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Vie de La Brochure
18 mai 2015

L’union ne fait pas la force

L’article de Denis Collin, comment résister ? ouvre de multiples pistes de réflexions en affrontant quelques tabous de la vulgate révolutionnaire. Le comment conduisant au « avec qui ? » je voudrais apporter ces quelques réflexions. (après un premier article : ICI)

 La force fait l’union

Le lieu commun est connu « l’union fait la force » ce qui en espagnol donne la phrase célèbre « el pueblo unido jamas sera vencido ». Comme tout lieu commun il s’appuie sur une évidence : le peuple c’est le nombre, la caste c’est la minorité, donc il suffit que le peuple s’unisse et la caste est balayée. Sauf que le scénario a toujours été très différent !

Pourquoi ça ne marche pas ? La faute au peuple qui ne sait pas s’unir ? De toute façon c’est toujours la faute au peuple ou dans les partis, aux militants qui suivent mal les consignes.

L’histoire démontre en fait que c’est « la force qui fait l’union » car la force, comme un aimant, attire autour d’elle une part considérable des habitants, et pour les autres, la force (la caste) propose les leurres les plus divers ! D’où l’autre slogan : « Diviser pour régner ! »

La caste peut diviser car elle est source d’union !

Ce constat est une part de la critique de la stratégie du programme commun, bras armé de l’union de la gauche, dont Mitterrand avait annoncé par avance qu’elle signait la mort du PCF pourtant le porteur le plus décidé du projet !

Alors est apparu, en particulier au PCF : « l’union est un combat ». Bien sûr, pour arriver au programme commun, que de combats face aux stratégies « troisième voie » du PS ! Mais tout est un combat… et l’analyse n’éclairait rien du tout.

J’ai moi-même défendu cette stratégie tout comme ensuite, au tournant des années 2000 la référence au programme du Conseil national de la Résistance pourtant bien en dessous du texte du programme commun de 1972.

Quand on l’étudie pas à pas, la capacité de la caste à unir autour d’elle, se révèle considérable d’où pour y riposter, la stratégie de l’avant-garde, l’autre pilier cher à la révolution.

 La stratégie de l’avant-garde

Pour que l’union fasse la force, il faudrait d’abord éclairer le peuple et pour ça il faut une avant-garde, c’est-à-dire une force organisée capable de faire l’union autour d’elle (et produisant l’intellectuel collectif). Confirmation que l’union suppose d’abord l’existence d’une force qui peut d’ailleurs se réduire à un homme. Le fascisme est une incroyable source d’union.

Pour l’avant-garde, l’union a marché un temps, tant que la gauche était en mouvement face à une réaction réactionnaire !

L’histoire de la gauche est l’histoire de ce mouvement qui passa des républicains aux radicaux, des radicaux aux socialistes et des socialistes aux communistes. Une tentation est apparue un temps avec un passage des communistes aux « gauchistes ». Mais cette histoire s’est arrêtée avec des communistes devenant socialistes, des socialistes radicaux, et des radicaux des républicains. Ce n’est pas parce que l’histoire de la gauche est finie que l’histoire elle-même est finie (en particulier celle de la droite). A partir du moment où les réactionnaires sont devenus les plus fervents porteurs des réformes, il restait alors à trouver les moyens de remettre la révolution sur ses pieds comme l’a fait Marx, mais cet effort n’ayant pas été fait, l’avant-garde ayant la tête en bas est morte la tête pleine de sang. Je ne fais que constater…

En fait, dans les deux cas (union et avant-garde), il est fait appel à la capacité de chacun à admettre la servitude volontaire. Avec cependant une différence : pour la caste l’appel à la soumission est cohérent avec ses objets, pour l’avant-garde c’est une incohérence. L’avant-garde était là pour émanciper… à condition de ne pas critiquer l’intérêt supérieur du parti ! Soumis à l’intérieur de l’avant-garde, pour être des insoumis dans la société, problème…

Quant à « éclairer », la social-démocratie, par la lutte pour développer le système éducatif, a joué son rôle. Mais là aussi « éclairer » a révélé ses limites. Les enseignants sont devenus la force sociale majeure de la social-démocratie comme les cheminots le furent pour le PCF. Le problème c’est que dans un contexte d’avancée de l’individualisme ces groupes sociaux constituant des forces (la forteresse FEN-Fédération de l’Education Nationale) ont été conduits petit à petit à défendre leurs intérêts propres, plus que les intérêts du peuple.

Il y aurait à dire sur cet individualisme qui joue lui aussi la carte du paradoxe : quand il développe l’individualité il est cette révolution libératrice chère à Mrax, quand il développe l’être asocial il est cette révolution que dénonce Denis Collin : après l’homme consommant la nature pour vivre, exploitant les hommes pour se développer, l’individualiste se consomme lui-même d’où l’autodestruction qui règne au cœur de nos sociétés. Le « Viva la muerte » cher aux fascistes est devenu le « vive la mort » des fous de dieu et des fous du marché.

 La réaction et l’action

Plus que le programme du Conseil national de la Résistance, ce qui fut glorieux ce furent les Résistants eux-mêmes ! Le programme n’est rien d’autre qu’un compromis politique permettant, non par son contenu mais par son existence, une reprise en main dela cr »éativité populaire, par les castes. Or le combat de la Résistance a pu révéler que la frontière n’était pas droite/gauche, croyants/non-croyants etc. Les purges des années 1950, dans tout le monde communiste ne furent rien d’autres que l’élimination des véritables Résistants pour installer aux commandes les nouveaux commis de la République.

Beaucoup de ces Résistants furent des jeunes réfractaires au S.T.O. (service du travail obligatoire) qui trouvèrent un accueil dans les maquis où, souvent, des anciens de la guerre d’Espagne avaient créé les structures adéquates. L’idéal antifasciste existait pour les Espagnols expérimentés, du fait de leur passé, mais l’engagement des jeunes français était plutôt concret. Et à partir de là, ils inventaient l’avenir.

A réagir aujourd’hui, on devient « réactionnaire » dans un consensus impressionnant puisque pour TOUS – avec certes des objectifs différents- l’avenir est au changement.

Critiquer l’Europe, c’est du populisme ; dénoncer les mafias c’est du populisme ; en appeler à plus d’égalité sociale, c’est du populisme etc.

L’inflation dans l’usage du terme « populiste » me rappelle que souvent les révolutionnaires s’auto-désignèrent avec les mots de l’adversaire : c’est vrai pour les Sans-culottes comme pour les Communards, termes visant à mépriser ceux qui se révoltaient. Certains partisans de la Commune tentèrent d’imposer en vain le terme de Communeux. Soyons donc « populistes » et si le terme sert à produire un amalgame avec l’extrême-droite, c’est le problème des castes ; dans les luttes qui existent chacun fait la différence entre l’union derrière un chef, et l’union derrière une revendication. Car en fait, la force c’est dans la capacité à inventer l’union des temps présents, et si, en cela Marx avait raison, elle ne peut être l’union des laissés pour compte (le lumpen-prolétariat), elle est l’union des abandonnés qui comptent. J-P Damaggio

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