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Vie de La Brochure
2 juillet 2023

Quand Cladel fut en prison

 A traduire la fête votive de Cayrou je suis allé revoir la Fête votive de Saint-Bartholomée Porte-Glaive. Le livre a été écrit autour de 1869 et devait être publié en 1870. La guerre repousse la publication. Puis c'est la Commune. L'éditeur ne veut pas repousser la publication et le livre sort en août 1871. Cladel ne voulait pas y placer une polémique entre lui de Louis Veuillot par crainte de la répression. L'éditeur passe outre et à la réédition Cladel le félicite en notant que finalement il a été victime de la répression, en 1876 (il se trompe de date), bien après avec la publication d'une Nouvelle. Il rappelle ce moment. J-P Damaggio.

Sèvres, le 14 juin 1881.

Nul plus que moi n'aime à reconnaître ses torts; aussi, mon cher Alphonse Lemerre [l'éditeur], volontiers je l'avoue : en Août 1871, Paris, décapitalisé, saccagé, bombardé, fumait encore, et la Terreur Versaillaise y sévissait alors telle qu'un fléau, vous eûtes mille fois raison d'exiger que cet ouvrage parût en votre librairie, avec les documents qui le précèdent, et que, par un scrupule peut-être exagéré, j'en voulais retrancher, en dépit de vos observations très judicieuses. Sans eux, il serait, aujourd'hui, fort incomplet, et je me félicite que, malgré moi, vous les ayez publiés à vos risques et périls. Explique qui pourra le motif pour lequel nous ne fûmes pas recherchés. Un oubli, je le présume, de cette excellente magistrature si courtoise et combien indulgente que ces messieurs nos législateurs considèrent comme sacrée apparemment car ils n'y touchent guère. Il est vrai qu'elle l'a réparé sinon à votre égard, du moins envers moi. C'est seulement en lui attribuant l'intention de me prouver qu'elle se rappelait ma profession de foi, que je parviens à me rendre compte des poursuites exercées en 1877 contre l'auteur d'Une Maudite, brève nouvelle contenant une sorte de plaidoyer en faveur de l'Amnistie, à laquelle il n’était pas permis de faire allusion à cette époque, et de la condamnation pour outrage aux mœurs qui me frappa sous le ministère du tendre ce Dufaure soi-disant libéral et républicain de la veille, en réalité, plat courtisan de tous les despotes couronnés, mitrés ou casqués, ou simplement toqués, que la France a subis depuis un demi siècle environ. Oui, cet étrange et débonnaire démocrate, que Dieu conserve, et pourquoi ? les décrets de la Providence sont vraiment impénétrables ! me fut plus dur que ne me l'avait été l’Empire à qui j'avais pourtant décoché Mon ami le sergent de ville, et bien d'autres Va-nu-pieds. A. Thiers lui-même, ce féroce faux bonhomme, avait déjà laissé passer, sans me punir, ma réponse à Louis Veuillot dans la Fête votive de Saint-Bartholomée Porte-Glaive, que vous réimprimez actuellement, et ni Sa Fatuité le duc de Broglie ni le sieur Buffet ces deux satellites du soleil Mac-Mahon, ne s'étaient avisés de me traiter en communard ainsi qu'en donna l'ordre à son parquet ce paterne ex-garde des…. sots. Ah ! je me souviens encore du procureur, d’origine tudesque Black, Kulmn ou Wolff (ce nom barbare m'échappe), qui me lança sur ma tête, en sixième chambre, ô Delescaux, ton ombre présidait, si toi-même tu n'étais plus là! les terribles foudres judiciaires destinées à m'anéantir. Il se plaignait, cet exquis et zélé robin non seulement de la lascivité «bien connue» de ma prose, mais encore de mes innumérables négligences de style, et cela, dans un jargon tel, Dieu me damne ! que l’on se demande encore à l'heure présente si cet organe officiel de la vindicte publique n'avait pas été récemment naturalisé Français….Ô Welche, ô l'ingrat, se dénationaliser ainsi quand on parle si bien espagnol !

L. CL.

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