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Vie de La Brochure
16 janvier 2023

Encore sur la mort de Galeano

« Chaque assassinat révèle l’inexistence de l’humanisme. La société est intéressée par le mort du fait qu’on peut trouver l’assassin et lui imposer une punition «exemplaire». Aussi s’il est impossible de trouver l’assassin, le mort perd tout intérêt, comme l’assassin.» Vazquez Montalban dans Les mers du sud

 

Ce zapatiste qui, pour la première fois, apparaît sans passe-montagne, tourne une page de l’histoire du Chiapas. Et parce que, le propre des zapatistes est d’échapper à l’idéologie dominante – en se fixant leur propre calendrier entre autre chose – il leur fallait trouver un moyen spécifique pour réagir face à l’assassin.

Vazquez Montalban, auteur de polars, y démontre que l’essentiel n’est pas de trouver l’assassin mais d’honorer la victime, même s’il s’agit d’un milliardaire, honorer la victime en tant que conséquence d’une histoire.

Si on tente de développer un humanisme (pas celui de l’humain d’abord) alors il faut essayer d’inverser la dialectique entre l’assassiné et l’assassin, entre le corrupteur et le corrompu, entre …

Remettre le monde sur ses pieds, ça commence par assumer la terre où l’on pose ses pieds. Or cette terre est constituée autant d’illusions que de réalités ! Les illusions que suscite l’humanisme peut inciter à le jeter par la fenêtre et même à théoriser ce rejet. Or toute l’histoire qui n’est rien d’autre que l’histoire de la lutte des classes, c’est la quête de plus d’humanité, donc de moins d’assassinat.

En guise de réalité, l’homme est obligé d’admettre qu’il n’y aurait pas de vie sans la mort, mais ce fait n’oblige personne à ôter la vie à quelqu’un, avant l’heure. Sur nos écrans nous venons de voir des veuves de mineurs tués en Turquie, des veuves qui considèrent que leurs maris ont été assassinés par les pouvoirs en place. L’injustice tient au fait qu’il s’agit d’hommes qui auraient pu faire encore tant de choses.

Frapper les coupables, n’est qu’une conséquence parmi d’autres de cette autre conséquence que sont d’abord les victimes.

Les zapatistes ont décidé que Galeano qui pouvait faire encore tant de choses devait rester parmi eux, et il restera vu que le sous-commandant peut disparaître !

Chaque fois qu’on pointera l’absence de Marcos, on pensera à Galeano !

Le même sous-commandant a honoré la mort de la commandante Ramona mais cette mort était une mort naturelle due à la maladie, elle ne fut pas une victime même si parfois les maladies ont leurs coupables. Elle vit encore dans les mémoires car il faut soigner nos mémoires (d’où l’œuvre de Vazquez Montalban) mais de manière moins forte que Galeano. Dans le texte « entre ombre et lumière » il est question de l’assassin qu’il va falloir trouver et punir (et promesse est faite qu’il sera «démasqué») mais l’essentiel c’est la victime, l’histoire de la victime, une victime qui a été repérée et exécutée en connaissance de cause.

JP Damaggio

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