoqué ainsi :
« Secrétaire de cellule de l’hôpital de Montauban, ill devint membre du comité fédéral du Tarn et Garonne en 1953 puis conseiller municipal de la ville de Montauban. Membre du bureau départemental du Mouvement de la Paix il dénonça l’utilisation des armes bactériologiques lors de la guerre de Corée.
A partir de 1956 il devient un communiste critique dans la lignée d’Henri Lefebvre.
A-t-il laissé des souvenirs à Montauban ? J-P Damaggio
Pour une meilleure lecture de la liste :
Liste communiste 26 avril 1953
Liste d’union ouvrière et démocratique de défense de la paix, des libertés et pour la reprise économique de Montauban
Juge Pierre, ancien député, conseiller municipal sortant
Vignogoul Jean, instituteur, Fonneuve, conseiller sortant
Vié Roger, artisan sellier, conseiller municipal sortant
Caors Maurice, employé PTT, conseiller municipal sortant
Allamigeon François, chef magasinier
Oustrières Marguerite, ménagère
Mercadié André, instituteur au Fau
Follin Sven, médecin chef hôpital psychiatrique
Chambart René, boucher
Guiral Georges, maraîcher au Cammas
Cazes Arsène, représentant
Marcon, Léo, cheminot
Salesses Clément, ouvrier
Artus Sylvain, agriculteur
Bories Marcel, menuisier
Bonnemaison Raoul, retraité
Bourdoncle André, cheminot
Cassagneau Marcel, retraité
Castan Félix, instituteur
Dhinaut Gaston, retraité
Gandon Henriette, infirmière
Gardes, Roger, coiffeur
Henry Aimé, menuisier
Lacroix Juliette, employé PTT
Monfraix Adrien, cheminot
Moreno Emmanuel, retraité
Portal René, employé
Raujol Paul, employé PTT
Raynal Léon, commerçant Place Nationale
Souleil André, cheminot
Vidallet Georges, employé PTT
(imprimerie de Lalande