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Vie de La Brochure
12 novembre 2023

Momméja et le grand siège de saint-antonin

le grand siège

Mon retour vers Cayrou m’oblige à un retour vers Momméja à qui j’ai consacré un livre. Je reprends ici l’éloge de Louis Canet qui est d’autant plus émouvant que Momméja meurt peu après l’édition du livre qui de ce fait a eu bien peu d’écho (tiré à 320 exemplaires). Et émouvant car ainsi Momméja terminait sa vie comme il l’avait commencé par Saint-Antonin. Emouvant car on retrouve Momméja tel qu’il était : la recherche historique née de l’observation de la réalité ! Emouvant hommage aussi à l’histoire locale et Louis Canet sur pousser les instituteurs dans ce sens. Merci encore à Momméja. J-P Damaggio

P.S. Je vais recopier le livre vu que je constate qu’il vaut 50 euros !

 

PREFACE

Au soir d'une longue et minutieuse visite des rues, des monuments et des vieilles maisons de Saint-Antonin, Momméja évoquait en son esprit les fantômes des diverses cités qui se sont superposées dans cette ville gracieuse et charmante, depuis le municipe gallo-romain jusqu'au bourg industrieux et prospère des tisseurs et des marchands des XIIIe et XIVe siècles. Mais une chose l'avait surtout frappé, que son âme délicate d'archéologue averti sentait confusément. Pourquoi nombre de superbes demeures, surtout du XIVe siècle, avaient-elles, au-dessus des boutiques, des fenêtres non plus ogivales et géminées, mais à meneaux croisés ? Leur construction n'avait-elle pas été interrompue, puis reprise, sans avoir été achevée ? D'où venaient donc « ces arrêts, ces repentirs, ces reprises », si ce n'est d'une crise formidable subie par la fortune de Saint-Antonin entre le milieu du XVIIIe siècle et celui du XVe ? Or, écrit-il lui même, «le souvenir me revint de certaines quittances militaires scellées par des chevaliers gascons, pendant les guerres anglaises, devant les murs de Saint-Antonin, et je me demandai s'il n'y avait pas de rapports entre les vieux parchemins et les ouvertures aux meneaux en croix qui m'avaient intrigué ». La lecture du beau livre de Laplagne-Barris sur les Sceaux gascons du moyen-âge, où J. Momméja trouva les textes les plus précis, les moins discutables que l'historien puisse consulter, c'est-à-dire des quittances militaires relatant les dépenses de gages des chevaliers, le confirma dans sa première idée : l'archéologie avait laissé deviner ; des documents écrits, irréfutables, démontraient.... Et, dans la joie légitime de celui qui a découvert, il pouvait dire, à son tour: Mon siège est fait ! Le plus long peut-être de la Guerre de Cent Ans dans le Sud-ouest. En réalité, le «siège» restait à faire, je veux dire qu'il fallait le dégager de toutes les incertitudes qui l'environnaient, pour pouvoir prétendre le situer à la place qui lui revient dans la grande guerre franco-anglaise, et dans l'histoire d'une ville qui en compte plusieurs. C'est alors que pièce à pièce, pierre par pierre, s'éleva l'édifice. Dépouillant, avec une science et une patience de bénédictin, toutes les publications des érudits qui ont parlé de Saint Antonin, et principalement de G. Lacoste, Moulenq, Galabert, Latouche pour le Quercy ; Bosc, de Gaujal, Rouquette pour le Rouergue, sans parler d'auteurs secondaires ; suivant de très près l'ouvrage, entre tous magistral, l'Histoire du Languedoc de Dom Vaissette et surtout les savantes annotations (véritables dissertations parfois) de l'éminent médiéviste A. Molinier ; intelligemment secondé par le distingué archiviste de Tarn-et-Garonne, M. Faucher, qui lui a fourni quelques documents de première valeur, J. Momméja est parvenu à écrire avec une exactitude rigoureuse et scientifique l'épisode du Grand Siège de Saint Antonin, de 1352 à 1354. Tour à tour, c'est l'entrée des Anglais dans la ville, qui leur fait un excellent accueil (et nous apprenons pourquoi) ; puis la première partie du siège, étayée sur des dates précises ; les moyens d'attaque et ceux de la défense ; la trêve de 1353 ; la reprise du siège, sa fin, en juin 1354, et, comme épilogue, le pillage de la ville et le geste généreux du roi de France, dans la fameuse lettre de rémission où, avec indulgence et non sans bonhomie, Jean le Bon préfère «pardonner que punir» les bourgeois négligents de Saint-Antonin ..... **

