Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie de La Brochure
4 février 2022

Castelsarrasin : 70 ans après la grande inondation

marceau faure

J'ai souvent évoqué cette inondation et il est donc judicieux de l'avoir rappelé dans La dépêche par ce bel article. Je reviendrai sur la question JPD

La Dépêche Publié le 03/02/2022 

Dans la mémoire collective des Castelsarrasinois, la date du 4 février 1952 résonne encore douloureusement. Ce fut une des crues de Garonne les plus destructrices, avec un lourd bilan humain. Soixante-dix ans après, nous refaisons le récit de ces heures tragiques en nous plongeant dans les archives de "La Dépêche".

Ce 4 février marque un triste anniversaire pour Castelsarrasin, celui des crues de 1952. 22 ans après les inondations meurtrières du Tarn, qui firent 120 victimes à Moissac dans la nuit du 3 au 4 mars 1930, c’est la Garonne qui semait la désolation et la mort à Castel.

Dans son édition du mardi 5 février 1952, le correspondant particulier de « La Dépêche » Jean Danton relatait « Le drame de Castelsarrasin » en ces termes : « La situation sur l’ensemble des régions inondées, à Castelsarrasin, reste toujours alarmante. […] Les opérations de sauvetage qui avaient été entreprises dimanche ont continué, hier lundi, avec la même volonté et la même ardeur inlassable. Des sapeurs du 17e génie aéroporté, ainsi que des sapeurs-pompiers et des civils volontaires pour cette mission dangereuse, ont fouillé les maisons restant à évacuer. […] Les canots pneumatiques sont également utilisés et ainsi, au péril de leur vie, les sauveteurs continuent à ramener les sinistrés sur la berge, à hauteur de l’hôpital. Dans la nuit de dimanche à lundi, le remblai supportant la ligne de chemin de fer de Castelsarrasin à Beaumont s’est effondré sous la poussée des eaux. Cet affaissement du terrain rend les opérations de sauvetage encore plus pénibles, en raison du gros apport d’eau entre Caillau et La Mouline. Plusieurs sauveteurs ont passé la nuit de dimanche à lundi dans des embarcations, coincés au milieu du courant. Certains ont pu regagner le rivage dans la matinée de lundi. »

Depuis le clocher de l’église Saint-Sauveur, André Violle, correspondant de La Dépêche, livrait en février 1952 un panorama saisissant de la crue de Garonne. Les quartiers de la Mouline, du Gravil et le Cœur du maire avaient été submergés.Depuis le clocher de l’église Saint-Sauveur, André Violle, correspondant de La Dépêche, livrait en février 1952 un panorama saisissant de la crue de Garonne. Les quartiers de la Mouline, du Gravil et le Cœur du maire avaient été submergés. DDM archives - André Violle

Le sacrifice de deux sauveteurs

Ce lundi 4 février 1952 fut marqué par un drame : la mort de Marceau Faure, héroïque sapeur-pompier castelsarrasinois qui s’était porté au secours des sinistrés dans le quartier du Gravil (lire ci-dessous).

Le même soir, c’est un militaire du 17e génie aéroporté (régiment qui deviendra par la suite le 31e), le sergent-chef Baudon qui avait disparu dans les eaux tumultueuses de la Garonne lors d’une opération de sauvetage.  Son corps fut retrouvé deux jours plus tard à Castelmayran. Ces inondations firent une troisième victime à Castelsarrasin, un octogénaire retrouvé mort dans son lit, à Courbieu.

Les sinistrés se comptent par centaines. Toute la ville basse est dévastée. Le Gravil n’est plus qu’un champ de ruines. « Plusieurs maisons situées dans l’avenue de Gascogne menacent de s’écrouler sous la force des eaux et par mesure de sécurité, le service d’ordre fait évacuer les lieux et empêche la foule de stationner aux abords », écrit Jean Danton. La cantine municipale sert des repas aux sinistrés. Ceux qui se retrouvent sans toit sont hébergés dans un local qui leur est réservé à l’hôpital, route de Toulouse.

Le 6 février 1952, le ministre de l'Intérieur Charles Brune vient présenter ses condoléances à la famille de Marceau Faure.Le 6 février 1952, le ministre de l'Intérieur Charles Brune vient présenter ses condoléances à la famille de Marceau Faure. DDM - archives

Le 6 février, deux membres du gouvernement, Charles Brune, ministre de l’Intérieur et Maurice Bourgès-Maunoury, ministre de l’Armement font le déplacement en Tarn-et-Garonne. Accompagnés du député de la circonscription Jean Baylet, du sénateur Frédéric Cayrou et du maire de Castelsarrasin Adrien Alary, ils rendent visite aux familles sinistrées, à Castelsarrasin et à Lamagistère, autre commune martyre de ces inondations de 1952.

Dimanche, cérémonie d'hommage à Marceau Faure

Un nom reste associé aux inondations de 1952 à Castelsarrasin : Marceau Faure.

C’est en voulant porter secours à une famille isolée dans sa maison qui menaçait de s’effondrer que le sergent Marceau Faure a perdu la vie, le soir du 4 février, après être resté bloqué vingt-quatre heures au milieu des eaux froides du fleuve. Ce sapeur-pompier castelsarrasinois s’était déjà illustré lors de la crue de mars 1930 : des actes de bravoure qui lui avaient valu une décoration.

Marceau Faure, la figure héroïque de ces inondations de février 1952.Marceau Faure, la figure héroïque de ces inondations de février 1952. DDM reproduction

Ce 4 février, il avait pris place sur une embarcation avec des sapeurs du 17e génie et le Dr Delbosc. N’écoutant que son courage, il saute de sa barque pour l’amarrer à un arbre et conduire ainsi les sauveteurs au plus près de l’habitation. Hélas, le courant fait chavirer l’embarcation. L’équipage trouve refuge sur le bâtiment, sauf Marceau Faure contraint de rester agrippé sur l’arbre. Durant une journée et une nuit, il attendra les secours. Après 24 heures au milieu des flots, on lui lance un câble. Transi de froid et de fatigue, ses mains n’auront pas la force de le saisir. « Le Dr Delbosc, qui était en compagnie de Faure sur les flots, a pu être ramené sur la berge. »

En mémoire du sapeur qui a porté à son paroxysme la devise « Sauver ou périr », l’association des Amis de la compagnie Marceau-Faure, dont l’un des objets est de préserver la mémoire historique des sapeurs-pompiers de Castelsarrasin, déposera comme chaque année une gerbe sur la stèle située Chemin du Gal, sur les lieux du drame. La cérémonie se déroulera ce dimanche 6 février, à 11 heures.

Pierre-Jean Pyrda

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie de La Brochure
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 024 065
Publicité