Paysans : histoire d'une extinction de masse

Voilà une question qui me hante depuis une manif à Montauban où j’avais accompagné mon père en 1962. J’avais onze ans mais j’ai été marqué à jamais.

A ce moment là la FDSEA était encore unitaire mais il était facile, même pour un gamin, de comprendre la différence dans les discours entre ceux qui allaient construire le MODEF et ceux qui allaient continuer à tuer l’agriculture sous prétexte de la sauver.

Je reprends ici un article utile de la revue Socialter. Philippe Vion-Dury qui la dirige est déjà présent sur ce blog. Il suffit de cliquer sur le titre pour y accéder : Paysans : une histoire d’une extinction de masse. Je l’ai repris en pièce jointe pour le cas où il disparaitrait ce qui rendrait mon commentaire incompréhensible. Cet article rate son objectif à vouloir en faire une question franco-française sous le mauvais angle.

Je note :

« L’historienne états-unienne Venus Bibar constate que le basculement vers un « système agricole industrialisé […] n’a nulle part été opéré aussi rapidement et aussi intensément qu’en France ». Selon elle, une mutation sociale et économique aussi brutale« n’a généralement été possible que sous des régimes autoritaires » »

Double contre sens fréquent chez des Etat-uniens qui étudient la France : dans le monde anglo-saxon le système agricole industrialisé date du XIX ème siècle et il a été opéré tout aussi rapidement mais plus tôt, et si en France ce fut beaucoup plus tard c’est grâce aux luttes que les agriculteurs ont déployées pendant des décennies. Ne pas prendre en considération ces luttes c’est ne pas comprendre comment ensuite elles sont détournées avec les années 60… pour un type d’agriculture qui détruit l’agriculture !

Par ailleurs si la France est touchée avec retard parmi les pays industrialisés au même moment le phénomène est mondial en Afrique, et en Amérique latine (pour l’Asie je connais moins).

Je pense surtout à l’Amérique latine où la population paysanne a connu des luttes mémorables à partir des années 60 avec les Paysans sans terre du Brésil par exemple que le passage du pouvoir de Lula n’a pas satisfaits.

La référence à Mendras et Nicolino s’inscrit dans une logique elle aussi erronée. J’ai contesté ce titre « La fin des paysans » en écrivant «Des paysans sont de sortie »que bien sûr je n’ai jamais pu publier mais qui est accessible sur le blog. Quant à Nicolino je le lis régulièrement sur Charlie hebdo après l’avoir lu dans la presse communiste et il me paraît trop péremptoire. Je ne suis pas surpris que les luttes du MODEF soient oubliées mais elles étaient surtout en lien avec l'agriculture du sud-ouest souvent méconnue.

 Par contre je suis totalement d’accord avec ce constat rare :

« Et l’accès à une alimentation à bas coût dégage du pouvoir d’achat pour de nouveaux biens de consommation : meubles en formica, voiture, télévision... »

Les subventions européennes à l’agriculture ne sont rien d’autre qu’un cadeau au monde industriel par les achats des consommateurs mais aussi par le type d’agriculture qui passe par les produits industriels.

Mes parents ont été paysans toute leur vie, sans la moindre subvention européenne et pourtant ils ont bien vécu car simple maraîchers ils avaient une agriculture ordinaire.

J-P Damaggio

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