Pierre Milan dans l’Aude

Livre : Espéraza, essai historique par Jean Fourié

Lancé dans l’étude de la Chapellerie je ne pouvais faire l’impasse sur le cas d’Esperaza dans l’Aude où je retrouve un personnage qui a eu un très grand rôle à Caussade et Septfonds, le dirigeant syndical Pierre Milan.

Ce livre me rappelle les immenses grèves d’avant 1914, la chapellerie d’Espéraza n’ayant pas été à l’écart avec une grève de 7 mois en 1910. Le livre raconte en détail cette grève énorme mais les ouvrières n’y apparaissent que deux fois au détour d’une phrase et elles sont absentes des images des illustrations. Je retiens ici le passage sur Pierre Milan. J-P Damaggio

« Dans l’arrondissement de Limoux et principalement dans le Kerkorb, région possédant plusieurs usines de draps et de lainages, durant l'été 1899, est embauché un ouvrier chapelier du nom de Pierre Milan. Militant

convaincu et dynamique, ce nouveau venu ne tarde pas à créer à Chalabre un embryon de noyau Cégétiste, multipliant les conférences, organisant des meetings, distribuant des tracts, s'efforçant de pousser les salariés à s'interroger sur leur sort et à demander une plus juste répartition des richesses et des conditions de travail améliorées. Bien entendu, les patrons ne voient guère d’un bon œil contester leurs droits et mis en cause leur autorité ; aussi, l’année d'après, pour un motif quelconque, Pierre Milan est renvoyé et s’expatriera dans la région parisienne où il aura une carrière de syndicaliste exceptionnellement brillante puisqu’il deviendra après la guerre de 1914 - 1918 Secrétaire général de la Fédération CGT de la chapellerie et participera à ce titre aux accords de Matignon en 1936.

Une timide implantation de la CGT aura lieu à partir de 1906 dans les principales villes industrielles de la Haute Vallée de l'Aude. Le 18 juillet 1909 s’ouvre à Espéraza le XlVème congrès de la Fédération nationale de la chapellerie ; c'est là un évènement considérable sur le plan local puisqu'il attirera vers le syndicalisme un assez grand nombre d'ouvriers jusqu’alors indécis, engendrant une prise de conscience dont les aspirations vont se concrétiser rapidement et avec une surprenante volonté d’aboutir. Ce congrès, où s’affrontent les thèses révolutionnaires de certains délégués intransigeants et les pratiques plus conciliantes, et par là-même, plus réalistes, d'autres membres d’obédience principalement socialiste, sert de catalyseur à la matérialisation de revendications longtemps accumulées : réduction des horaires de travail, lutte contre l’augmentation du coût de la vie, problèmes de la mécanisation du travail. »