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Vie de La Brochure
7 décembre 2016

Guy Catusse défend le Festival d’Occitanie

Catusse 1978

J’avais participé au Festival d’Occitanie pendant l’été 1974 puis j’avais quitté la France. Je découvre seulement à présent cet article de Guy Catusse intervenant sur le sujet. Une intervention assez rare sous la plume de Guy Catusse qui avait plutôt l'habitude d'écrire seulement sur la politique. Et bizarrement juste avant sa mort il étudiait la pièce de Benedetto qui souleva la colère des socialistes montalbanais. JPD

 Les Nouvelles du Tarn-et-Garonne 29 décembre 1974

 Question : La Commission municipale des finances de Montauban vient de se réunir dans le cadre de la préparation du budget 1975 et s'est prononcé sur la subvention au Festival d’Occitanie. Seuls les élus communistes ont voté pour son maintien. Peux-tu rappeler pour nos lecteurs les positions de la Fédération du PCF sur ce problème ?

 GUY CATUSSE : Les lecteurs des Nouvelles de Tarn et Garonne, connaissent déjà, dans ces grands principes les raisons qui ont depuis toujours motivé le soutien des communistes au Festival de Montauban. J'ai eu l'occasion d’exposer ces raisons dans les colonnes de notre journal il y a de cela quelques semaines (1) à la suite de déclarations insidieuses parues dans « Sud Ouest » et dont nous ne nous doutions pas alors qu'elles annonçaient les prises de position futures des élus socialistes de la commission des Finances de Montauban, « Sud-Ouest » nous ayant jusqu'ici plutôt habitués à se faire le porte-parole de M. Bonhomme et de ses amis politiques (A). Rappelons donc brièvement qu’elle est notre position de principe.

La lutte des communistes pour la défense de la culture fait partie intégrante de la lutte plus générale qu'ils mènent pour instaurer dans notre pays une société libérée de l'exploitation capitaliste et de l'abaissement de l’homme qu'engendre ce système économique et social qui ne voit dans le travailleur qu'une machine à fabriquer de la marchandise et donc du profit. Pour nous communistes, libérer les travailleurs cela ne veut pas seulement dire leur donner les moyens matériels d'une vie meilleure ; cela signifie également – et c'est pour nous tout aussi fondamental -  leur donner les moyens culturels d'une vie plus épanouie, plus consciente, donc plus digne et plus responsable.

Or la lutte pour la société de demain se prépare dès maintenant, dans les luttes de chaque jour. Nous ne sommes pas de ceux qui tout en bavardant sur le socialisme d’après-demain, gèrent les affaires à la direction desquelles ils sont aujourd’hui comme le font les hommes de la bourgeoisie. Nous disons par exemple pour en revenir au cas qui nous préoccupe, que tout coup porté à une manifestation culturelle de qualité, comme c’est le cas du Festival de Montauban, est un coup porté à l’élévation du niveau de conscience de ceux qui auront demain à bâtir une société plus libre et plus épanouie. Ce sont les hommes de la réaction – et quelle réaction encore ! – qui ne peuvent pas même supporter l’existence d’une culture de qualité ouvrant à la réflexion sur les problèmes de notre temps.

 Question : Mais précisément certains élus de Montauban prétendent qu’ils veulent supprimer la subvention du Festival d'Occitanie parce que celui-ci est de mauvaise qualité, que par contre ils seraient prêts à voter la subvention si on en changeait le contenu. Que faut-il penser ?

 Guy CATUSSE : Tu soulèves là une question fondamentale : celle de la liberté d'expression et de création. Je voudrais d'abord rappeler la position des communistes sur cette question, telle que la résume G. Marchais dans « Le Défi démocratique » (B) : « Pour nous il n'y a pas d'épanouissement possible de la création sans liberté de la création, pas d'essor de la pensée sans liberté de leur expression et de leur diffusions. Je voudrais rappeler encore que dans un texte qui nous engage tous, Communistes, socialistes et radicaux de gauche, puisqu'il s'agit du Programme Commun, il est dit clairement au chapitre VIII qui traite des problèmes de la vie culturelles : « Les moyens d'invention et d'expérimentation seront accrus,,, La liberté de création et d'expression sera garantie à chacun notamment par l'abolition de toutes les formes de censure et de pré-censures ».

Nous entendons, nous communistes, respecter l'esprit et la lettre du Programme Commun, non pas comme une vague promesse électoraliste semblable à celles que nous n'avons hélas que trop connues dans le passé, mais comme un texte fondamental qui nous engage dès maintenant. Je dis tout net que les pressions faites ici ou là pour contraindre les organisateurs du Festival à censurer telle ou telle manifestation culturelle qui n'a pas la faveur de plaire à certains, est une atteinte intolérable à la liberté d'expression et de création. Parmi toutes les formes de censure que prévoit d'abolir le Programme Commun, la plus détestable parce qu'elle n'ose même pas dire son nom, c'est la censure par l'argent. Le pouvoir giscardien n'agit pas autrement, qui supprime les subventions à tous ceux dont l'action culturelle lui parait remettre en cause les sacro-saintes valeurs de la bourgeoisie.

 Question : Pour terminer, que penses-tu de la qualité du Festival d'Occitanie ?

Guy CATUSSE : Grâce ou travail éclairé fourni par F. Castan depuis des années, nous avons la chance d'avoir dans notre département un authentique festival de création qui participe donc en tant que tel à l'élaboration et à la diffusion de la culture de notre temps. La venue de Benedetto a encore enrichi le Festival d'Occitanie. La presse et la radio nationale ne s'y sont pas trompés qui ont consacré les comptes-rendus les plus élogieux aux manifestations de l'été dernier. Profondément enraciné dans les traditions culturelles de notre région, le Festival d’Occitanie n’est pas un festival passéiste. Il ouvre au contraire sur les interrogations qui sont celles de notre temps et participe ainsi à l’enrichissement de cette culture au présent pour laquelle lutte le Parti Communiste Français. Vouloir en finir avec le Festival de Montauban ce n'est pas seulement porter un mauvais coup à la vie culturelle de notre région, c'est appauvrir d'autant une vie culturelle nationale qui n'a pourtant aucun besoin que des hommes de gauche volent au secours d'une droite conservatrice et obtuse pour qui la culture n'est supportable que quand elle amuse, endort et détourne des problèmes de notre temps. Espérons qu'au moment de voter le budget, un grand nombre de conseillers municipaux socialistes et radicaux rejoignent l'ensemble des élus communistes dans leur vote qui assurera au Festival de Montauban les moyens de vivre et de se développer.

(1) Voir les Nouvelles du 1/12/1974.

2) Depuis que cette interview a été enregistrée nous avons appris le vote défavorable du Conseil Général : ce fait ne modifie pas les propos de Guy Catusse bien entendu.

Notes Jean-Paul Damaggio :

A - Réduire Sud-Ouest au rôle de porte-parole de la droite n'est pas juste mais je ne m'en suis rendu compte qu'en lisant le journal ces dernières années.

B - Il était toujours fondamental de se référer au dirigeant du PCF. 

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