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Vie de La Brochure
27 septembre 2022

Vues sur le PD italien

Voici la traduction d’un article du Manifesto, journal le plus à gauche qui présente la nuit de la défaite du PD. Pour ce journal le résultat, c’est une victoire de la droite (en Italie personne parle d’extrême-droite, la Reppublica choisissant victoire du centre-droit). Comme je l'ai indiqué Renzi était le chef très droitier du PD en 2018. A présent Letta jouait la carte du centriste du parti ayant pu renouer le lien avec la gauche d'Article 1. Si Letta avait imaginé la fin du Cinq Etoiles c'est à cause d'une grave scission mais l'ancien chef Di Maio a fait seulement 1%. Bref voici un portrait du PD (Parti démocrate). J-P Damaggio

 

Il Manifesto 26 septembre

A minuit, le cauchemar se matérialise au large du Nazaréen, siège romain du Parti démocrate. Les premières projections clouent le parti en dessous de 20%, le seuil psychologique de survie. La nuit ne fait que commencer mais reste maintenant à savoir si le résultat 2018 de Matteo Renzi sera dépassé ou non, les 18,7%, que Letta avait qualifié à plusieurs reprises de "désastreux". Le secrétaire est enfermé dans sa chambre au troisième étage avec les loyalistes, les grands noms sont tous là, il y a même une chambre dédiée à Roberto Speranza avec tous ceux de l'article 1, qui avaient quitté le Pd renziano en 2017 et maintenant ils sont retour, de Nico Stumpo à Alfredo D'attorre.

DÉJÀ LA SORTIE DU SONDAGE avait été inclémente, les projections font un saut dans l'abîme. Jusqu'à après une heure du matin, dans la grande salle de presse du troisième étage, personne n'est vu, pas même un député. "Nous ne pouvons pas commenter ces sondages de sortie génériques." Et pourtant, les projections confirment la tendance. En effet, ils aggravent la situation : 20 % reste un mirage. Pourtant, personne n'a le courage de monter et de montrer son visage. Jusqu'à ce que la chef du groupe apparaisse dans la salle, Debora Serracchiani, visage très sombre, qui parle d'une "triste soirée pour le pays". "On ne peut manquer d'attribuer la victoire à la droite traînée par Giorgia Meloni", selon la formule utilisée. Et rappelez-vous que la droite "n'est pas majoritaire dans le pays". D'où la "responsabilité" du Parti démocrate en tant que "seconde force politique et première force d'opposition". Serracchiani critique les résultats de la Ligue ("Il y aura aussi une réflexion entre eux") et de Calenda, qui "n'ont pas atteint les objectifs qu'il s'était fixés", puis revient sur la "responsabilité" qu'aura le Parti démocrate « dans le prochain parlement et devant l'Europe dans de nombreux passages qui seront délicats ».

SELON LES ESTIMATIONS de Youtrend, le Parti démocrate comptera une centaine de parlementaires entre la Chambre et le Sénat : 65 à Montecitorio et 33-34 au Palazzo Madama. Beaucoup moins que prévu, parce que les victoires dans les collèges uninominaux sont très peu nombreuses, moins de dix et concentrées entre les régions de Bologne et Florence et dans quelques autres centres métropolitains.

Le résultat est même en deçà des attentes qui circulaient avant la clôture du scrutin au Nazaréen. La défaite était prise en compte mais on espérait dépasser le seuil des 20% et limiter la majorité réunie autour de Giorgia Meloni. Mais non : toute la stratégie mise en place par Letta à partir du 20 juillet, après la chute de Draghi, s'est avérée infructueuse. Fidélité à l'agenda Draghi, rupture avec le M5S, la ligne hyper guerrière sur l'Ukraine, le tournant social écrit dans le programme mais communiqué sans conviction, le choix de polariser l'affrontement à un duo avec Meloni.

POUR LE PD, CE N'EST PAS SEULEMENT la deuxième défaite consécutive en politique, après celle de Renzi en 2018. Cette fois, la survie même d'un projet politique qui n'a jamais voulu choisir entre la gauche et le centre, entre en jeu, et se trompe à vouloir être à la fois un parti de l'establishment et le leader du centre-gauche.

Le congrès est prévu début 2023, il sera probablement anticipé, la démission de Letta est prévisible, mais la défaite accable tout le groupe dirigeant, des ex-renziens à la gauche interne, en passant par la troupe de l'article 1 qui avec Roberto Speranza et Bersani a décidé de revenir sur la liste avec le Parti démocrate après la scission de 2017.

LA NUIT S'AVANCE sur la grande terrasse du Nazaréen pleine d'équipes de télévision attendant en vain qu'un autre cadre commente le résultat. Pour Letta, c'est la nuit la plus sombre, peut-être pire que celle de 2014, lorsque le parti dirigé par Renzi l'a évincé du Palazzo Chigi. Il voulait que tout le monde soit sur scène vendredi sur la triste Piazza del Popolo pour le rassemblement final, des gouverneurs (Emilian Bonaccini pourrait être le candidat au secrétariat) aux ministres en passant par les grands noms de tous les courants internes : une façon de dire que la défaite appartient à chacun, qu'on n'en fera pas le bouc émissaire.

Et pourtant force est de constater qu'un an et demi après son retour de Paris, après avoir remporté deux tours de conseils municipaux, la parabole politique de Letta est à nouveau en descente. Peut-être définitivement fermé. Sa campagne "Choisi", avec le rouge et le noir, a abouti à un résultat sans appel : les Italiens ont choisi Giorgia Meloni qui a au moins six points d'avance sur le Parti démocrate. Maintenant, il faudra comprendre si la démission se fera dans les prochains jours, ou si les anciens du demanderont à Letta l'effort extrême pour diriger le parti jusqu'au congrès, peut-être à la fin de l'année.

Certes, dans les conseils des couloirs du Nazaréen, beaucoup chuchotent que "Enrico a eu tort de nous clouer à l'agenda Draghi". Et il avait bien sûr tort de considérer le M5S comme terminé. Beaucoup d'erreurs, trop nombreuses et rapprochées, qui cette fois risquent de tuer le Parti démocrate.

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