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Vie de La Brochure
15 mars 2021

L’étrange passe au rugby de Maso

Maso

Je me pose des questions au sujet de ce sport si étrange pour le commun des mortels et dont gamin j’avais intériorisé les règles. J’étais alors un admirateur de Jo Maso sans trop savoir pourquoi mais il est toujours resté présent en ma mémoire même presque 60 ans après ! Je viens de lire un journaliste de Libération Philippe Rochette qui a publié un très bel article le 6 février 1999 dont j’extrais ce passage :

«Jo Maso est inoubliable, mais c'est à peine racontable. Expliquer qu'il pouvait cadrer trois défenseurs sur dix mètres, au jour d'aujourd'hui, ça pourrait passer pour une statistique. Décrire sa course, sa PASSE, ça ne dirait plus rien. Ce serait dérisoire, et on emmerde toujours la jeunesse avec les charmes d'autrefois. Pourtant, la passe de Maso, c'était un plaisir intense, un trait précis, au bon moment, au bon endroit, et le jeu en était transformé. Mais une passe, si c'est quelque chose de très matériel, ce n'est pas un objet que l'on peut conserver pour le contempler. Une passe, c'est un moment dans la vie d'un type, et il pourrait bien en avoir fait des tas, ça ne deviendrait pas plus consistant pour autant. La chose «passe», ce qu'il en reste, c'est seulement le mot, en jouant sur tous les sens, en déclinant tous ses dérivés: passeur, passant, passé. Et tout compte fait, puisque c'est un moment, c'est voué au passé. Comme une vie de champion. Un jour, encore jeune, il s'arrête et il n'est plus le même. Jo Maso, qui a la même silhouette et le même visage qu'autrefois, qui courait vite, d'une foulée souple, les épaules mouvantes et les bras émouvants, fait du vélo dans les collines derrière chez lui, à Villeneuve-lès-Avignon, parce que là-haut, les pinèdes sont jolies.»

Ce n’est pas le premier écrit qui témoigne au sujet de l’importance de la passe et le simple spectateur va répondre que dans tous les sports collectifs, il y a des passes et qu’en conséquence pourquoi en faire tout un plat ? Car cette passe est unique et celui qui a inventé cette règle est un génie : il faut faire une passe en arrière pour aller de l’avant. Le rugby avait déjà ce ballon ovale peu classique et s’il a été adopté par les USA ce fut à condition de pouvoir faire des passes dans tous les sens. La passe en arrière y était inadmissible. En plus, elle a de par le geste une esthétique propre, unique, comme un geste de danseur.

J’écris là des banalités mais qui viennent juste de me sauter à la figure ! Le rugby d’aujourd’hui a réduit la passe à presque rien. Je pose la balle au sol, un autre la ramasse, il fonce dans le tas puis ça recommence… A un moment, la passe reprend ses droits mais si peu… Comme disait Sitjar : ce n’était pas mieux hier, c’est juste différent aujourd’hui… Et il y a des raisons. JPD

P.S. Le dessin date de novembre 1967, sur La Dépêche du Midi à un moment où Maso hésite entre le n° 10 et le 13.  Maso était d'origine catalane espagnole mais comme me l'a fait observer René Merle, autant le rugby est puissant à Perpignan autant il est inconnu à Barcelone, car l'identité même catalane n'est pas sans être marqué par les frontières.

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