Marcel Maurières, un facilitateur ?
Malgré les conditions sanitaires, grâce à la Compagnie des écrivains, l’hommage à Marcel Maurières a pu rassembler un public divers, motivé et ému. Je ne vais pas revenir sur ma propre intervention qui s’appuya sur le contenu de mon livre et braqua le projecteur seulement sur quatre points, l’enfance, l’école, le sport et la santé. Je souhaitais surtout entendre les témoignages des présents.
Je note d’abord celui d’un élu de Léojac où par accident Marcel est devenu maire le temps d’un mandat. Je n’avais jamais eu l’occasion de découvrir cette facette du personnage. Résultat ? «Quelqu’un qui entrait dans la mairie avec les crocs en sortait apaisé ! » «Une tape sur l’épaule et tout allait pour le mieux». Mais plus concrètement fut rappelé son action pour défendre l’école par le regroupement avec l’école voisine. J’ai moi-même eu l’occasion de le voir à l’œuvre dans deux autres regroupements : La Salvetat-Belmontet, Charros-St Nauphary. La défense de l’école rurale était une obsession, pas en paroles mais en actes. Autre acte plus classique, la réalisation d’un bulletin municipal. Sauf que pour lui qui réalisa aussi un bulletin de circonscription quand il est devenu Inspecteur primaire, l’idée n’était pas la propagande mais la mise en commun du savoir. Je me suis dit qu’un nouveau livre pourrait éclairer son action municipale où nous retrouverions ce qui a fait l’unanimité des intervenants : la modestie du personnage.
Le hasard a voulu qu’un de ses collèges à Montauban en tant qu’inspecteur avait été dans sa circonscription de l’Aisne sans qu’ils se rendent compte de cette communauté de destin. Et à parler des questions de l’Inspecteur une question est venue sur sa conception de l’inspection. J’ai été inspecté par lui et sur ce point comme sur les autres, il n’était pas là pour sanctionner mais pour partager le savoir. N’allez pas conclure qu’il était un laxiste parce qu’il prenait les problèmes avec «philosophie». Il diagnostiquait les difficultés, il avait en tête le remède possible et entre les deux moments il usait de… pédagogie. Lui n’étant pas un adepte de la hiérarchie, a-t-il pu souffrir de la hiérarchie au-dessus de lui ? Il a été rappelé qu'il a eu deux inspecteurs d’académie, M. Nouvel et M. Loubès qui travaillaient dans le même esprit que lui.
Question sur le destin de ses frères et sa sœur ? Je n’ai pas étudié cette question que j’ai confondue au départ avec une question sur le destin de ses propres enfants mais fort heureusement il y avait des membres de sa famille qui ont apporté quelques lumières.
Un témoignage aussi sur la réalisation du livre sur la Résistance en 1984 qui n’a pu être possible que grâce au travail et au dévouement de la secrétaire de la fédération du PCF. Marcel ne tapait pas à la machine et en effet sans cette aide technique le livre n’aurait pas été réalisé mais ajoutons que cette aide n’était pas seulement technique mais constituait une incitation à y travailler.
J’ai alors ajouté qu’il était un facilitateur mais aussi un incitateur. Sur cette commission histoire du PCF qu’il a tant animé, je peux faire observer que du jour où j’ai quitté le PCF cette commission a sommeillé car Marcel était le point d’équilibre entre deux vieux dirigeants à la conception étroite de l’histoire, et moi-même qui tenait à la concevoir dans son ensemble.
Plusieurs autres questions ont été évoquées mais le plus souvent elles concernaient surtout des périodes que je n’ai pas étudiées. Prenons la question de Georges Passerat qui avait fait le déplacement, sur la participation à la Résistance : je ne peux répondre que par le passage de l'autobiographie de Marcel or il faudrait pouvoir le confronter à celui d’autres personnes et à celui d’autres éléments sur Castelsarrasin, ce que j’ai fait pour saisir le cas de son enfance. En conclusion, il pourrait y voir un livre sur son combat pédagogique (qui lui tenait tant à cœur), sur son action de journaliste au Patriote, sur sa célébration régulière du livre et de la lecture... J-P Damaggio