Le dernier livre de Roland Courdesses

Les lecteurs de Roland Courdesses ne seront pas surpris par la publication de son dernier récit «Au bon temps du «bout de la ville»» et pourtant ils le seront aussi ! Ils ne seront pas surpris car la commune de Molières et ses environs en est toujours le cœur même. Le sujet est traité sous l’angle historique à partir de souvenirs très précis qui disent bien la passion du gamin y venant en vacances, et qui voulait tout capter de cet univers.

Ils seront surpris car au-delà des querelles propres à de telles communautés rurales, le souvenir du «bon temps» rend cet univers plus tendre. Il ne s’agit pas de nostalgie – même si elle a droit de cité – mais d’une tendresse pour une vie perdue dont les valeurs gardent toute leur saveur. Prenons l’exemple du Comice agricole évoqué en un court paragraphe, il apparaît avec un élément très personnel, unique. Et c’est ainsi pour tout le livre : toute la vie locale mentionnée c’est aussi celle que j’ai connue à Réalville, elle est celle de tout un monde, mais à chaque fois une tonalité personnelle l’a fait plus attachante. Pour comprendre l’état d’esprit, je cite cette phrase que je trouve significative :

« Mon récit n’échappe pas à la règle : tout n’y est pas parole d’Evangile (ce qui serait quand même un comble pour un mécréant de mon espèce, plus canard sauvage qu’enfant du Bon Dieu). Mais dans l’ensemble, à défaut d’être fidèle à la stricte vérité qui a toujours du mal à résister à la subjectivité de chacun, je crois l’être à mes souvenirs, avec toute la difficulté qu’il y a à mettre le mot juste sur ces images dont la netteté s’efface peu à peu, comme un paysage à la nuit qui tombe. Et ces visages qui se floutent, ces voix devenues inaudibles, ce décor qui rapetisse à mesure que l’on grandit ! »

Modestie, fidélité, mémoire, les trois axes qui font que ce livre se lit d’un trait ! J-P Damaggio