Contre Jeanbon Saint-André

Voici une lettre d’un artiste à un professeur qui permet de vérifier que même en 1915 Jeanbon Saint-André était encore une bête noire. Je suppose vu la signature que la polémique est parisienne. Adolphe Léon Willette, né le 30 juillet 1857 à Châlons-sur-Marne et mort le 4 février 1926 à Paris, est un peintre, illustrateur, affichiste, lithographe et caricaturiste français. La volonté de réduire la Révolution à une question religieuse est bien sûr une erreur historique connue.

J-P Damaggio

(Jeanbon par Marc Dautry) 

Le 15 juillet 1915

                               Monsieur le Professeur,

Veuillez me permettre de vous signaler le tort qu’il y aurait à vouloir réhabiliter la mémoire de Jean Bon Saint-André, pasteur (1) Conventionnel et puis… Préfet ! et puis… baron de l’Empire !

Ce sinistre imbécile, comme ministre de la marine, n’a rien pu faire de bon pour elle que l’émigration et le stupide massacre de Quiberon avaient dépourvu de ses officiers, plus difficiles à créer que ceux de l’armée de terre, et ce ministre aussi féroce que Carrier n’a pas osé sévir contre les grèves monstres des équipages de Brest ! Mais ce scélérat s’est rattrapé en étant le promoteur de ce trop fameux tribunal révolutionnaire qui a compromis et déshonoré la Révolution mais dont la férocité peut nous faire espérer que lorsque nous pénètrerons en Allemagne, nous pourrons malgré les Romain Rolland et consorts être aussi sans pitié, pour les femmes et les enfants des assassins de nos femmes et de nos enfants !

Veuillez agréer, Monsieur l’expression de mes sentiments distingués.

Willette artiste peintre

(1)             La Révolution a été pour beaucoup une revanche de la St Barthélémy et de la Révocation de l’Edit de Nantes