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Vie de La Brochure
16 novembre 2017

De Buenos Aires à l’Argentine

Avant l’Indépendance, pour Argentine on disait Rio de la Plata, (la plata signifiant l’argent en espagnol) car les premiers explorateurs ont cru que cette immense rivière les conduirait à de l’argent, comme l’Amazone devait conduire à l’El Dorado.

A l’Indépendance, en 1816, optimisme oblige, ce furent d’abord les Provinces Unifiées d’Amérique du Sud puis en 1826 ça devient la République des provinces unies de la Plata. Il faudra attendre 1860 pour aboutir au mot Argentine après des luttes incessantes entre Buenos Aires et le reste de la province. Ci-dessous le texte d’Eduardo Galeano extrait de Mémoire du Feu, publié en 1982 où l’écrivain qui raconte des légendes évoque celle des fondateurs de Buenos Aires. J-P Damaggio

1580

Buenos Aires

Les fondateurs

Il y a de cela près d'un demi-siècle, un capitaine espagnol prenait la mer à Séville et mettait le cap sur ces côtes sans renommée. Il avait investi dans l'expédition toute sa fortune, acquise dans le sac de Rome.

Il fondait ici une ville, un fort entouré de cabanes, après quoi, remontant le fleuve, il s'acharnait à découvrir la sierra de l'argent et le lac mystérieux où dort le soleil.

Onze ans plus tôt, Sébastien Cabot avait cherché les trésors du roi Salomon en remontant le Rio de la Plata, ce Fleuve d'Argent qui n'a que de la boue sur une rive et du sable sur l'autre et qui conduit à d'autres fleuves, lesquels conduisent à la forêt.

La ville fondée par don Pedro de Mendoza eut une brève existence. Tandis que ses soldats, rendus fous par la faim, s'entre-dévoraient, le capitaine lisait Virgile et Érasme et prononçait des phrases destinées à l'immortalité. Peu après, ayant vu s'évanouir son espoir de conquérir un nouveau Pérou, il voulut rentrer en Espagne mais n'y arriva pas vivant. Puis survint Alonso Cabrera qui, au nom du roi, incendia Buenos Aires. Il put, lui, revenir en Espagne. Il y trucida son épouse et finit ses jours dans une maison de fous.

Parti d'Assomption, Juan de Garay arrive maintenant et fait renaître Santa Maria de los Buenos Aires. Une poignée de Paraguayens l'accompagnent, fils de conquistadores, qui ont reçu de leurs mères guaranies le premier lait et la langue indigène dans laquelle ils s'expriment.

L'épée de Garay, plantée dans cette terre, y dessine l'ombre de la croix. Les fondateurs grelottent de froid et de peur. Le vent arrache une musique grinçante aux cimes des arbres et plus loin, dans l'étendue sans limites des campagnes, Indiens et fantômes épient en silence.

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