Le colonel Jean Aliès

Le hasard a voulu qu’en 1979, quand pour la première fois j’ai rencontré à Laguépie Raymond Granier, comme j’étais alors le gendre d’Ezide Aliès, il me montra des documents concernant les Aliès orfèvre à Saint-Antonin autour de 1600. J’ai alors entrepris un arbre généalogique de la famille mais sans pouvoir remonter aussi loin et de toute façon les orfèvres étaient d’une branche différente sur une commune où le nom Aliès est très présent (parfois avec deux ll).

En conséquence j’ai lu avec grand plaisir le livre de Brigitte Laubser-Malvy sur Le Colonel Jean Aliès orfèvre et soldat de Saint-Antonin (1761-1826).

Sur la base de documents d’histoire la biographie du Colonel est romancée. Il a fallu un gros travail pour amasser de la documentation sur le travail des orfèvres, fait qui reste mystérieux pour moi dans une ville comme Saint-Antonin.

Pour raconter l’histoire de Jean on remonte d’abord à l’histoire de son père Bernard, une famille de protestants. On voit vivre la cité au fil des jours avec deux ruptures professionnelles : Bernard veut devenir orfèvre pour renouer une tradition familiale alors que son fils tout en faisant un peu le métier a surtout voulu être soldat et la Révolution va lui ouvrir une carrière exceptionnelle.

Cette période de l’histoire de France est à mes yeux cruciale et la vivre à partir du cas de Saint-Antonin est une façon très originale car avec un tiers de protestants même en 1770, elle ne pouvait que s’engager fortement dans la Révolution et Jean Donat le démontre de belle façon.

Le jeune Jean Aliès devenant soldat la documentation doit se porter loin de la petite ville du Rouergue et on suit avec intérêt le parcours de cet homme qui nous devient familier au fil des pages.

Comme erreur historique j’ai noté seulement la mention page 32 du canal de Montech arrivant à Montauban. J’ai longtemps cru moi aussi que le canal latéral était la suite logique du canal du Midi or il faudra plus de deux siècles avant que l’œuvre de Riquet (Sète-Toulouse) aille jusqu’à Bordeaux.

Par hasard j’ai retrouvé chez Jean Donat la mention de la naissance de jumeaux de Jean Aliès :

2 messidor an Il (20 juin 1794)

« L'an second de la République, et le deux messidor, à onze heures du matin, à Libreval, ci-devant Saint-Antonin de l'Aveiron, dans la maison commune, en défaut d'officier public, par devant moi, Jean Coste, l'un des notables de la commune de Libreval, a comparu Marie Cassan, sage-femme, épouse de Jean-Baptiste Migeon ; laquelle, assistée de Bernard Aliès, ancien orfèvre, et de Jean Sarremejane, propriétaire-cultivateur, son ami, majeur de plus de vingt et un ans, tous domiciliés au présent lieu de Libreval, m'a déclaré qu'Anne Aliès-Tote, épouse de Jean Aliès, fils dudit Bernard, et commandant en chef du premier bataillon des volontaires de l'Aveiron, actuellement à Montpellier, est accouchée ce matin, à sept heures, dans son domicile, audit présent lieu, place du Mazelviel, de deux enfants mâles, jumeaux, nés un quart d'heure l'un après l'autre, et auxquels il a été donné les prénoms, savoir: au premier né de Serpolet-Phocion, et au second né de Cumin-Miltiade. [En renvoi et en marge : « Nés le dit jour, celui-là à 7 h. du matin, et celui-ci à 7 h. 1/4, aussi le matin »].

Cumin Miltiade est décédé assez vite en l’an III de la république le 6^ème jour des complémentaire [de fructidor] [22 septembre 1795] et là Jean Aliès est présent en tant que chef de la Seizième brigade avec Jean Rauzet cordonnier son voisin.

De ce fait il n’est pas présent dans le livre mais son frère Serpolet-Phocion l’est et on retrouve son acte d'un décès qui sera si douloureux pour son père puisqu’il meurt soldat alors que lui le père fut épargné par ce triste sort malgré ses nombreuses batailles.

Article de La Dépêche

Brigitte Laubser-Malvy est l’auteure d’un livre édité par les Amis du Vieux Saint-Antonin, sur la vie de Jean Aliès qui s’engagea dans les armées napoléoniennes.

 La société des Amis du Vieux Saint-Antonin vient d’éditer le livre de Brigitte Laubser-Malvy "Jean Aliès, orfèvre et soldat de Saint-Antonin" (1761-1826) qui nous raconte tout autant ces épisodes militaires que la vie à Saint-Antonin au tournant du siècle.

 Jean Aliès est issu d’une vieille famille protestante de Saint-Antonin. Son père voulait qu’il soit orfèvre comme lui. Mais Jean rêvait d’être soldat pour servir son pays. Il est devenu orfèvre, puis s’est engagé dans les armées du roi. De retour à la vie civile, il a été rappelé sous les drapeaux par la jeune Révolution, a suivi Bonaparte en Italie, où il a gagné ses galons de colonel et a connu les affres de la guerre, mais n’a jamais oublié sa famille, son terroir, ses valeurs.

 L’auteure précise : "À la tête de son régiment de fantassins, Jean Aliès, le colonel, avait contribué à offrir à la France plusieurs victoires en Italie, dont celle de Bassano en 1796, à la suite de laquelle il avait été nommé commandant de cette place."

 À la fin de ses études de droit, Brigitte Laubser-Malvy quitte la région parisienne pour l’Allier, où elle consacre plusieurs années à la peinture et à la tapisserie avant d’intégrer l’Education nationale. Elle se mobilise aujourd’hui pour la défense du patrimoine bâti et l’Histoire de sa région d’adoption, le Bourbonnais, sans oublier ses origines familiales et son profond attachement à Saint-Antonin-Noble-Val.

 "Pourquoi exhumer cet ancêtre aujourd’hui ? Je n’ai pas souhaité faire là uniquement un devoir de mémoire, nourri des recherches généalogiques ou historiques. Je veux avant tout raconter une histoire, avec des moments heureux et des périodes sombres, avec des personnages soumis aux aléas de l’existence, comme dans les contes, comme dans la vie." À travers cette biographie de son ancêtre, Brigitte Laubser-Malvy nous plonge dans le Saint-Antonin de la fin du XVIIIe siècle.