Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie de La Brochure
7 juin 2021

De Roland Garrigues à Jean-Luc Mélenchon

Roland Garrigues

Après sa défaite aux élections municipales de 2001 Roland Garrigues décida de publier un livre que je garde de toujours sous la main : Miroir aux alouettes. Acte très rare d’un homme politique qui n’utilise généralement le livre que pour préparer une campagne électorale.

A la fin il y a tout un chapitre sur les questions dite de «sécurité» et de relation avec la police, pages qui aujourd’hui prennent une saveur nouvelle. Mais je vais m’en tenir à un point précis :

«Cependant, subsistent des points d'interrogation, et rien ne m'empêchera de considérer troublante l'affaire du Marignan, agression d'un cafetier le 7 mars 2001, la veille de notre meeting, à quatre jours du premier tour. Juste le temps de laisser se développer la colère des commerçants et de démontrer l'impuissance coupable des autorités. Je reste persuadé que cette agression gratuite, mais spectaculaire, avec des photos de la victime parues dans un journal populiste local, est un coup tordu et bien monté. J'affirme de plus que l'incendie des locaux du RPR, bien mieux qu'une loi d'amnistie, a effacé toutes les traces de ces turpitudes, sur lesquelles, personne n'a scrupuleusement enquêté. J'ose faire le parallèle avec ce qui s'est passé à Nanterre pendant les présidentielles de 2002. En tout cas, cela apportait de l'eau au moulin du seul argument de la droite : l'insécurité. Insécurité mise à toutes les sauces !»

Je ne sous-estime pas l’effet de cette affaire, je ne néglige pas la position ambigüe de Brigitte Barèges qui en tant qu’avocate défendait une victime de l’insécurité, et qui en tant que candidate faisait de l’insécurité son cheval de bataille. Je constate seulement que dans le livre, Roland Garrigues fait de sa défaite, une affaire locale, quand en 2001, la défaite du PS à marqué tout le Sud-ouest ! Une défaite qui annonçait celle de Lionel Jospin l’année suivante ! 

 Voilà que Mélenchon fait de l’acte de Mohammed Merah une affaire franco-française pour peser sur les élections en suscitant la haine contre les musulmans. Mohammed Merah est mort le 22 mars 2012 à Toulouse à la suite d'un assaut du RAID et son acte s’inscrit dans une longue suite d’attentats islamistes à travers le monde. Que de tels attentats viennent croiser un calendrier électoral, vu leur fréquence c’est plutôt inévitable ! Hollande aurait-il donc gagné grâce à Merah ? Aznar en Espagne peut considérer que les attentats d’Atocha du 11 mars 2004 lui ont fait perdre le pouvoir, là aussi au bénéfice du PS en la permsonne de Zapatero. Sauf qu’il a lui-même contribué à sa perte en déclarant que les attentats étaient le fait de Basques et non d’Islamistes !

Je ne vais pas me joindre à la volée de bois vert qui s’est abattue sur Mélenchon aussitôt, car elle s’inscrit dans le débat pourri auquel nous assistons. J’appelle «débat pourri» le fait de combattre le mal par le mal ! Ils dénoncent le FN en espérant l'avoir comme seul adversaire au second tour ! La Dépêche d'hier donnait deux pages à Carole Delga pour enfoncer ce clou !

Dans le cas des attentats islamistes la question cruciale n’est pas de savoir s’ils sont oui ou non programmés en fonction du calendrier électoral français, mais de les inscrire dans une stratégie internationale qui met sur le même plan 100 morts au Burkina, un mort en France et tant d'autres ailleurs. A partir du moment où Mélenchon a accepté de se rallier, par des raisons tactiques internes à LFI (voir mon livre sur LFI), à l’idée que l’islamophobie était surtout la marque d’une haine des musulmans, et non la stratégie islamiste usant de cette haine ancienne pour célébrer l’islam fondamentaliste, il a décidé de dériver en tentant de surfer sur cette vague négationniste.

Un débat est pourri quand les hommes politiques, pris dans leurs contradictions, délaissent l’explication politique pour la réduire à des manœuvres, manœuvres qu’ils combattent par des… manœuvres !

 Je reviens au livre de Roland Garrigues qui pointe le rôle des syndicats de police, le rôle des médias locaux, le rôle des tractations, pour expliquer son échec, autant de faits utiles à la réflexion s’ils étaient inscrits dans une alternative politique. Mais Madame Tatcher avait raison, il n’y a plus d’alternative ce que des millions de gens affirment en cessant d’aller voter. Autrefois l’abstention était celle de l’électorat d’extrême-droite, et à présent c’est celui porteur des valeurs de gauche. J-P Damaggio

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie de La Brochure
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 023 858
Publicité