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Vie de La Brochure
6 mars 2023

L’Italie 2007 - 2011

En cherchant en 2011 des notes du festival d’Avignon 2007 je tombe sur ce souvenir que je reprends ici. Où j'espérais encore qu'une gauche italienne sorte des décombres.....

« Ces notes étant écrites de mémoire je commence par la fin qui va nous conduire en Italie.

Jean-Pierre Vincent vit le spectacle à Milan et décida d’en faire une traduction pour le « In » d’Avignon en 2007. Sur scène, Gilles David joue un vieil Italien, Vittorio Foa. Il n’a pas l’apparence d’un homme de 91 ans car tout le spectacle est dans le texte : décor minimum, pas de musique (ou si peu), pas de costume, juste un acteur disant un texte.

 Vittorio Foa, en 2001, décida de s’interroger sur le silence des communistes. Des spectateurs pensèrent peut-être qu’il fut l’un d’eux or ce n’est pas le cas : il fut membre de l’aile gauche du PS après avoir appartenu au Parti d’Action au lendemain de la Résistance. Mais depuis 1990, Vittorio a rejoint le PDS qui fut le nouveau parti issu du fameux PCI. Il décide de s’adresser à deux communistes historiques pour qu’ils expliquent pourquoi, depuis vingt ans, l’histoire communiste est devenue si silencieuse.

Sa première interlocutrice est Miriam Mafai [1926-2012]. Je n’avais jamais entendu son nom. Jeune étudiante en 1945 elle s’engagea alors dans le PCI qui devint l’essentiel de sa vie. Les questions tournent autour de «la révolution», de l’URSS, de l’Histoire et du temps présent. Elle admet qu’en 1945 la rhétorique communiste sur «la révolution» était une simple rhétorique. Pour elle, concrètement, la révolution c’était un modeste acquis social qui pouvait naître de luttes populaires. J’ai retenu cet échange : Vittorio disant à Miriam, je ne suis pas d’accord avec toi, l’histoire se fait aussi avec des «si». Dans la tradition marxiste le rapport entre déterminisme et engagement n’a jamais été clair. Pour Vittorio il n’y a pas de doute : «on aurait pu faire autrement !». Et si on avait fait autrement l’histoire n’aurait pas été la même. Pour Miriam qui ne s’en explique pas, on suppose que les hommes faisant l’histoire dans des conditions données, ces conditions déterminent un parcours social inévitable. L’engagement consiste alors à pousser les contradictions du capitalisme jusqu’à ce qu’il explose.

 

Avec Alfredo Reichlin [1925-2017], plus connu, considéré un temps comme le playboy du PCI, le débat portera surtout sur le présent avec cette obsession du bel Alfredo : la politique se meurt, en conséquence, si le débat sur le passé est plein d’intérêt, il ne résout pas les questions soulevées par la mondialisation, cette mondialisation que Miriam veut seulement civiliser comme les réformistes d’hier civilisèrent les capitalismes nationaux.

En les écoutant, j’ai repensé aux invités manquants de ce débat à trois, et par exemple Pietro Ingrao, Rossana Rossanda (cité en passant) et toute la frange qui est restée communiste. Comment s’interroger sur «le silence des communistes» en oubliant ceux qui tentent de faire vivre l’idéal en question ? Car ils sont disqualifiés par avance en tant qu’archaïques ? Aujourd’hui une nouvelle force politique semble naître en Italie, à la gauche du nouveau parti de centre gauche car après le PCI, il y a eu le PDS puis la DS puis à présent nous aurions le PD (parti démocrate qui fait penser au mouvement démocrate de Bayrou).

Cette observation n’enlève rien aux mérites de ce spectacle courageux car aborder au théâtre les questions directement politiques c’était de toute façon un pari osé et un pari qui a fonctionné côté public, puisqu’il fallut ajouter des séances supplémentaires.

Pendant le séjour, nous avons croisé l’Italie avec la traditionnelle Commedia dell arte, un spectacle tout en chansons ce qui pouvait faire regretter que la pièce de Jean-Pierre Vincent ne se termine pas par une chanson. Pour cette année nous avons délaissé Dario Fo présent avec trois spectacles. Mais nous avons retrouvé Goldoni avec Barouffe à Chioggia, une histoire qui pouvait faire apparaître les combats sociaux entre les pêcheurs et les négociants mais qui se changea en grosse farce au sujet d’histoires d’amour. Nous retrouverons les acteurs dans une autre pièce, acteurs qui ont eu le mérite de jouer à 12 sur une scène minuscule."

JP Damaggio

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