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Vie de La Brochure
13 août 2020

Alexandra Myrial et Elisée Reclus

Stierlé

J'aurai pu découvrir Alexandra David-Néel sans aller jusqu'à Digne, il me suffisait de suivre les efforts de Christian Stierlé à l'Académie de Montauban (voir titre de sa conférence) sauf qu'en fait ce n'est pas tant la voyageuse qui me passionne que la féministe. Bien sûr, il n'y a pas de coupure entre les deux, mais je sais très bien qu'on peut parler de la voyageuse sans évoquer la féministe.

En attendant que je développe ce point, voici, pour le détour libertaire, la préface d'Elisée Reclus à sa première brochure Pour la vie. JPD

 PRÉFACE de la première édition de « Pour la Vie »

Ceci est un livre fier, écrit par une femme plus fière encore. Pour la Vie n'a donc besoin d'aucune préface; mes paroles seront ici parfaitement superflues. Je les donne néanmoins puisque j'y suis convié, mais à titre d'ami seulement et pour chanter en sourdine quelques notes à l'unisson de la belle voix qui nous entonne harmonieusement l'Hymne à la Vie.

—        Homme, où iras-tu ?

—        Sous le ciel !

—        Où vivras-tu ?

—        Sur la terre !

—        Qui te guideras ?

—        Moi-même ! »

Tel est le thème en son audacieuse simplicité ! C'est bien, et moi aussi je suis heureux de chanter la vie, cette vie qui sera si bonne... quand tous auront du pain et la liberté.

En attendant, n'oublions pas que jamais nous ne pourrons conquérir ce pain et cette liberté pour nous tant que nous serons des couards, n'osant pas même penser nos pensées et vivre de vie propre, tant que nous compliquerons notre morale de préjugés, de faux respects et de faux devoirs, tant que nous éviterons de nous conduire vaillamment en une belle harmonie avec notre vraie nature.

Quand on nous raconte l'histoire des veuves hindoues qui se faisaient une pieuse obligation de monter sur le bûcher de leur mari, nous manifestons un étonnement naïf comme si nous n'étions pas nous-mêmes des êtres assez déments pour nous offrir en victimes volontaires, pour nous suicider, non en vertu d'une belle œuvre, mais en vertu de niaiseries, de vanités ou de mensonges. Que resterait-il de nos existences à chacun de nous si nous en retranchions les heures pendant lesquelles nous avons simulé une mentalité et une moralité qui ne sont point nôtres ? Nous sommes habitués à porter le masque, si bien qu'il nous paraît étrange de laisser voir notre vraie figure, de proclamer d'une voix franche et personnelle ce que nous savons être la vérité. Par veulerie, nous n'avons même pas la chance d'être bons quand nous voudrions l'être. Il nous semble plus «distingué» d'être banal, neutre, médiocre, de nous assouplir aux recettes de la vertu domestique et du bon ton, comme on le professe sous la coupole de l'Institut !

Mais les temps viendront où le chant de triomphe de notre amie sera entendu, où nous comprendrons la voix franche qui nous appelle à vivre sincèrement, joyeusement notre véritable vie ; et nous répéterons avec elle :

Le but de l'homme est d'être lui-même ;

Le but de sa vie est de ne pas être mort en paraissant vivre.

Elisée RECLUS

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