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Vie de La Brochure
25 avril 2023

Le communiste Giorgio Amendola et son histoire

amendola

Je viens de relire l'IIe où Giorgio Amendola raconte sa vie de communiste de 1930 à 1940 (un film a été réalisé). Dès son adhésion il quitte clandestinement l'Italie pour vivre la vie d'un permanent. Une promotion rapide dans le groupe dirigeant qui n'est pas sans rapport avec l'assassinat de son père par les fascistes et sa fonction d'intellectuel. Il représentera ensuite l'aile droite du PCI avec son ami Pajetta. Je retrouve cet article du Monde en prévision des élections de 1972 déjà évoquées. Observez bien que l'expression "tournanrt démocratique" ne signifie pas union de la gauche en Italie mais union aussi avec une partie de la Démocratie chrétienne plus fréquentable

amendola ile

que son vassal socialiste qui finira dans les pires magouilles ! Ligne politique qui sera toujours en discussion en donc au coeur de l'assassinat d'Aldo Moro. Je reviendrai sur ce point avec le cas de la gauche du PCI Pietro Ingrao qui était entre 1976 et 1979 le président de l'Assemblée nationale... poste qu'avait refusé Giorgio Amendola. Inutile de préciser que Pietro Ingrao n'aura jamais les honneurs des colonnes du Monde.

J-P Damaggio.

 

Pour un tournant démocratique

Giorgio Amendola

LES élections anticipées sont l'expression la plus marquante de la crise qui secoue la société italienne. Cette crise n'est pas seulement économique et politique, elle touche au fond des choses et est parvenue à un point décisif de son développement. Elle est née de la confrontation entre les exigences de renouvellement des structures, à la suite des transformations économiques et sociales survenues dans les vingt-cinq ans de vie de la République italienne, et les résistances obstinées des vieux groupes dominants. Face à l'avance du mouvement démocratique, ces derniers ont une fois de plus révélé leur vocation fasciste, cachée mais toujours présente.

Après s'être libérée du fascisme et de la monarchie, l'Italie s'est, en un quart de siècle, rapidement transformée en un pays industriel et agricole. Le revenu national et la production industrielle ont presque triplé. Mais, de par la façon dont s'est produite cette transformation, la concentration industrielle et la congestion urbaine qui se sont ensuivies, la dépopulation des campagnes et l'état d'arriération du Mezzogiorno qui en a découlé, les grandes contradictions créées par l’histoire n’ont fait que s'aggraver.

Le problème qui résume toutes les contradictions de la société italienne est celui de l'emploi. Loin de croître, le nombre des personnes qui travaillent diminue : de vingt millions à dix-huit millions et demi au cours des dix dernières années. La cause principale de cette augmentation du chômage est l'incapacité du système actuel d’utiliser toutes les ressources nationales pour une expansion productive. L'Italie exporte des capitaux (10 000 milliards de lires environ dans les dix dernières années). Elle « exporte » aussi des émigrés. De ces derniers, elle reçoit 500 milliards de lires par an, fruit de bien des travaux et des souffrances. Il s'agit là d'un actif essentiel dans sa balance des paiements.

Mais cette situation ne peut durer. L'année dernière, trois cent mille jeunes en quête d'un premier travail sont restés chômeurs. Et sur ce nombre, deux cent mille ont des diplômes de l'enseignement secondaire ou supérieur. L'émigration elle-même se heurte à des obstacles croissants dus aux difficultés économiques dans les autres pays de la C.E.E. et à la concurrence d'autres courants migratoires.

En paroles tout au moins, tous les partis de l’« arc constitutionnel » reconnaissent la nécessité de réformes. Mais c'est précisément sur le terrain des réformes que le centre-gauche a fait faillite, dans le divorce entre une aile rénovatrice (socialistes et gauche démocratique) et une aile conservatrice (sociaux-démocrates et droite démocrate-chrétienne). La crise du centre-gauche passe à l'intérieur de la D.C. avec ses contradictions non résolues. Si l'actuel groupe dirigeant de la D. C. s'est déplacé à droite, sous une forte pression des forces réactionnaires à l’intérieur et à l'extérieur, il existe toujours une fraction de ce parti qui veut maintenir l'alliance avec les socialistes, souhaite rester en liaison avec le mouvement syndical, et tient pour essentiel le problème des rapports avec le parti communiste, lequel recueille 27 % des suffrages exprimés et propose un programme organique de renouvellement démocratique du pays.

POUR surmonter la crise de fond de la société italienne, il est nécessaire que le vote du 7 mai dégage une majorité capable de promouvoir un programme de réformes dans le cadre prévu par la Constitution. Une majorité de centre-droit plus ou moins camouflée ouvrirait une période de fortes tensions sociales, suscitant l'opposition irréductible des communistes, des socialistes, du mouvement syndical et d’une partie de la D. C. elle-même. Toute tentative de ramener le pays en arrière se heurterait à la résistance insurmontable de la grande majorité du peuple italien. Exhumer la coalition de centre-gauche ne servirait qu'à prolonger l'état de désordre et de confusion qui se prolonge depuis trop de temps et qui épuise les institutions républicaines.

C'est pourquoi, afin de repousser l'attaque des droites et des fascistes, afin d'amorcer une nouvelle phase d'expansion de la production, grâce à une politique de planification et de réformes, les communistes ont mis l'accent non pas sur une solution de rechange à gauche, mais sur la nécessité de parvenir à un «gouvernement de tournant démocratique». Celui-ci se fonderait sur une nouvelle majorité, composée de l'actuelle opposition de gauche (communistes, socialistes d’unité prolétarienne, indépendants de gauche rassemblés autour du président Parri) et de la fraction de la vieille coalition de centre-gauche qui a compris qu'on ne pouvait pas réaliser une politique rénovatrice sans la contribution des communistes.

L'Italie fait partie de la C.E.E., mais c'est elle qui a subi les plus graves conséquences de la politique communautaire. C'est pourquoi il est de son intérêt de voir une transformation démocratique des institutions communautaires. Il faut que, contre le poids exclusif des gouvernements, de la bureaucratie communautaire et des sociétés multinationales, on sente dans ces institutions la présence et la volonté des forces populaires, des syndicats, des coopératives, de la jeunesse et des forces de gauche, communistes et socialistes, participant sans exclusive à la vie de la Communauté.

Pour que l'Italie ne demeure pas l’homme malade de la C.E.E., pour qu'elle ne voie pas s'aggraver son retard, il est nécessaire de prendre un tournant démocratique permettant l'avènement d'une direction politique nouvelle, capable de mener à bien la construction d'une Italie moderne, économiquement développée, qui sache protéger son indépendance et apporter sa contribution au dépassement des blocs, à la construction d'une unité européenne fondée sur la sécurité et la compréhension.

Le vote du 7 mai pourra faire tomber beaucoup d'objections qui sont encore opposées formellement à l'entrée des communistes dans l’« aire gouvernementale». Une démocratie chrétienne défaite sur sa gauche pourra difficilement éviter une réflexion autocritique susceptible de déboucher sur la formation d'un nouveau groupe dirigeant, ouvert aux exigences rénovatrices.

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