Italie-France : Dédiaboliser l’extrême-droite ?

Dédiaboliser, ce terme médiatique utilisé pour l’Italie, la France, la Suède ne sert qu’à cacher la réalité. Ceux qui ont fait du FN ou de Fratelli le diable viennent ensuite parler de diaboliser. Sur France Inter Michela Marzano vient de répéter ce qu’elle avait écrit sur Berlusconi : Fratelli c’est le fascisme. Marc Lazar tempère le propos. Il a fallu qu’un lecteur très lié à l’Italie intervienne sur la radio pour en revenir à la réalité : la gauche a perdu ses valeurs et ceux qui ont voté Fratelli, ce sont souvent les classes populaires oubliées par la gauche.

Quand je considère que Fratelli ou le FN ce n’est pas le fascisme, ce n’est pas une position de faiblesse, une acceptation de la diabolisation, mais le contraire : la dénonciation d’une force authentique et non pas fantasmée qui à ce titre est dangereuse pour la société. Le danger, ce ne sont pas les fantômes du passé mais l'invention des forces de demain.

Michella Marzano reconnaît qu’Enrico Letta (mais vu les médias qui sait le nom de l’alternative ?), qu’elle connaît, a fait une campagne erronée et que de plus en plus droite et gauche se ressemblent.

Pour moi le résultat italien n’a rien de différent du résultat français (sauf que le mode de scrutin ne fonctionne pas pareil). Il témoigne de cette mutation planétaire des années 80 avec les trois phénomènes : république islamique, chute de l’URSS et révolution conservatrice. Face à cette mutation, la social-démocratie a cru tenir en brandissant comme argument majeur, la peur du diable. Quant à la gauche radicale elle s’est voilée la face en navigant à vue, et elle continue.

En Italie les opposants au bloc des droites sont majoritaires mais désunis et comme partout, la désunion va continuer de belle manière.

En Espagne il y avait eu un union : Unidad Podemos, union entre Podemos et Izquierda Unida. Cette Union est finie.

Certes en France il y a la NUPES mais cette union est seulement "administrative". Elle est vivante à l'Assemblée mais si peu dans le pays or justement le problème c'est qu'il faut une alliance dans le pays !

En Italie le PD a connu une scission de droite avec Renzi, une scission de gauche avec le groupe Sinistra Verde mais sans résultat.

Les trois partis de droite sont sur des positions très différentes, des histoires très différentes, mais pourtant ils ont présenté un bloc uni car la droite et l’extrême-droite ont su reconstruire une position adaptée au nouveau paysage planétaire. Pas plus que Trump, Giorgia Meloni ne va résoudre les problèmes de l’Italie mais en face vont-ils bénéficier de son échec prévisible ?

En face, toute l’alternative est à reconstruire en plaçant les questions sociétales au second plan par rapport aux questions sociales.

Quand on note le profil sociologique des votants LFI ou des votants PD c’est le même : surtout vote urbain des classes moyennes. LFI avait pu récupérer le vote des classes populaires des banlieues mais ça reste pour moi un vote urbain.

Comme la dernière fois, le chef du PD va démissionner. En 2018 le chef c’était l’aile droite du PD avec Matteo Renzi (un Macron italien) qui a fini par quitter le PD mais son parti est éliminé. Enrico Letta va être remplacé par qui et pour quoi faire ?

Comment tenir compte du résultat du 5 étoiles qui n’est pas négligeable malgré ses propres scissions ?

Pour reconstruire une perspective globale émancipatrice, le travail est immense et pourrait être enthousiasmant si la politique de gauche sortait du cercle étroit de bureaucrates auto-désignés. Mais j’en conviens ce n’est pas pour demain.

Donc, preuve encore que l’Italie n’a rien d’original : la progression spectaculaire de l’abstention dans un pays où le vote était encore une tradition forte. Cette progression importante dans le sud qui lui est plutôt favorable, le 5 étoiles l’explique par la présence de fortes pluies. Ce n’est pas avec de telles analyses qu’on va reconstruire.

J-P Damaggio

Ms commentaires de 2018

Elections de 2018 1

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