Telle est, réduite à une simple et sèche «table des matières», l'étude de J. Momméja sur le Grand Siège de Saint-Antonin. Je ne veux point céder ici au charme prenant qu'ont toujours pour moi les travaux d’histoire locale, sources vives et pures de notre histoire nationale, auxquelles j'ai puisé moi-même les plus douces joies intellectuelles de ma vie. Je résiste aussi, de mon mieux, à l'ardente et profonde sympathie qui m'unit à mon vénéré ami, sympathie susceptible peut-être, aux yeux de certains, de m'incliner à une indulgente et naturelle bienveillance envers ses travaux. J'oublie même un instant le grand honneur qu'il a bien voulu me faire en me choisissant pour «préfacer» son œuvre. Mais en toute liberté et en toute conscience je ne puis m'empêcher d'écrire : dans son Grand Siége, J. Momméja nous donne une bien belle leçon d'histoire. En effet, sûreté et originalité dans la documentation ; charme toujours soutenu du récit, où alternent, par un choix heureux, les détails pittoresques et les idées générales ; évocation, on devrait dire «résurrection» saisissante des figures des principaux chefs de guerre, tels Jean d'Armagnac, Hugues de Cardaillac, Bertrand de Terride chez les Français, le Captal de Buch et Jeannequin du côté anglais, hommes de sang ou de boue où domine, malgré tout, par son grand cœur et son grand courage, l'humble moine Maistre Jehan de Grand-Selve, apôtre de la paix...; enfin le constant souci de l'exactitude rigoureuse dans tout ce qu'il avance : toutes ces qualités, J. Momméja les possède et sait les mettre en œuvre. Qui me contredira si j'affirme qu'il est assez rare de les rencontrer, toutes, réunies, chez un érudit provincial ? Mais J. Momméja est de la saine et forte race de ces travailleurs qui, dans leur admirable modestie, se penchent avec amour, en silence, sur la terre natale pour lui arracher ses secrets, un par un, et reconstituer son passé, lentement, sûrement, et au prix de quels labeurs ! Son œuvre archéologique et historique, dans l'Agenais comme dans le Quercy, poursuivie sans répit pendant près d'un demi-siècle, sous la forme d'une exploration méthodique et scientifique d'un vaste territoire qui n'avait été jusque-là parcouru que par des amateurs, cette œuvre est, à tous égards, remarquable. Tout en dirigeant — et avec quelle maîtrise et quel goût — le musée d'Agen pendant vingt ans, J. Momméja se livrait avec ferveur aux études d'art romain, chrétien et médiéval. Ses découvertes sensationnelles à Sos le firent connaître de tout le monde savant, et successivement ses nombreuses publications sur les sarcophages, les églises, les monuments, les peintures, etc., lui ouvraient l'accès des Sociétés et des Revues les plus sévères, soit en Archéologie, soit dans les Beaux-arts. Les érudits les plus qualifiés adoptaient peu à peu ses vues et reconnaissaient la justesse de ses théories. Entre temps, se place sa courageuse campagne en faveur d'Ingres, qu'il osa, le premier, tirer du discrédit où il était tombé et dont il publia tour à tour le catalogue des dessins, les cahiers, etc. Mais, parmi toutes ces études si variées, celles qu'il consacra à Saint-Antonin lui sont particulièrement à cœur. Il me l'écrivait un jour : « Saint-Antonin aura tenu une grande place dans toute ma vie. » En effet, son premier travail imprimé fut le récit d'une visite à la grotte de Maillelon et à la Foun de Coujo, dans la vallée de la Bonnette. Il parut dans le Républicain de Tarn-et-Garonne en 1871. La seconde étape est marquée par une œuvre magistrale, la belle étude sur l'Hôtel de ville de Saint-Antonin, ou palais d'Archambaud du Cuzoul, dont les conclusions, si suggestives et si neuves, ont été unanimement approuvées, en France et à l'étranger, par tous les maîtres, et ont passé dans tous les manuels d'histoire de l'art, de l'Apollo, de Salomon Reinach, à la grande œuvre d'André Michel. Aujourd'hui, dans sa studieuse vieillesse, il a 116 tenu, par une étude critique qui dénote, sous une plume toujours alerte, un esprit admirablement dispos et un talent qui ne faiblit pas, à prouver sa fidélité à la chère cité qu'il affectionne comme sa ville natale. C'est le Grand Siège, succédant à d'autres travaux de moindre envergure, mais tous d'un vif intérêt, comme celui, si remarqué, sur les Poteries damasquines de la façade du Palais d'Archambaud. Heureux Saint-Antoninois du Noble-Val ! Soyez fiers de votre pays et de son glorieux passé; mais aussi, et surtout, heureux et fiers d'avoir eu un J. Momméja pour le célébrer. Cet homme au regard si doux, au cœur si bon, à l'esprit si haut, aimez-le comme il vous aime, honorez-le comme il le mérite. L. Canet Inspecteur d'Académie

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