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Vie de La Brochure
2 mars 2022

Emile Moselly écrivain qui passa par Montauban

Photo famille Moselly

Emile Moselly était professeur au lycée Ingres à Montauban en même temps qu’Albert Mathiez. Comme lui il fut sanctionné pour s’être clairement et fortement placé du côté de Dreyfus. Voici un écho d’un de ses livres. J-P Damaggio

Émile Moselly avec son épouse, ses parents et ses deux aînés, François et Germaine

 La Société nouvelle, octobre 1912

Fils de Gueux par Emile Moselly

Emile Moselly nous conduit au pays lorrain qu’il observe si remarquablement. Depuis que sa Terre de Misère lui valut, autrefois, le prix Goncourt, Emile Mosely ne se lasse point d’étudier le pays cher à Maurice Barrès. Il est vrai que la faveur du public, et celle, tout aussi appréciable, des lettrés, l'encouragent à persévérer dans son bel effort.

Fils de Gueux est un roman de mœurs rurales. Il commence à la manière ex abrupto qui fut chère à Henri Becque lorsqu’il composa La Parisienne. Dès le début du récit de Moselly nous voyons le héros principal Blaise Crasmagne courant dans la nuit après sa mère qui veut se jeter à l’eau. La désespérée consent à vivre. Cet enfant de dix ans a besoin d’elle ; oui, elle l’oubliait : que deviendrait-il avec un père ivrogne qui dépense tout ce qu’il possède au cabaret et qui ne travaille jamais ? Ce père, au reste, n’est pas méchant homme. Blaise l’aimait bien et il ne put s’empêcher de pleurer quand Paul-Emile Crasmagne, se rendant justice, quitta la maison.

La mère et l’enfant se débrouillent alors courageusement. Emile Moselly, pour décrire leurs épreuves, peint la vraie vie de campagne, et son récit est plus que vivant et intéressant : il est passionnant. Blaise, doué d’une santé physique et morale très robuste, devient un brave homme. Il fait connaissance avec Louisa, une jeune fille au service des châtelains du pays. Ils se confient leur passé de misère, s’aiment et s’épousent. Mais le pauvre Blaise voit surgir une nouvelle épreuve. Trois mois après son mariage, Louisa accouche d’un enfant que le mari sait ne pas être de lui. La désillusion lui fait quitter la gentillesse et la tendresse de Louisa et il retourne chez sa mère.

Louisa, cependant, ne fut qu’une victime à laquelle avait manqué, ensuite, le courage de refuser le bonheur qui s'offrait. Une nuit, elle vient, suppliante, demander à Blaise d’aller à la ville chercher une potion pour sa petite fille mourante. Elle n’a qu’elle au monde ; elle va mourir ; elle est seule et ne peut la quitter. Blaise, qui n’est pas méchant, consent. Mais la réflexion, en route, le tente. Si l’enfant mourait... L’apitoiement l’emporte dans ce combat intérieur, et ce sera Blaise lui-même qui soignera la petite malade, la guérira, envahi par une passion de pitié et de miséricorde. La pitié lui fait comme sentir qu’il est le père de cette enfant à qui il a rendu la vie. C’est si simple d’oublier, de pardonner et d’aimer... Et leurs jours s'écoulèrent paisibles et le dénouement de cette histoire sera le mot de Louisa : « Comme t’es bon, mon pauvre homme ! »

Ce roman, très dramatique, fournirait quelques actes très vivants et très impressionnants à celui qui se passionnerait à le découper pour le théâtre. Peut-être certains effets apparaîtraient- ils un peu lourds, car, ma foi, il serait impossible de peindre à la scène, avec l’art de Moselly, la vie du pays lorrain, simple et bon.

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