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Vie de La Brochure
21 mars 2015

Superbe film à Larrazet

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Pigüé, Argentine, passé en revue par la caméra d'un Français aidé d'Argentins et de tant d'autres. Pour témoigner. Des paysans à l'entreprise autogéré. Du quartier pauvre à l'école. De la vie d'hier à celle de demain. Et c'est ce dernier point qui était le cœur du film. L'exode rural à Pigüé. Pour que la vie de demain devienne quoi ? L'exode rural de partout ? Oui de partout. Suivant un principe simple : le prix du foncier exclut des paysans qui s'exclut eux-mêmes par l'évolution technique. Pourtant la vie ailleurs ce n'est pas mieux. L'agriculture familiale contre l'agriculture industrielle ? C'est quoi l'une et l'autre ? De l'agriculture le film montre surtout l'élevage.

Puis la vie dans la petite ville (13 000 habitants). Ceux qui résistent en récupérant une entreprise textile. Ceux qui font des kilomètres pour aller travailler.

Anne Marie Granié et Jean-Pascal Fontorbes, les réalisateurs sont là pour répondre aux questions, animer le débat. La salle est pleine, succès total de l'opération avec un public varié qui n'est pas découragé par le sous-titrage.

Petit à petit dans le débat, on oublie le film. C'est dommage. Une question sur l'entreprise autogérée. A elle seule elle méritait un temps de débat vaste mais on ne peut tout suivre (avec le lien les hispanophones peuvent aller voir). L'orientation est de parler de l'agriculture de là-bas et d'ici. Or, et une personne le fera observer un des problèmes de cette agriculture c'est qu'elle n'a pas d'usine de transformation. Problème classique de l'Amérique latine condamnée à fournir des matières premières aux pays développés. Pour le Chili ce sont des minerais. Pour l'Argentine du soja ou de la viande. Tout l'effort est porté vers l'agriculture d'exportation. Je veux dire tout l'effort des capitaux bancaires qui s'investissent dans des activités rapportant peu car ils ne savent plus trop où s'investir.

A côté, dans le film, une association qui aide à semer des légumes. Qui tisse des relations entre gens qui ne se connaissent plus. Cette association originale est oubliée au profit des questions techniques qui viennent de suite quand on parle d'agriculture. Attention dit un paysan : l'agriculture intensive n'est pas forcément la méchante et l'agriculture extensive la bonne quand, en fait, les animaux gardés en plein champ sont à la fin engraissés avec les pires compléments alimentaires. Oui, se méfier des schémas faciles. Une dame pense que l'on peut revenir à l'herbe. Un autre répond qu'en Lomagne après le mois de mai, l'herbe ne pousse plus. Mais elle ne parlait pas de la Lomagne qui n'est pas une terre d'élevage. Le mot de Sivens avait été évoqué. Un paysan ose dire : "Des paysans sont contre Sivens".

Et l'Argentine, si on revenait à l'Argentine ? Personne ne posera la question sur l'image finale : des enfants qui à l'école commencent par la levée du drapeau et le chant de l'hymne national. Tous les matins. Le drapeau du pays et le drapeau de l'Etat. Comme presque partout aux Amériques. Aux USA aussi. Par contre un trait d'humour est fait sur "l'auto-entrepreneur" qu'est le rémouleur qui se promène en vélo avec un drôle d'instrument de musique pour signaler sa présence. C'est ainsi l'Amérique latine, le rémouleur à côté de l'ordinateur, le cireur de chaussures à côté de la carte bancaire.

Des images sur la vie le dimanche. Visite au parc. Petit jeu au foot. Bien sûr le foot.

Le film et le public pour débattre. Des apartés. Et l'aide des pouvoirs publics, là-bas et ici ? Un jeune agriculteur observe que le film est pessimiste quant à l'agriculture familiale en Argentine. Non pas pessimiste où alors il aurait fallu montrer juste une face de la réalité. Au départ on a au contraire une femme qui se bat, qui s'organise mais son mari a été obligé de se faire employer dans une autre ferme pour que la famille puisse continuer à vivre.

Le film n'est pas pessimiste car au contraire il montre partout des gens qui résistent, qui espèrent. Mais la crise est dure, et même très dure. Et on évoque en passant les gens nombreux du Paraguay qui viennent immigrer à Pigüé où pourtant il n'y a rien. Car la crise est encore plus dure ailleurs. L'Argentine fut l'eldorado de l'Amérique latine.

Un coup de chapeau à l'initiative qui prouve en même temps les difficultés pour débattre et le besoin de débattre. L'intercompréhension entre paysans et non paysans aura-t-elle fait des progrès ? A la fin un agriculteur belge installé à Saint Sardos explique son choix de venir en France et fait intervenir le prix de la terre. Un intervenant explique qu'en France par les politiques publiques il y a un prix de le terre agricole et un prix de la terre à bâtir. Une distinction qui permet de garder pour la terre un prix plus bas qu'ailleurs en Europe. Plus loin le jeune agriculteur qui était intervenu fait mine de dire qu'il n'est pas d'accord mais le débat est fini. En fait les paysans n'existent pas en tant qu'unité : il y a ceux qui voudraient que leur terrain devienne terrain à bâtir et le voisin qui voudrait que ce champ reste terre agricole. Quand on sait la différence de prix on comprend pourquoi : l'un est vendeur et l'autre acheteur. Dans les élections municipales ce point est crucial pour l'engagement des uns et des autres car les délimitations sont souvent opaques. Quand il est question de gros sou, les débats deviennent biaisés. Jean-Paul Damaggio

 

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