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Vie de La Brochure
13 novembre 2013

Renaud Jean 1924

Profession de foi

Liste du Bloc ouvrier-paysan du Lot et Garonne 1924

 

Citoyens,

L'heure est venue de dresser le bilan du règne du Bloc national. Les élus du 16 novembre vous avaient dit :

Le traité de Versailles, renforcé d'une alliance entre la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, place les générations à venir à l’abri d'une nouvelle guerre. Le traité de Versailles suffit à résoudre le problème financier par les réparations qu'il exige de l’Allemagne vaincue (on prétendait que l’Allemagne paierait jusqu'à 3o milliards chaque année). Le bolchevisme menace la civilisation ; il faut dresser autour de la Révolution russe un réseau de fil de fer barbelé (discours de M. Clemenceau).

Or, voici ce qui s'est passé :

L'alliance avec l’Angleterre et les Etats-Unis n'a jamais été signée. L'entente s'est dissociée. La France reste seule dans un monde indifférent ou hostile. Une politique d'impérialisme criminel (guerre en Syrie, au Maroc) ; la désastreuse opération de la Ruhr qui a plongé le peuple allemand dans une misère atroce et augmente le déficit de notre budget; un militarisme plus insolent que jamais, ont semé partout la méfiance à son égard. Jamais la paix du monde ne fut aussi précaire.

Sous le règne du Bloc national, la dette de la France s'est accrue de 150 à 200 milliards. Pas un centime des sommes versées par l’Allemagne n'est allé à la caisse des réparations. En incorporant au budget ordinaire le budget des dépenses recouvrables, la majorité avoue ne pas compter d'une façon certaine sur les versements futurs. La formule : « l’Allemagne paiera » aboutit à une désastreuse faillite. Les hommes de bon sens comprennent aujourd'hui que le salut public exige la mise en pratique de la seule formule équitable et efficace : tous les riches, dans tous les pays, doivent payer.

Mais les riches gouvernent. Et les pauvres paient.

Les élus du 16 novembre votèrent, en juin 1920, plus de 4 milliards d'impôts nouveaux (impôts sur les salaires, taxe sur le chiffre d'affaires, etc.), pris presque en entier sur les travailleurs et les classes moyennes. Le double décime, l’augmentation des tarifs de transport, la cession des monopoles d’Etat aux requins de « l’Union des Intérêts économiques », l’étranglement des lois sociales, la chute du franc que, pour tromper une fois de plus le corps électoral, le gouvernement a momentanément arrêtée par des emprunts de livres et de dollars qui augmentent encore notre dette extérieure, sont les suites logiques de cette politique fiscale.

Mais ces impôts accrus ne suffisent pas à équilibrer le budget. De l'aveu même de M. Poincaré, la France devra emprunter de 12 à 15 milliards en 1924. C’est la course à la banqueroute.

La Révolution russe a triomphé de tous ses ennemis. Seule, la Révolution ouvrière et paysanne des Soviets de Russie, malgré les tueries causées par la guerre et la contre-révolution, travaille à maintenir la paix et à créer des oeuvres de vie. Et, l’une après l'autre, les grandes puissances capitalistes doivent la reconnaître.

Les faits démontrent donc que les élus du 16 novembre se trompèrent ou vous trompèrent. Leur règne marquera l’une des périodes les plus tristes de notre histoire. Et, suprême impudence, ces hommes à jamais disqualifiés, au moment même où leur mandat expirait, ont voté qu’à l’avenir les députés seraient nommés pour six ans !

 Pour un gouvernement ouvrier-paysan

 La concentration croissante des capitaux entre les mains d’une oligarchie insatiable, une crise financière sans précédent, la journée de huit heures menacée, les salaires réels avilis, une spéculation effrénée sur les logements, sur le blé et, en général, sur tous les produits agricoles et industriels, le poids écrasant des impôts, l’impossibilité de jour en jour plus évidente de la « reconstruction européenne » dans le régime actuel ; un monstrueux renouveau du militarisme et des armements annoncent de formidables catastrophes.

Dans tous les pays, les travailleurs sont acculés à choisir entre la révolution ou l’esclavage.

Seul un gouvernement ouvrier-paysan nous sauvera de la tyrannie de l’argent, de la barbarie de la guerre, des crimes du fascisme et de la réaction. En regroupant les forces ouvrières, il préparera la dictature du prolétariat des villes et des campagnes indispensable à l’écrasement définitif de la moderne aristocratie des millionnaires et des milliardaires.

Le gouvernement ouvrier-paysan ne s'appuiera pas sur des institutions parlementaires, mais sur les organismes de classe du prolétariat : syndicats, conseils d'usines, conseils de paysans, etc., interprètes de la volonté de tous les exploités.

Les puissances d'argent, inquiètes de haine qui monte contre le Bloc national, tentent de vous égarer une fois de plus en constituant des listes dites « de gauche ». Le Parti communiste dénonce cette comédie. Il n'oublie pas qu'en 1919 les partis bourgeois de droite ou de gauche se solidarisèrent dans le mensonge ou dans l'erreur ; il n'oublie pas qu'en Lot-et-Garonne, en particulier, ceux qui prétendent maintenant s'opposer à la liste Leygues, marchaient, en novembre 1919, en accord complet avec MM. Cels, Leygues et Fallières ; il n'oublie pas que les uns et les autres partagent les responsabilités de la politique de guerre et d'après-guerre.

