1943 La gendarmerie face à la milice

Présentation de la Milice : Fondée par le gouvernement de Vichy, la milice est associée dans la mémoire collective à la terreur et aux exactions, et demeure le symbole d’un État français policier et collaborationniste. Issue du Service d’ordre légionnaire (SOL), la milice est créée le 30 janvier 1943 et reconnue d’utilité publique. Elle est dirigée par Joseph Darnand, secrétaire général au maintien de l’ordre, sous l’autorité de Pierre Laval, son maître d’œuvre. La milice est assimilable aux groupes paramilitaires fascistes ou nationaux-socialistes pour son organisation et ses méthodes. À sa création, elle s’affiche comme « l’instrument principal du redressement moral, intellectuel et social du pays ». Dans les faits, elle officie comme une troupe de choc, forte d’un effectif de plus de 30 000 exécutants zélés se réclamant d’une idéologie autoritaire et répressive. La Gestapo sait pouvoir compter sur cette force supplétive, véritable manne pour combattre à ses côtés les « ennemis intérieurs » (résistants, Juifs, communistes, francs-maçons).

Et à présent la Milice vue par les rapports que la Gendarmerie du Tarn-et-Garonne adresse au préfet :

 23 mars 43 La milice française vient de voir le jour. Il suffit qu’elle soit l’œuvre du Gouvernement pour que le peuple la rejette et la condamne.

(Un présentation qui n'est pas un encouragement...) 

23 avril 1943 Si la Milice est une police il conviendrait de l’annoncer officiellement et de déterminer sans plus tarder ses droits et ses devoirs. Toute équivoque serait dangereuse et ne pourrait qu’embarrasser la Gendarmerie par la situation fausse dans laquelle elle serait placée vis-à-vis de la Milice. En attendant que la mission de celle-ci soit précisée on peut affirmer qu’à Montauban tout au moins, elle contribue à discréditer un peu plus le Gouvernement du Maréchal dont l’autorité est déjà très discutée.

( Manifestement ce n'est pas l'enthousiasme...)

22 mai 43 Il y a eu un attentat contre M. Leplat René à Villemade responsable de la Milice...

L’on se demande si l’on ne se trouve pas en présence d’un attentat simulé par un garçon original désireux d’attirer sur lui l’attention générale. La population de Villemade qui n’a pour lui aucune estime ne croit pas à la réalité de l’attentat. Il n’en faut pas davantage pour porter un nouveau coup au prestige de la Milice déjà fortement en déclin dans le département.

23 juillet 1943 Le 3 juillet la Gestapo aurait arrêté à Bordeaux M. d’Ayral chef adjoint de la Milice du Tarn-et-Garonne suspecté de gaullisme.

24 décembre 43 Monsieur Descous chef départemental de la Milice a quitté ses fonctions ; il aurait laissé la caisse en déficit de 80000 francs environ. Une dactylographe employée au secrétariat de la Milice aurait tenté de se suicider. La Gendarmerie ne possède aucune précision au surjet de ces affaires, n’ayant pas été appelée à enquêter.

(sans commentaire...)