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Vie de La Brochure
2 août 2022

De Galindez à Vallejo

Vallejo en los infiernos

Mon livre de référence s’appelle Galíndez et l’auteur en est Manuel Vázquez Montalbán (MVM). Mario Vargas Llosa (MVL) a tenté de reprendre l’histoire avec La fête au Bouc, en cherchant à faire mieux, mais c’était impossible. L’un est un livre de combat et l’autre un livre de constat. MVL mène ses propres combats mais la littérature lui sert de masque, des masques parfois géniaux (d’où le Prix Nobel et son entrée à l’Académie française) mais des masques cependant. MVM conduit ses combats aussi par le moyen de la littérature. Pas sous l’angle « littérature engagée » mais sous l’angle littérature que j’appelle sous-réaliste.

Son roman Galíndez est construit à partir d’une biographie mais par le roman nous avons un Galindez vivant.

Le roman Vallejo en los infiernos fonctionne exactement pareil avec un résultat aussi génial. Je ne connaissais pas l’auteur Eduardo González Viaña et si le livre a été traduit en anglais et italien nous ne l’aurons pas en version française alors que Vallejo est en partie Français !

Le livre est construit à partir d’une biographie de la vie péruvienne de Vallejo et l’enfer est aussi terrible que celui qu’a connu Galindez même s’il n’est pas de même nature. Sauf que par le roman, nous n’avons pas un constat mais un combat, celui d’un homme destiné à perdre. Parce que le destin existe ? Oui, pour une part.

Le roman est construit autour de l’injuste emprisonnement qu’a connu le poète, de novembre 1920 à mars 1921, moment où il devient encore plus écrivain en se remémorant sa vie antérieure.

L’auteur a pu réussir cet exploit car tout jeune il a connu l’incroyable ami de Vallejo, Antenor Orrego, qui lui a raconté l’histoire et il a pu accéder à des lettres personnelles d’amies de Vallejo.

Il a mis une vie avant d’arriver à écrire le livre paru de manière étrange pour la première fois en 2007 mais sans doute de manière intime car en fait il n’est répertoriée qu’en 2012 avec la traduction anglaise en 2015 et la traduction italienne en 2014.

L’édition que je possède n’a pas de date et a été publiée… par Amazone avec une impression en Italie et le soutien de beaucoup d’universités.

 Né en 1941 Eduardo González Viaña est lui aussi de la région de Trujillo et lui aussi a immigré mais aux USA où il a pu travailler dans diverses universités. Il a beaucoup écrit en particulier pour la défense des immigrés latinos aux USA et comme Vallejo il a tenu chronique dans les journaux et participé à des combats politiques.

Son livre est très fort car il permet d’aller au-delà de l’homme Vallejo pour saisir une époque, un groupe la bohème de Trujillo, et les douleurs d’un pays. La coïncidence avec MVM tient au rôle central qu’a joué leur emprisonnement pour ancrer la poésie en leur vie.

En novembre 1920 Vallejo avait 28 ans (MVM 25 ans pour son entrée en prison), et il était déjà poète puisqu’il avait publié Los Heraldos negros en 1918 et en sortant de prison, avant de quitter le pays (pour éviter un retour en prison et grâce à un acte généreux d’Antenor) Trilce en 1922. Il a publié aussi des nouvelles : Escalas melografiadas (1923) et Fabla salvaje (1923), longue nouvelle qui peut faire office de court roman.

Vallejo a connu les enfers les plus durs et en même temps il a survécu, aidé par des amis les plus fous, y compris le prisonnier de sa cellule.

Après un passage par une cellule mortelle, un ami lui a permis d’accéder à plus de conforts, avec des livres qu’Antenor lui envoya : Rilke et ses lettres à un jeune poète, Baudelaire et ses fleurs du mal, Maeterlink et son intelligence des fleurs, Victor Hugo les Misérables, et un livre de Blasco Ibanez dont je ne me souviens pas du titre. Les Fleurs du mal sont restées cinquante ans sans traduction en Espagne vu la censure religieuse. Côté péruvien les lectures avaient été faites et en particulier le grand Ricardo Palma (1883-1919) qui sous la plume de Vallejo n’est pas celui de l’officialité du pays. Et côté latino le grand Ruben Dario qui avait été assimilé dans ses moindres détails.

Je reviendrai sur ce livre inclassable. J-P Damaggio

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