Ni Bloc national, ni Union des gauches, instruments du Capital.

Bloc ouvrier-paysan, instrument de la libération du Travail.

 Le programme du Bloc ouvrier-paysan

 Comme programme du Bloc ouvrier-paysan, le Parti communiste propose :

— Amortissement partiel de la dette publique par la saisie des grandes fortunes.

— Socialisation des banques; des mines, des chemins de fer, des assurances; des transports maritimes et, d'une façon générale, de toute entreprise employant plus de cent ouvriers. Etablissement, dans toutes les industries, du contrôle ouvrier, de la journée de huit heures et du minimum de salaire.

— Assurances sociales à la charge de l'Etat, contre tous les risques afférents à la vie et au travail des ouvriers, paysans, employés, fonctionnaires, et à la maternité, fonction sociale.

— Suppression du régime parlementaire. Substitution d'une démocratie purement ouvrière et paysanne à la fausse démocratie bourgeoise, qui n'est pas autre chose que la dictature des grandes puissances d'argent.

— Egalité politique des sexes.

— Réquisition des locaux d'habitation inoccupés ; taxation des loyers ; construction par les municipalités d'immeubles à loyer bon marché.

— Répression rigoureuse de la spéculation ; contrôle des prix par des commissions syndicales et coopératives ; fixation des cours d'après le prix de revient des produits ; développement de la coopération.

— Suppression de l'armée permanente ; armement des travailleurs pour la conquête et la conservation du pouvoir ; abolition des conseils de guerre et des bagnes militaires.

— Droit des colonies à disposer librement d'elles-mêmes.

— Instruction gratuite, laïque et obligatoire de 6 à 16 ans ; enseignement secondaire et supérieur mis à la disposition de tous, par voie de concours, et sans autres distinctions que celles des facultés naturelles des élèves.

— Amnistie générale aux victimes du capitalisme.

— Expropriation des grands domaines fonciers, survivances de la féodalité ; remise des domaines expropriés aux paysans qui les travaillent ; respect de la petite propriété ; crédit agricole d'Etat pour le perfectionnement de l'outillage et de la technique agricoles ; électrification des campagnes admission du prolétariat agraire au bénéfice de lois sociales.

— Constitution d'une Haute Cour populaire qui aura à juger les responsables de la tuerie mondiale et de sa prolongation et les profiteurs de guerre.

— Annulation du Traité de Versailles, qui n'est qu’une déclaration de guerre permanente ; conclusion de la paix véritable sans annexions, mettant les dettes de guerre et les réparations à la charge des capitalistes de tous les pays.

— Création des Etats-Unis d'Europe.

 Les candidats du Bloc ouvrier-paysan

 Rompant avec les traditions établies, le Parti communiste a recruté l’immense majorité de ses candidats parmi les ouvriers, les paysans et les salariés des diverses professions. Il a voulu ainsi affirmer le droit pour les travailleurs de gouverner le pays.

Ses listes constituent en raccourci l’image de la classe ouvrière et paysanne ; toutes les fractions du monde du travail y sont représentées. Ses listes sont dressées uniquement contre l'aristocratie jouisseuse et oisive et le grand capital exploiteur et tueur d'hommes.

Ouvrier, paysan, travailleur manuel ou intellectuel, voter pour les candidats du Bloc ouvrier-paysan, c'est voter pour toi-même. Tu iras aux urnes porter leur liste entière. Ton travail crée tout. Il doit posséder le pouvoir sans partage.

Vive le gouvernement ouvrier-paysan ! Vive l’Internationale communiste !

 Renaud Jean, député sortant.

A. Borderies, tailleur, conseiller municipal à Agen.

E. Delbos, métayer, conseiller municipal à Lagarrigue.

R. Philippot, postier en disponibilité.

 

Observations Jean-Paul Damaggio :

Entre le modèle de base de la profession de foi communiste et celle du Lot-et-Garonne il est très utile d’observer les différences. Renaud Jean pratique la « pédagogie des faits ». Sa vie durant il met en avant les FAITS plus que les PROJETS. C’est à partir des faits que découlent les projets. De plus il met fac à face le bloc national et l’union des gauches alors qu’officiellement pour accroître le parallèle le texte parle de « bloc national de droite et de bloc nationale de gauche ». Parmi les projets voici la version officielle sur la question agricole d’où Renaud Jean a fait disparaître le mot « coopératives agricoles » :.

« — Expropriation des grands domaines fonciers, survivances de la féodalité ; remise des fermes et métairies expropriés soit aux coopératives agricoles soit aux familles de ceux qui le cultivent précédemment. Les petits propriétaires exploitants eux-mêmes conserveront la propriété perpétuelle de leur bien. Crédit agricole d'Etat pour le perfectionnement de l'outillage et de la technique agricoles ; électrification des campagnes admission du prolétariat agraire au bénéfice de lois sociales. »

 

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