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Vie de La Brochure
13 août 2023

Basile Cassaigneau, un médecin de 1851

Ce texte date sans doute d'avant l'an 2000.

Ce matin là, en arrivant, sur le mur de la mairie, une plaque commémorative me saute aux yeux. Un peu en contrebas l’école où je dois me rendre en ce printemps des débuts du nouveau millénaire. Le soir quatre merveilles peuvent occuper mon esprit en rentrant chez moi en voiture par les routes si agréables de la Lomagne : une aide-maternelle attentive, une cantinière sympathique, des enfants adorables et un nom qui va me hanter un moment, Basile Cassaigneau. En arrivant face à mes archives, je cherche et découvre le livre supposé rassembler les œuvres complètes de ce médecin-poète. Il avait fallu cette coïncidence pour que je me penche sur le cas d’un homme exemplaire. Mis en concurrence avec le renoueur, l'empirique, le rhabilleur, tous les adoubaires il cite, sans le mépris classique des médecins autorisés, ces membres éminents de la «médecine traditionnelle». Il sait cependant qu’il y avait parmi eux autant de charlatans… que parmi les hommes de la science. Dans ses poésies occitanes le médecin raconte la vie et un peu la sienne, son amour pour ses malades bêtes et humains qui lui font si peu confiance, et pour ses trente ans, il est facile de comprendre qu’il va, après le coup d’Etat du 2 décembre, tenter de se faire petit, de se faire oublier des autorités. Pendant les trois ans de république il avait affiché ses opinions en faveur de l’éducation, de la sociale, de la démocratie et de l’avenir.

Et cerise sur le gâteau : quand j’ai demandé au maire du Causé si je pouvais utiliser la salle des fêtes pour présenter Cassaigneau, il a été enthousiasmé et ce fut une soirée mémorable au moins pour moi !

Cassaigneau m’a renvoyé vers François Magendie (1783-1855). A travers l'histoire de cet inventeur de la médecine moderne, il est facile de mesurer comment les années 1800-1850 provoquèrent une rupture considérable dans l'histoire médicale au nom, ai-je envie d'écrire, de la quête à tout prix de la science. Contre Bichat, qui malgré ses talents, continuait de penser que la vie ne pouvait pas se manifester en fonction des lois immuables de la physique et de la chimie, mais seulement sur la base de ses «propriétés vitales », Magendie refuse de tels échafaudages branlants. Il invente les sciences expérimentales comme autour de 1860 des chercheurs vont «inventer» la préhistoire en tant que discipline historique.

Pour Bichat, la médecine soignait jusqu’à un point limite : les « propriétés vitales » qui n’étaient autre que l’impulsion divine habitant chacun de nos corps.

Ces quelques lignes viennent d’un livre de 2001, la dictature à la française, que je vais mettre sur internet. Je ne pensais pas y avoir parlé de la coupure que 1851 a introduit parmi les scientifiques mais avec le cas des médecins le sujet avait été effleuré.

Et je retrouve l’effet de ce boulet permanent qui entrave en permanence la marche de l’humanité, les religieux qui dictent leurs interdits qu’il a fallu braver hier et qui ne seront pas absents demain. J’ai bien dit « les religieux » qui ne sont à la religion que ce qu’est l’opium à la salade. Mais bon, c’est un autre débat.

Après le coup d’Etat, Cassaigneau continua de vivre, d’écrire, d’aimer les malades, condition première de son humanisme, mais en guise de passion il a troqué la démocratie… pour l’étude des papillons.

J-P Damaggio

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