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Vie de La Brochure
25 mars 2021

Michéa, la guerre civile et les islamistes

Avec Jean-Claude Michéa[1] j’ai compris enfin la phrase de Pascal comme quoi la guerre civile «est le plus grand de tous les maux».

«À la différence, en effet, des guerres classiques — qui peuvent engendrer, à l'occasion, un resserrement des liens communautaires —, une guerre civile (et plus encore lorsqu'elle est idéologique) se caractérise d'abord par ses effets socialement destructeurs. Non seulement parce que ses clivages traversent alors les différentes classes sociales elles-mêmes (noblesse, bourgeoisie et paysannerie catholiques contre noblesse, bourgeoisie et paysannerie protestantes). Mais aussi, et surtout, parce qu'elle conduit presque toujours à désorganiser les solidarités traditionnelles les plus solides, à l'image, par exemple, de celles qui rendent possibles les relations de voisinage ou la vie familiale (« le fils s’arme contre le père, et le frère contre le frère» selon une formule célèbre de l’époque).»

 A lire ces lignes j’ai enfin compris la chanson de Jean Ferrat, Maria. «L’un était rouge et l’autre blanc» et moi qui était du camp des rouges je m’étonnais que Ferrat renvoie dos à dos le fasciste et le républicain. J’en déduisais qu’il s’agissait d’une chanson sentimentale poignante sur la douleur d’une mère. En fait dans une telle guerre s’il existe des vainqueurs et des vaincus, au sein du peuple il n’existe que des vaincus même si ceux qui doivent fuir l’Espagne sont le plus souvent deux fois plus vaincus que ceux qui vont y rester et subir la loi si terrible du vainqueur. Une guerre civile n’a jamais de fin !

Pour la guerre en France entre protestants et catholiques j’avais noté avec Mary-Lafon qu’elle traversait toutes les classes sociales.

Les USA ont eu la leur avec la guerre de Sécession.

L’Algérie a eu la sienne si difficile à nommer qu’on l’appelle la décennie noire.

Pour l’Espagne Ferrat parle de guerre civile et je sais les limites de l’expression qui masque l’intervention étrangère de Salazar, Hitler et Mussolini avec des Marocains contraints de servir comme soldats. Mais les troupes d’Hitler n’ont pas envahi l’Espagne comme elles envahiront ensuite la France ce qui a conduit à une résistance nationale, tout partis républicains plus ou moins confondus.

 Et je comprends mieux pourquoi Michéa est un adversaire déterminé des islamistes. Leur fonction partout dans le monde est de créer des guerres civiles pour abattre les réalités nationales obstacles à leur rêve de domination générale. Et ils peuvent grandir et grandir car ils rencontrent deux phénomènes extérieurs allant dans leur sens : la domination capitaliste qui veut également abattre les réalités nationales au nom de la loi internationale du marché, et des forces progressistes qui croient en la juste abolition des frontières.

La question n’est pas de savoir ce que pèsent les islamistes en France mais de mesurer comment une spirale peut se mettre en place dans un contexte donné, quand l’extrême-droite et l’extrémisme religieux se renvoient la balle à merveille, dans un monde qui le favorise ! Oui, il existe parmi les guerres une hiérarchie. Jean-Paul Damaggio



[1] Le Loups dans la bergerie p. 17-18

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