Les débuts de Zadkine
Une anecdote sur un journal que je ne connais pas avec en illustration un photo d'un momunent de Bourdelle que nous avons prise à Buenos Aires. J-P Damaggio
Aux Ecoutes 20 mai 1923
Un nouveau salon
Ce nouveau salon des Tuileries enterrera-t-il tous les autres ? Il est, en tout cas, d’une qualité infiniment supérieure. Et l’on s’agite dans le marécage du Grand Palais.
Une jolie amitié présida aux aménagements des baraquements. Il n’y eut aucune histoire, sinon, bien entendu, entre étrangers.
Mme Ghana Orloff et M. Zadkine se disputaient le centre de la salle cubiste, chacun voulant y placer une de ses sculptures.
— J’ai choisi la place le premier, dit M. Zadkine.
— On ne prend pas les places à la course, répliqua Mme Orloff, sans quoi M. Denis Puech, qui a de longues jambes, prendrait celle de M. Bourdelle.
— Si vous étiez un homme, je vous giflerais, madame !
— Si vous étiez une femme, je vous arracherais les cheveux, monsieur !
— Si vous ne vous mettez pas d’accord, dit un des administrateurs, je donnerai la place à un sculpteur français...
Devant cette redoutable perspective, chacun se tut. Et Mme Orloff recula un peu sa bonne femme de bois, pour que M. Zadkine put mettre à côté son bonhomme de pierre taillée.
Le maréchal Joffre inaugura la statue du général argentin qu’expose M. Bourdelle.
Il lut un discours, en s’y reprenant à plusieurs fois. M. Bérard improvisa.
Puis, le sculpteur expliqua les allégories : quatre belles figures à placer aux quatre coins du monument.
— Pourquoi sont-elles nues ? demanda la comtesse X...
— parce que ce sont des femmes de Bourdelle, lui répondit à l’oreille le président Albert Besnard...