1981 j'écris à l'ambassadeur d'URSS

 En Pologne Jaruzelski. est nommé président du Conseil des ministres (chef du gouvernement) le 10 février 1981, puis il devient aussi Premier secrétaire du POUP le 18 octobre 1981 date à laquelle il remplace Stanislaw Kania à la tête de ce parti qu'il dirige depuis seulement le 6 septembre 1980. C'est une actualité que j'ai suivie au jour le jour et j'avais rassemblé 5 cahiers d'articles. Avant de les jeter je retrouve cette lettre amusante que je sauve pour l'histoire. Il n'y a pas de date mais vu le contenu elle a sans nul doute étart réalisé à la fin 1981. J-P Damaggio

Damaggio Jean-Paul

Secrétaire de la section du PCF de Nègrepelisse

A  Monsieur l’Ambassadeur d’URSS à Paris

 Monsieur l’Ambassadeur, je vous écris ces quelques lignes au sujet d’un pays du Pacte de Varsovie dirigé à l’heure actuelle par un conseil militaire.

Je sais qu’à ce jour vous n’avez pas encore choisi l’intervention extrême que nous ne voulons pas mais je sais aussi que vous croyez que la responsabilité de la situation incombe à Solidarité et aux services américains. C’est faire beaucoup d’honneur à ces mêmes services qui n’ont pu empêcher l’arrivée de ministres communistes dans notre pays.

A la vérité monsieur l’Ambassadeur, vous vous refusez à voir que la responsabilité première incombe aux lourdes fautes du passé faites par le POUP et faites sous vos bons conseils.

A la vérité monsieur l’Ambassadeur par vos analyses vous avez refusé de voir combien étaient nécessaires les mesures économiques, sociales et démocratiques qui ont été prises et vous avez donc exercé votre pression pour en finir avec la situation. Tel était le message du 10 septembre qui répondait à juste titre à l’appel aventureux que le Congrès de Solidarité avait lancé en direction des travailleurs des pays de l’Est mais qui en même temps n’essayait pas d’aider POUP à réaliser l’entente nécessaire. Vous-mêmes l’a vouliez-vous cette entente nationale ? Le fait est que le CC suivant changea Kania par Jaruzelski. Je sais qu’il ne faut pas que le pays voisin sorte de votre bloc.

Je comprends mieux pourquoi à deux reprises au moins l’URSS est intervenue (en 74 et en 78) pour essayer de retarder le changement en France.

Si la France évolue dans le bloc atlantique vous ne pouvez empêcher qu’un de vos pays du bloc soviétique n'évolue à son tour.

Et aujourd'hui dans quelle position vous trouvez-vous pour regarder l’avenir ? Avez-vous tiré des conséquences de l’affaire de Pologne ? Certainement mais dans quel sens ? dans le sens d’une libéralisation ou dans le sens d’un renforcement de l’autoritarisme?

Georges Marchais vont disait en 1979 pour le Tchécoslovaquie :

« Nous considérons que le comportement des dirigeants du Parti communiste de Tchécoslovaquie est dramatique. Déjà durant le période de ce que l'on a appelé le culte de la personnalité, le PCT c'est particulièrement distingué dans la répression. Manifestement le PCT n'a pas tiré les leçons de l'histoire et chaque jour nous assistons à de nouvelles arrestations, nouveaux procès, à de nouvelles condamnations injustifiées. C'est la une ce chose intolérable, c’est une caricature de socialisme. »

Bien sûr je le sais… Husak que vous avez mis en place mène sa politique comme il l'entend.

Etes-vous bien certain qu'après la Pologne on n'assistera pas à d'autres révoltes que vous nourrissez per votre incapacité à évoluer ?

Il faut m'excuser monsieur l'ambassadeur mais mon Parti m’a trop habitué à ne pas rester les bras croisés devant les grands évènements mondiaux et par cette lettre j'ai pensé prendre une initiative appropriée. Elle m'est Personnelle mais ma patience ayant des limites (plus larges que la vôtre) il se pourrait que je finisse par œuvrer pour faire grandir la protestation.

Je n’ai pas la naïveté de croire que vous tiendrez compte de mes remarques (vos services auront-ils seulement le temps  de ne lire pressés qu'ils doivent être par les tâches plus urgentes) mais il y a des moments où il faut mettre sa conscience en paix. C'est chose faite.

 Salutations fraternelles