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Vie de La Brochure
31 mai 2023

Guy Catusse par Jean-Pierre Cavaillé

A revisiter la question occitane pour cause d’étude du cas Frédéric Cayrou j’ai voulu aller voir ce que devient le site internet de Jean-Pierre Cavaillé. Il est à l’arrêt depuis deux ans. Je retrouve par ailleurs son hommage à Guy Catusse (plusieurs fpois présent sur ce blog) dont j’avais mis le lien sur l’ancien blog mais qui n’est plus accessible. Je préfère donc le recopier. J-P Damaggio

Le blog de Jean-Pierre Cavaillé : http://taban.canalblog.com/

 

Mis en ligne sur Cairn.info le 28/03/2013

Hommage à Guy Catusse (1940-2012)

Jean-Pierre Cavaillé

Dans Littératures classiques 2012/3 (N° 79), pages 3 à 5

Guy Catusse nous a quitté au cœur du mois d’août dernier. Il laisse tous ceux qui l’ont connu, tous ceux avec lesquels il a entretenu des liens d’amitié et des échanges intellectuels, dans un grand deuil.

Guy n’était pas un chercheur ordinaire. Il n’avait pas en effet un statut d’universitaire patenté et d’ailleurs n’entreprit jamais d’en obtenir un, tout en étant complètement immergé dans le petit monde de la recherche sur le xviie siècle, depuis plus de deux décennies.

Fils de mineur de Carmaux, une fois sa licence de lettres en poche, Guy devint professeur de lettres, nommé à Castelsarrasin puis au lycée Ingres de Montauban, à la fin des années soixante. En 1985 il s’installa à Paris, où il termina sa carrière dans l’éducation nationale en préparant des adultes pour le baccalauréat, un travail dont il était très heureux, ayant le sentiment d’une grande utilité sociale.

Pour comprendre cet état d’esprit, il est très important de souligner que la vie de Guy, tout au long de ses années dans le sud-ouest, fut une vie d’engagement et de militantisme : membre du PCF, en lutte contre la guerre d’Algérie, militant actif au SNES, candidat de son parti à plusieurs reprises dans le Tarn et Garonne. Il exerça un temps la tâche de conseiller régional. Ceux qui voudront plus de détails trouveront dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, le « Maitron », la notice qui le concerne.

À Montauban, il devint l’ami et le collaborateur de l’occitaniste Felix Castan, organisateur des Journées internationales sur le baroque et de bien d’autres manifestations culturelles qui ont joué un rôle très important et trop méconnu dans l’histoire de la ville. Ces journées donnèrent lieu à la publication de douze volumes d’actes, sous la forme de la revue Baroque, dont les premiers numéros, dans les années soixante et au début des années soixante-dix, rassemblèrent les meilleurs spécialistes du baroque à l’échelle internationale. Guy participa d’ailleurs lui-même, à la fin des années quatre-vingt, aux dernières rencontres, dont les actes, qui auraient contenu des textes de sa main, sont restés à ce jour impubliés. Guy travaillait d’ailleurs ces trois dernières années, au sein de notre groupe de recherche (le Grihl), à la publication en ligne de l’intégralité des numéros publiés (actuellement en voie d’achèvement), avec le projet, que nous espérons pouvoir mener à bien, de publier également les années manquantes.

À Paris, sur la base d’un intérêt grandissant pour la culture baroque et, au-delà, pour l’histoire littéraire et sociale du xviie siècle, il participa activement aux séminaires de Christian Jouhaud et d’Alain Viala, puis, dès sa création en 1997, aux activités du Grihl (Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur l’Histoire du Littéraire) à Paris III et à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Dans ce séminaire collectif, animé d’abord par Viala et Jouhaud, auxquels s’agrégèrent par succession de temps de plus jeunes enseignants chercheurs (dont l’auteur de ces lignes), Guy Catusse joua un rôle discret, mais absolument central. Il n’y avait aucun statut à défendre, mais il prenait pleinement part, avec toute sa passion et son intelligence, aux discussions et aux projets du groupe, reconnu par tous comme un pair en même temps qu’un ami. Il y apportait ses questions, sa sérénité, ses compétences, son indépendance de vue, poursuivant ses réflexions sur la notion de baroque et travaillant sur des auteurs du xviie siècle français (en particulier le poète et musicien Charles Dassoucy). Ainsi participait-il à nos journées d’études et, régulièrement, à nos publications collectives (on trouvera une bibliographie succincte ci-dessous), tout en fréquentant assidument les séminaires de recherche que les responsables du groupe délivrent individuellement à l’EHESS.

Il avait rejoint l’équipe de rédaction de Littératures Classiques en 2011, au moment de son installation à Toulouse, offrant lui-même ses services, avec le plus parfait désintéressement, pour effectuer des travaux de relecture, que certains peut-être jugeraient peu gratifiants, mais qu’il trouvait stimulants, dans la découverte de nouveaux auteurs et de nouvelles thématiques. Guy était tout entier là, dans ce désintéressement parfait, sa serviabilité, sa générosité et une curiosité, un désir d’apprendre et de dialoguer inentamé.

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