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Vie de La Brochure
17 juillet 2023

Œdipe enquête à Avignon

oedipe

Avec 1500 spectacles Avignon permet d’aller en pays connus (comme pour le livre de Sansal) ou en terres inconnues comme cet Œdipe enquête. Bien sûr, l’histoire d’Œdipe est connue : l’homme qui involontairement a assassiné son père et a couché avec sa mère. On le retrouve souvent dans la littérature, le théâtre, le cinéma comme avec Œdipe roi (1967), film de Pier Paolo Pasolini. Ou la pièce Incendies de Wajdi Mouawad. Notons en passant que comme Dario Fo et tant d’autres Mouawad a été absent de ce festival. Ceci étant je ne suis pas friand de ces histoires antiques et le spectacle n’a pas été de nature à changer mon point de vue. Peut-être parce qu’à la fin, l’auteur a voulu passer

IngresOdipusAndSphinx

un message, que l’article ci-dessous ne mentionne même pas ! Jean-François Matignon qui s’était mis dans le public change de position à la fin, après avoir récupéré un projecteur pour éclairer sa vérité : la poésie est du domaine du sacré, la poésie est la capacité d’hommes à dire aux autres hommes le langage des dieux. Je cite de mémoire et donc sans nul doute très mal. C’est comme à un moment avec le détour par la disparition des lucioles et la référence à la beauté du monde : faire parler Œdipe ! René Girard tire de cette histoire d’Œdipe sa théorie centrale sur le bouc émissaire. Un autre usage du mythe.

Je ne regrette pas cette plongé dans ce théâtre intense mais j’ai préféré la rencontre théâtrale avec cet autre inconnu pour moi, Proust. J-P Damaggio

P.S. J'en profite pour caser l’Œdipe d'Ingres

Sur le journal La Terrasse

Au Théâtre Transversal, le metteur en scène Jean-François Matignon déploie toute la noirceur du meurtre de Laïos et du destin d’Œdipe. Une enquête à la théâtralité exacerbée : entre souffles du mythe et bouleversements de l’intime.

« On commence… », dit Jean-François Matignon à un comédien présent sur le plateau dès l’arrivée du public. À côté de l’acteur, un transistor posé au sol donne les nouvelles du jour. Ce soir-là, l’actualité a trait au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le metteur en scène va s’assoir parmi les spectatrices et spectateurs. De sa place, le fondateur de la Compagnie Fraction (basée à Avignon) intervient à divers moments de la représentation. Il éclaire certains aspects de l’histoire d’Œdipe et de la lignée des Labdacides. Le destin du fils caché de Laïos est au cœur de cette proposition en forme d’enquête composée de fragments de textes de Sénèque, Pier Paolo Pasolini, Didier Lamaison (auteur d’une adaptation d’Œdipe roi de Sophocle publiée, en 1994, chez Gallimard). Nous voilà donc partis sur les traces d’un mythe, d’un meurtre, d’un destin. Qui a tué Laïos, l’époux de Jocaste, roi de Thèbes ? Qui est Œdipe, le nouveau monarque de la cité aux sept portes, vainqueur de la sphinge ? Ces questions, c’est le héros lui-même qui se les pose, nous entraînant avec lui dans un maelstrom de doutes, de frayeurs, d’émois, de clameurs…

Un mythe, un meurtre, un destin

Cette plongée dans le mythe est aussi une plongée dans la souffrance intime d’un être qui découvre un jour, avec effroi, qu’il pourrait bien ne pas être celui qu’il pensait être jusque-là. Que le père et la mère qui l’ont élevé ne sont peut-être pas ceux qui lui ont donné naissance. Qu’il pourrait même être parricide et incestueux… Pour insuffler vie et intensité à ce patchwork de considérations existentielles et de questionnements, Jean-François Matignon ne ménage pas ses effets. Il nourrit sa représentation de spasmes et de cris, d’accents tragiques et de déchirements, parfois jusqu’à l’excès. Ce goût pour la démesure génère toutefois davantage de consistance que de superflu. Interprété de façon charnelle et vibrante par David Arribe, Michèle Dorlhac et Thomas Rousselot, Œdipe / Enquête donne vie à une force sépulcrale. Puisant dans toutes sortes de sources, convoquant la pensée fulgurante de Pier Paolo Pasolini, faisant s’élever une cantate de Bach ou des airs de variété italienne, Jean-François Matignon passe par le mythe pour éclairer, non pas vraiment les échos du présent, mais la chair de l’universel. En sondant les complexités de l’être, il fait surgir de son théâtre une beauté brute et âpre.

Manuel Piolat Soleymat

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